J'aurai vu 183 films en salles cette année 2015. Quantitativement, ce fut une (assez) grosse année (il faut que je remonte à 2009 pour une année similaire) mais qualitativement, moins. Aucun film ne m'a complètement enthousiasmé comme ce fut le cas, les années précédentes, avec, par exemple, Boyhood en 2014, Like Crazy en 2012 ou Hugo Cabret en 2011. En même temps, c'est normal qu'ils restent rares. Heureusement. Mais cette cuvée 2015 est aussi la plus diverse en termes de pays de provenance des films, rompant fortement avec ma sensibilité traditionnellement portée sur les films américains. Cette année, en plus des films anglo-saxons, mon top comprend un film québécois, un film allemand, un film coréen, un film turque et trois films français !
1. Tu Dors Nicole
Qui a lu mes (quatre!) premiers scénarios sait que le passage à l'âge adulte est mon thème préféré. Si la production française dans son ensemble est bien incapable de le voir (et de le comprendre), la "vingtaine" est un âge passionnant, à mon sens le plus passionnant de la vie. C'est un âge où tout change, un âge en flottement permanent où rien, de l'amour à l'amitié en passant par le boulot, n'est jamais acquis. C'est déjà ce qui avait été très bien montré dans Singles, Reality Bites, Le Lauréat, Frances Ha, Before Sunset, Garden State ou Funny Ha Ha. Désormais, il faudra rajouter à cette liste le merveilleux Tu Dors Nicole. Entre naturalisme et onirisme, le film de Stéphane Lafleur exprime à chaque plan ce flottement, cette incertitude, ce poids indéfinissable qui pèse sur le coeur de Nicole, jeune "vingtenaire" trop mature pour l'adolescence et trop immature pour l'âge adulte. Et le film a la plus belle trouvaille comique de l'année avec le personnage de Martin, jeune garçon qui a mué trop vite.
Qui a lu mes (quatre!) premiers scénarios sait que le passage à l'âge adulte est mon thème préféré. Si la production française dans son ensemble est bien incapable de le voir (et de le comprendre), la "vingtaine" est un âge passionnant, à mon sens le plus passionnant de la vie. C'est un âge où tout change, un âge en flottement permanent où rien, de l'amour à l'amitié en passant par le boulot, n'est jamais acquis. C'est déjà ce qui avait été très bien montré dans Singles, Reality Bites, Le Lauréat, Frances Ha, Before Sunset, Garden State ou Funny Ha Ha. Désormais, il faudra rajouter à cette liste le merveilleux Tu Dors Nicole. Entre naturalisme et onirisme, le film de Stéphane Lafleur exprime à chaque plan ce flottement, cette incertitude, ce poids indéfinissable qui pèse sur le coeur de Nicole, jeune "vingtenaire" trop mature pour l'adolescence et trop immature pour l'âge adulte. Et le film a la plus belle trouvaille comique de l'année avec le personnage de Martin, jeune garçon qui a mué trop vite.
2. This Is Not A Love Story
"La fille avec un cancer" est quasiment devenu un sous-genre du teen-movie grâce à des films comme Now Is Good, Nos Etoiles Contraires et maintenant This Is Not A Love Story. Sauf que ce dernier se distingue énormément de ses deux prédécesseurs (que, par ailleurs, j'aime aussi beaucoup - surtout le premier). Le film n'est pas une romance mais un film sur l'amitié. Et, croyez-moi, ça change tout, du ton aux les thèmes abordés. This Is Not A Love Story est un rare cas de film où l'amitié entre garçon et fille (de la même orientation sexuelle) est traitée sans sous-entendus, ce qui confère au film une fraîcheur totalement inédite. Car le seul film que je connaisse à le faire date de 1989. C'était Say Anything de Cameron Crowe avec la relation de Lloyd et Corey. Bourrés d'inventions visuelles, de punch-lines hilarantes, de personnages magiques (le père testeur de nourritures exotiques, l'apprenti gangsta-rappeur blanc, le prof fan de Pho...) et de tendresse, le film de Alfonso Gomez-Rejon s'inscrit, plus qu'aucun autre, dans la veine de John Hughes (dont il emprunte notamment le sens du burlesque, de la punchline et du naturalisme). Bref, This Is Not A Love Story est un de ces teen-movies qui vous rappellent à quel point l'adolescence est à la fois complètement merdique et totalement géniale. Et la musique de Brian Eno !
"La fille avec un cancer" est quasiment devenu un sous-genre du teen-movie grâce à des films comme Now Is Good, Nos Etoiles Contraires et maintenant This Is Not A Love Story. Sauf que ce dernier se distingue énormément de ses deux prédécesseurs (que, par ailleurs, j'aime aussi beaucoup - surtout le premier). Le film n'est pas une romance mais un film sur l'amitié. Et, croyez-moi, ça change tout, du ton aux les thèmes abordés. This Is Not A Love Story est un rare cas de film où l'amitié entre garçon et fille (de la même orientation sexuelle) est traitée sans sous-entendus, ce qui confère au film une fraîcheur totalement inédite. Car le seul film que je connaisse à le faire date de 1989. C'était Say Anything de Cameron Crowe avec la relation de Lloyd et Corey. Bourrés d'inventions visuelles, de punch-lines hilarantes, de personnages magiques (le père testeur de nourritures exotiques, l'apprenti gangsta-rappeur blanc, le prof fan de Pho...) et de tendresse, le film de Alfonso Gomez-Rejon s'inscrit, plus qu'aucun autre, dans la veine de John Hughes (dont il emprunte notamment le sens du burlesque, de la punchline et du naturalisme). Bref, This Is Not A Love Story est un de ces teen-movies qui vous rappellent à quel point l'adolescence est à la fois complètement merdique et totalement géniale. Et la musique de Brian Eno !
3. Loin de la foule déchaînée
Les films en costumes, ça n'a jamais été trop mon truc. J'ai toujours préféré qu'on me parle de mon temps. Je n'étais donc pas particulièrement impatient de voir cette énième adaptation du roman de Thomas Hardy. C'était oublié l'incroyable modernité d'une oeuvre dont l'héroïne a inspiré jusqu'à Hunger Games. Loin de la foule déchaînée est une romance féministe comme on en voit rarement au cinéma. D'autant que Thomas Vinterberg arrive à trouver le souffle romanesque nécessaire à toute bonne histoire d'amour. Bref, c'est lyrique, envoutant, terriblement flamboyant et donne envie de tomber amoureux.
Les films en costumes, ça n'a jamais été trop mon truc. J'ai toujours préféré qu'on me parle de mon temps. Je n'étais donc pas particulièrement impatient de voir cette énième adaptation du roman de Thomas Hardy. C'était oublié l'incroyable modernité d'une oeuvre dont l'héroïne a inspiré jusqu'à Hunger Games. Loin de la foule déchaînée est une romance féministe comme on en voit rarement au cinéma. D'autant que Thomas Vinterberg arrive à trouver le souffle romanesque nécessaire à toute bonne histoire d'amour. Bref, c'est lyrique, envoutant, terriblement flamboyant et donne envie de tomber amoureux.
Les images étaient belles comme un "Virgin Suicides turque". Les jeunes filles aussi : toute droit sorti d'un film de Sofia Coppola, bercée par l'ennui de l'été. Et puis il y a l'injustice, la vraie. Pas les tourments d'une adolescence entre ennui et coeur brisé. Cette injustice qui vous renverse le coeur, qui vous donne envie de vomir. Souvent, Mustang m'a donné envie de vomir. Toujours Mustang m'a transpercé le coeur. Car s'il y a résignation dans le film de Deniz Gamze Ergüven, il y a aussi beaucoup de rébellion. Une rébellion incarnée par une fille à l'aube de l'adolescence qui, si elle ne le comprend pas comme ça, refuse quand même les conventions d'une société rigide et patriarcale. A travers elle, son regard, j'ai souffert, j'ai pleuré, j'ai eu envie de rentrer dans l'écran pour l'en sortir. Un film qu'on devrait montrer à toutes les petites filles (et garçons).
5. It Follows
J'étais déjà un grand fan du précédent film de David Robert Mitchell, la chronique adolescente inédite The Myth Of The American Sleepover. J'attendais donc beaucoup de It Follows. Changement de style radical avec cette fois un film d'horreur comme on en fait plus, dans la veine du John Carpenter d'antan. Un film d'horreur d'ambiance qui repose sur la terreur sourde, sur l'invisible. Un film d'horreur sans ironie, terriblement anxiogène qui m'a remué longtemps après l'avoir vu. Mais It Follows est aussi (et surtout) un vrai film sur l'adolescence, ses angoisses, ses non-dits. Finalement, un film pas si différent de The Myth Of The American Sleepover.
J'étais déjà un grand fan du précédent film de David Robert Mitchell, la chronique adolescente inédite The Myth Of The American Sleepover. J'attendais donc beaucoup de It Follows. Changement de style radical avec cette fois un film d'horreur comme on en fait plus, dans la veine du John Carpenter d'antan. Un film d'horreur d'ambiance qui repose sur la terreur sourde, sur l'invisible. Un film d'horreur sans ironie, terriblement anxiogène qui m'a remué longtemps après l'avoir vu. Mais It Follows est aussi (et surtout) un vrai film sur l'adolescence, ses angoisses, ses non-dits. Finalement, un film pas si différent de The Myth Of The American Sleepover.
6. Sea Fog - Les Clandestins
Un film coréen ne m'avait pas enthousiasmé à ce point depuis l'âge d'or de sa nouvelle vague, au milieu des années 2000 quand Old Boy, A Bittersweet Life, Memories Of Murder ou Locataires avaient atterris sur les écrans français. C'est d'abord l'extrême sophistication scénaristique qui m'a complètement halluciné. Le film oscille entre film social, mélodrame, thriller et film d'horreur sans jamais qu'aucun genre ne parasite l'autre. Au contraire. Chacun enrichit l'autre. Avec sa mise en scène soignée et ses acteurs de haute voltige, Sea Fog devient une grande leçon de cinéma populaire, un film hyper-divertissant qui n'oublie jamais de livrer son message. Juste brillant.
Un film coréen ne m'avait pas enthousiasmé à ce point depuis l'âge d'or de sa nouvelle vague, au milieu des années 2000 quand Old Boy, A Bittersweet Life, Memories Of Murder ou Locataires avaient atterris sur les écrans français. C'est d'abord l'extrême sophistication scénaristique qui m'a complètement halluciné. Le film oscille entre film social, mélodrame, thriller et film d'horreur sans jamais qu'aucun genre ne parasite l'autre. Au contraire. Chacun enrichit l'autre. Avec sa mise en scène soignée et ses acteurs de haute voltige, Sea Fog devient une grande leçon de cinéma populaire, un film hyper-divertissant qui n'oublie jamais de livrer son message. Juste brillant.
7. Microbe et Gasoil
Michel Gondry n'est jamais aussi à l'aise avec la narration d'un long-métrage que lorsqu'il est bridé dans ses moyens. Dès qu'on lui offre un budget confortable, de Eternal Sunshine Of The Spotless Mind à L'Ecume des Jours, le réalisateur part dans tous les sens, dans des délires qui ne sont pas ceux d'un cinéaste avec une histoire à tenir mais ceux d'un gosse dans un magasin de jouets. Au contraire, comme dans le road-trip en huit-clos The We & The I, Microbe et Gasoil rappelle le talent inné de Gondry pour observer et saisir les détails - en particulier chez les adolescents. Microbe et Gasoil est frais, drôle, bourré de références, tendrement allumé et finalement très mélancolique et émouvant (cette fin !).
Michel Gondry n'est jamais aussi à l'aise avec la narration d'un long-métrage que lorsqu'il est bridé dans ses moyens. Dès qu'on lui offre un budget confortable, de Eternal Sunshine Of The Spotless Mind à L'Ecume des Jours, le réalisateur part dans tous les sens, dans des délires qui ne sont pas ceux d'un cinéaste avec une histoire à tenir mais ceux d'un gosse dans un magasin de jouets. Au contraire, comme dans le road-trip en huit-clos The We & The I, Microbe et Gasoil rappelle le talent inné de Gondry pour observer et saisir les détails - en particulier chez les adolescents. Microbe et Gasoil est frais, drôle, bourré de références, tendrement allumé et finalement très mélancolique et émouvant (cette fin !).
Le film est passé très inaperçu, rapport au contexte tragique de sa sortie. Pourtant, s'il a un rapport très net avec l'actualité, ce n'est qu'une histoire de contexte. Le sujet du film, lui, n'a rien à voir. Les Cowboys est un western contemporain, un quasi-remake de La Prisonnière du Désert. L'idée de ce père et de ce frère partis à la recherche de leur fille et soeur, mystérieusement disparue, est ainsi portée par une ambition scénaristique rarement vue dans le cinéma français. Tout à la fois un drame familial poignant et un film d'aventure, Les Cowboys m'a sincèrement rassuré sur la capacité du cinéma français à produire des choses qui ne rentrent pas dans un moule, qui ont leur propre singularité, leur propre rythme et, surtout, qui réussissent intelligemment à casser les barrières entre auteurisme forcené et film de genre. Pas étonnant, du coup, que ce soit un "premier" film de "vrai" scénariste.
J'ai hésité à mettre Victoria à cette place. Victoria : un film de 2h20 filmé dans un immense plan-séquence, un film bouillant, vibrant, hallucinant de maîtrise qui est resté figé dans mon esprit des mois-durant. J'ai choisi son opposé dans le large spectre offert par le cinéma allemand cette année : Le Labyrinthe du Silence, un film d'un classicisme qu'on pourrait presque qualifier de ronronnant ou de pompeux. Mais, comme Victoria se servait de son incroyable parti-pris pour servir son histoire, Le Labyrinthe du Silence l'utilise aussi de la plus belle des manières. Pour raconter cette époque très méconnue de l'histoire allemande, cette grande amnésie collective de la Shoah, quelques années seulement après les faits, Giulio Ricciarelli préfère filmer l'intime plutôt que le spectaculaire, reste maître de son sujet et transforme son thriller labyrinthique en grand plaidoyer humaniste.
Deuxième film de Alice Winocour dans mon top, après Mustang qu'elle a co-écrit. Je suis allé voir Maryland sans savoir de quoi ça parlait réellement. Juste sur la promesse du casting. Je m'attendais à un drame sur un vétéran d'Afghanistan, à un film auteurisant façon Fémis. Je me suis retrouvé, dans la salle, avec un Man On Fire en huit-clos. Encore une fois une preuve de la vitalité du cinéma français cette année 2015 qui, depuis pas mal d'années, avait arrêté de m'intéresser à force de produits formatés, toujours écrits et mis en scène pareil. Maryland est un film de genre qui comprend ses limites, qui assimile parfaitement ce qui fonctionne dans un film d'action "à l'américaine" en l'adaptant aux moyens du cinéma d'auteur "à la française".
Et dans le désordre, des films qui ont fini à la porte de ce top : Victoria de Sebastian Schipper, Hacker de Michael Mann, Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, Tokyo Fiancée de Stefan Liberski, Mad Max Fury Road de George Miller, Love & Mercy de Bill Pohlad, Ricky & The Flash de Jonathan Demme.
Et dans le désordre, des films qui ont fini à la porte de ce top : Victoria de Sebastian Schipper, Hacker de Michael Mann, Inherent Vice de Paul Thomas Anderson, Tokyo Fiancée de Stefan Liberski, Mad Max Fury Road de George Miller, Love & Mercy de Bill Pohlad, Ricky & The Flash de Jonathan Demme.
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