25 avril 2012

La Playlist Infinie



Question musique, sur ce blog, j'ai un peu (trop) tendance à parler que de vieux trucs. Il suffit de voir mes playlists Spotify : slow des années 80, rock alternatif des années 90, chansons de films des années 80, eurodance des années 90. Je suis un peu en boucle.

Pourtant, une des premières rubriques "récurrentes" de ce blog était consacrée à la nouveauté musicale. Je l'avais intitulée "La Playlist Infinie", en hommage au film du même nom avec Nick & Norah. L'idée était alors de parler de tous ces nouveaux artistes, de ces premiers albums, de faire découvrir des choses qui me semblaient encore peu connues voire pas du tout. Comme si  la musique ne s'arrêtait jamais. Comme si tous ces nouvelles chansons, clips, artistes formaient une playlist sans fin. Pensez-en ce que vous voulez mais je suis assez fier d'avoir été un des tous premiers blogs français à parler des québécois Coeur de Pirate et La Patère Rose. J'ai aussi fait une de mes meilleures audiences avec mes quelques lignes sur Mac Miller, il y a deux ans. La preuve qu'on était pas tant que ça à en parler.

Mais je ne parlais plus vraiment de ces nouveautés. Et c'était bien stupide parce que ça ne reflétait pas du tout ce qui se passait dans mon iPod.

Je suis un junkie de la nouveauté musicale. J'adore découvrir et trouver un nouveau groupe préféré toutes les semaines. Tout ce qu'on me recommande, j'écoute. Tout ce que je vois passé sur des blogs, j'écoute. Tout ce que mes contacts sur Spotify écoutent, j'écoute aussi. Et dans tous les genres - ou presque.

Alors je vais profiter de mon nouvel abonnement premium Spotify (meilleurs 10 euros/mois investis ever ! Je recommande - surtout si vous avez un smartphone) pour poursuivre la Playlist Infinie sous une autre forme. L'idée : faire une vraie playlist... infinie. Sur Spotify, je mettrais ainsi dans une même playlist toutes les chansons récentes que j'aime. Il y aura du rap, de la pop, du rock, des musiques de films, de l'electro, du folk et tout un tas d'autres genres inventés par la presse musicale chaque semaine. Tous les 2-3 jours, je la compléterais et je vous préviendrais via le compte Twitter du blog.

Je pense que c'est la meilleure façon de découvrir de nouveaux trucs à écouter. Vous y trouverez peut-être des choses que vous ne connaissez pas et, qui sait, votre nouveau groupe préféré (pour la semaine). Quant à moi, ça me forcera à garder une trace de tout ce que j'écoute et aime - parce qu'avec l'âge, vous savez, je perds un peu la mémoire. Et je n'ai plus le carnets de notes de mon adolescence...

Pour écouter les 24 premiers titres de la Playlist Infinie (nouvelle formule), c'est ici qu'il faut cliquer...

13 avril 2012

C'était la première fois que je voyais Titanic


Lundi 9 avril 2012. Cela faisait déjà plusieurs semaines que l'excitation montait. Lorsque les bandes annonces passaient au cinéma, je ne pouvais m'empêcher d'avoir ces petits frissons qui traversent le corps dans les grands moments d'impatience. We Bought A Zoo, le nouveau film de mon réalisateur préféré était également prévu pour le mois d'avril et l'excitation était très forte. Mais la sortie de ce film  avait quelque chose de vraiment particulier. Très particulier.

Ce film, c'est Titanic. La raison de mon impatience : je ne l'avais encore jamais vu.

J'ai beau voir 150 à 200 films par an au cinéma depuis dix ans, ce n'a pas toujours été le cas. D'abord, parce que je n'ai pas toujours été parisien. A Orléans, je vous cache pas que voir 150 films par an, c'est pas possible - ou alors il faut aller voir beaucoup de films avec Franck Dubosc. Ensuite, parce qu'en 1997, les cartes illimitées, ça n'existait pas encore. Enfin, parce que la vie fait que vous n'avez pas forcément le temps d'aller si souvent au cinéma. En ce qui concerne Titanic, c'est donc cette dernière raison que je dois blâmer.

Le 7 janvier 1998, quand le film sort au cinéma, je suis en effet en première année de prépa HEC. Passer 3h30 enfermé dans une salle de cinéma quand on tente tant bien que mal de s'organiser pour réviser ses concours blancs du samedi matin et ses colles de maths et de philo du mercredi après-midi, du lundi, mardi, jeudi et vendredi soir, c'est pas jouable. C'est possible évidemment mais c'est pas sérieux. A moins d'accepter de culpabiliser pour les quelques semaines à venir. Peu importe le phénomène. Peu importe les 20 millions d'entrées. (A vrai dire, ils auraient même eu tendance à me refroidir)

Puis les années passèrent. J'ai acheté la VHS histoire de me rattraper mais non. Pas l'envie, pas le temps. Et une sorte de fierté s'installa. "Je n'avais jamais vu Titanic". Je vous assure que ces 15 dernières années, j'en ai pas rencontré beaucoup de frères et soeurs restés "dans le noir et l'ignorance" . Bref, on se rend original comme on peut.

Mais avec la ressortie en 3D numérique de ce mercredi 4 avril 2012, cela ne pouvait plus durer. Je n'avais plus d'excuses. Je pouvais (me devais de) découvrir le film le plus vu de ce demi-siècle dans des conditions optimales. Image nettoyée et éclatante de beauté. Grand écran. Troisième rang de la magnifique salle 1 de l'UGC Ciné Cité Les Halles. Et la 3D en bonus immersif.

En me rendant au cinéma, l'excitation était énorme. Avec ma consommation parfois psychotique de films au cinéma, ce genre d'excitation a pourtant presque disparue. Même pour voir We Bought A Zoo, mon coeur ne battait pas aussi fort qu'en ce lundi 9 avril avant de rentrer dans la salle. Je pense que la dernière fois où j'avais ressenti cela, c'était ce dimanche 23 décembre 2001 où j'avais sacrifié une grasse matinée dominicale pour me lever à 8h du matin et aller voir Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l'Anneau. Cette sensation est incomparable.

J'attendais beaucoup de cette séance parce que, quelque part, je me sentais un peu privilégié. J'étais vierge et j'allais être dépucelé. Tout le monde était déjà passé par là, quinze ans plus tôt. Pas moi. J'allais découvrir, pour la première fois et dans des conditions exceptionnelles, un film qui avait fait monter au rideau beaucoup, beaucoup de gens. Et peut-être que moi aussi, j'allais connaître cela.

Pourtant, j'étais très nerveux. Une des choses qui m'avait découragé de le regarder à la télé, en VHS ou DVD, c'était en effet ce phénomène culturel, cette impression d'avoir déjà vu le film cent fois. Et les parodies ! Quand un film marque à ce point les esprits des gens, il est inévitablement parodié, moqué, décortiqué au fil des années. Parfois, les films ne s'en remettent jamais. Ils ne ne peuvent plus être regardé sérieusement. Et dans le genre, Titanic semblait atteindre des sommets. Est-ce que j'allais exploser de rire devant le fameux "I'm the king of the world" ? Et le "I'm flying" ? Il ne faut pas oublier non plus que James Cameron a montré avec Avatar à quel point il était complètement neuneu quand il s'agissait de filmer des scènes d'amour. Le rire nerveux - ou pire, l'indifférence - étaient donc de sérieuses possibilités mais je n'en avais pas envie. Vraiment pas envie.

Je voulais être abasourdi. Je voulais les frissons, l'émotion. Je voulais sentir mon coeur battre. Je voulais surtout sentir l'humidité au coin de mes yeux. Des milliards de gens à travers le monde les avaient eu avant moi. Je les voulais aussi.

Et je les ai eu.

Je ne vais au cinéma que pour ce genre de sensations - rares. Quand votre corps se rempli d'une chaleur qui fait battre votre coeur pour immédiatement se transformer en froid glacial qui vous donne frissons et larmes au coin des yeux. Ces moments-là, ils se sont succédés à intervalle presque réguliers le temps de ces fabuleuses 3h15. Et vous savez quoi ? Un de ces moments était la scène du premier baiser, après le fameux "I'm flying".

Quand, tout autour de moi, je pouvais entendre glousser les dizaines de jeunes femmes trentenaires représentant cet après-midi-là environ 70% des spectateurs, moi, je frissonnais d'une émotion toute adolescente. Ce baiser, je l'ai vu et revu des centaines de fois dans des documentaires, parodies, extraits, clips, émissions, rétrospectives, mais là, sur l'écran de la salle 1 de l'UGC Ciné Cité Les Halles, je le voyais vraiment pour la première fois. J'avais 15 ans. Je me suis rappelé de mon premier amour, de ce que ça fait d'être amoureux inconditionnellement.

Puis j'ai pleuré - un peu - quand Rose dit, à la fin : "I don't even have a picture of him. He exists now... only in my memory." L'amour éternel, unique, celui qui dure une vie entière. C'est la seule chose qui me fasse, à coup sûr, pleurer au cinéma. C'est tout le temps la même chose : Love Story, The Notebook, Atonement ou cette fameuse dernière scène de We Bought A Zoo (J'en parlerais sûrement plus tard tant elle est wow...)

Je ne pensais vraiment pas que le film me ferait cet effet. Mais il me l'a fait. J'y pense encore. Peut-être ferais-je comme toutes ces adolescentes qui sont retournées le voir cinq, six, sept, huit fois en 1998. Peut-être. J'en ai vraiment très envie.

10 avril 2012

Madonna : Desperate Popstar


Clubbeuse entre 1983 et 1985. Marilyn peroxydée entre 1986 et 1988. Madonne italo-catho entre 1989 et 1990. Prêtresse sado-maso entre 1991 et 1993. Egérie vintage entre 1994 et 1996. Gitane émo en 1998. Cowgirl en 2000. Anti-militariste en 2003. Disco Queen entre 2005 et 2006.

Madonna n'a cessé de renouveler son look, son esthétique, de se réinventer au fil des années et des albums. C'est comme ça qu'elle s'est toujours maintenue au top malgré les jeunettes frappant à la porte. Ces réinventions personnelles, elles sont passées par des stylistes, des directeurs artistiques mais aussi, et surtout, par des producteurs qui ont façonné le son de la Madonne. Nile Rodgers pour le clubbing new-yorkais de "Like A Virgin". Shep Pettibone pour le sado-masochisme de "Erotica". Dallas Austin et Babyface pour le vintage de "Bedtime Stories". William Orbit pour l'émo de "Ray of Light". Mirwais pour "Music" et "American Life". Stuart Price pour le disco de "Confessions On The Dancefloor".

Dans sa jeunesse, elle se contentait d'aller chercher des producteurs pop déjà très en vogue (Nile Rodgers, Shep Pettibone, Dallas Austin). C'était largement suffisant pour assurer les ventes à la tonne. Mais la quarantaine franchie, à la fin des années 90, et après une période d'absence de 4 ans sans album original, la Madonne a eu l'intelligence de devenir musicalement un peu plus "edgy". Quand vous avez toute une flopée de starlettes qui se poussent au portillon pour prendre votre place, vous avez intérêt à bien montrer que vous n'êtes pas une diva vieillissante qui se contente de payer le plus gros producteur actuel à coup de millions de dollars (Mariah Carey, I look at you) mais aussi une artiste exigeante qui sait dénicher les "vrais" talents pour la sublimer elle et la pop-music.

C'est donc ce qu'elle a fait pour son retour en 1998 en dénichant William Orbit, jusque là connu essentiellement comme musicien ambient et son travail de réorchestration electronique de morceaux de musiques classiques. Et ce fut banco ! 20 millions d'albums vendus dans le monde pour "Ray Of Light". Elle n'avait pas connu tel succès depuis "True Blue" en 1986. En 2000, ce fut au tour de Mirwais, producteur français ancien membre du groupe new-wave "Taxi Girl", pour les albums "Music" et "American Life", puis, en 2005, à celui de Stuart Price, producteur multi-facettes et alors peu connu du grand public (Zoot Woman, Les Rythmes Digitales...), qui boucla "Confessions On The Dancefloor".

Et en 2008, patatra, elle fait appel aux Neptunes et à Timbaland pour façonner "Hard Candy". Retour à la case "je prends les plus gros (et chers) producteurs du moment" au lieu de petits nouveaux. Sauf que les plus gros producteurs du moment, ils ont enchaîné, avant elle, la production des albums de Justin Timberlake, Missy Elliot, Snoop Dogg, Nelly Furtado et des dizaines d'autres artistes qui ont trusté les charts mondiaux pendant plus de 10 ans. L'inspiration n'est plus vraiment là, Madge prend les restes et l'album, artistiquement et commercialement, se plante - en beauté.

Pourtant, la leçon n'a pas l'air d'avoir été retenue. Sur son dernier album en date, MDNA, on trouve le rescapé des années 90 Benny Benassi, son ancien comparse Orbit et le nabot français Martin Solveig. J'ai eu beau cherché l'originalité, je l'ai à peine trouvé - dans certains titres de William Orbit peut-être (Gang Bang, Masterpiece, Love Spent). Mais on est loin de "Ray Of Light" ou de "Music" quand Madge imposait le son pop du moment. Là, elle est à la traîne. La seule chose qu'on ressent, en écoutant l'album, c'est un mélange de "j'aurais pas déjà entendu ça quelque part" et "je réécouterais bien le dernier Lady Gaga". On sent que Madge aimerait bouffer la viande tendre et douce des jeunettes mais, il faut qu'elle se fasse une raison, elle n'a que ses doigts à mordre.

Madge choisit ses amants tout frais. Pourquoi pas ses producteurs ? En même temps, Madge n'est plus de première fraîcheur elle-même. Bouffer de la viande pleine de nerf, personne n'aime vraiment ça. Alors au lieu de s'injecter je-ne-sais-quel-produit dans les veines, pourquoi ne pas continuer d'aller chercher la jeunesse et la modernité chez les autres - comme elle l'a fait si bien il y a 15 ans.

Je me suis donc demandé : en 2012, quel producteur aurait été capable de livrer à Madge un album plus "edgy", plus innovant et surtout moins ennuyeux que ce MDNA un peu très paresseux, tout en restant, évidemment, commercialement viable - comme avaient réussi à le faire Stuart Price, Mirwais et Wiliam Orbit ?

Le premier auquel j'ai pensé, c'est Sebastian. Le producteur français est souvent à la frontière de l'expérimental avec des beats très nerveux mais il sait aussi s'aventurer dans les morceaux plus pop, plus accessibles. Avec Sebastian, on est en effet vraiment proche du Mirwais de la fin des années 90 qui avait séduit Madonna avec son "Disco Science". Quand j'entends par exemple des morceaux comme "Embody" ou "Love In Motion", je me me dis qu'il y a là le terreau idéal à un album pop moderne, innovant et pas suiveur. Et quand j'entends la BO de "Notre Jour Viendra", je me dis que le garçon est capable aussi d'injecter de l'émotion pure dans sa musique (comme Orbit) et c'est toujours une très bonne chose, l'émotion, dans un album pop - surtout chez Madonna dont les morceaux les plus intemporels sont souvent les ballades et les mid-tempo.

Qui d'autre ? Il y aurait bien aussi les remixeurs Starsmith ou The Magician qui arrivent souvent à transcender des morceaux d'origine déjà très bons - tout en produisant des tubes pour eux-mêmes. Voir le remix de "I Follow Rivers" de Lykke Li par le belge The Magician ou celui de "Hot & Fun" de NERD & Nelly Furtado par l'anglais Starsmith. Le son est plus classique, plus dans l'air du temps mais, dans le registre dance-pop, c'est quand même vachement plus original que Martin Solveig.

Et bien sûr, il y a Skrillex. Dans un récent épisode promo, Madge avait tweeté beaucoup écouter le héros des kids aimant se défoncer le cerveau sur des beats dégénérés. Pour l'instant, ses morceaux accessibles  à l'oreille du commun des mortels restent vraiment limités ("Summit" avec Ellie Goulding) mais il est indéniable que le son de Skrillex est un peu partout aujourd'hui. Il est difficile à supporter sur la durée d'un album mais cette énergie ! Autant je peux avoir du mal à comprendre certains engouement de la jeunesse mondiale, autant celui-là, je le comprends et j'aurais presque même envie de l'embrasser. Si j'avais 15 ans, Skrillex serait sûrement un de mes héros. Je suis donc assez persuadé que le DJ/producteur est capable "d'assainir" un peu sa musique, de la rendre plus pop pour aller produire des artistes comme Madonna.

Personnellement, c'est vraiment quelque chose que j'aimerais écouter. On accuserait sûrement Madge de faire du "jeun's" à tout prix. Mais que fait-elle en allant chercher Martin Solveig ? Quitte à faire du "jeun's", autant le faire avec panache. On parle de Madonna ici. Qu'est-ce qu'elle a à perdre ? Elle a 54 balais; elle a vendu 200 millions d'albums; elle a une des plus grosses bases de fans du monde. Quel est l'intérêt de faire un disque euro-dance avec Martin Solveig et Benny Benassi ? Quand on est une starlette avec les dents qui rayent le plancher, je veux bien comprendre que le risque ne fasse pas vraiment partie du business plan. Mais Madge a largement passé le stade de la starlette.

Ce qu'elle refuse clairement d'admettre (je crois qu'on est à peu près tous d'accord là-dessus).

Alors justement... S'il s'agit - encore et toujours - de concurrencer Lady Gaga (et les autres) sur leur propre terrain, pourquoi faire tout comme elle mais en moins bien. Car Lady Gaga a beau être "edgy" dans ses looks, ses clips et ses attitudes, elle a la musique la plus consensuelle du monde, celle concoctée par RedOne, le plus putassier des producteurs multimillionnaires. Madonna ne peut plus faire grand chose sur la jeunesse : même Photoshop n'y arrive plus vraiment. Elle ne peut plus faire grand chose sur les looks : la Gaga a mis la barre beaucoup trop haut. Elle ne peut plus faire grand chose sur la provoc' : de la race au sexe en passant par la politique, elle a déjà tout fait et inventé.

Alors pourquoi ne pas aller chercher ses rivales sur le seul terrain qui reste, qui plus est le plus intéressant terrain qui soit ? Celui de la musique...



04 avril 2012

Made in 90's : Alternative Rock N' Roll


La première fois que je suis allé aux Etats-Unis, c'était à l'été 1994. La famille dans laquelle j'habitais était une famille blanche de classe moyenne élevée. Elle vivait dans une très grande maison dans la banlieue de Washington DC. Une grande maison avec un panier de basket au-dessus du garage, une terrasse sur-élevée avec un barbecue, un grand jardin non grillagé à la pelouse immaculée, plein d'arbres centenaires, une grande télé dans le salon et un sous-sol où le fils adolescent de la famille entreposait les guitares, basses et batteries de son groupe de rock.

A l'époque, musicalement, j'écoutais beaucoup de rap mais je venais de vivre une des pires années de ma vie (racontée ici). Musicalement, ma mélancolie avait alors trouvée refuge dans le rock grunge et alternatif. La passion de mon hôte et de ses amis pour des groupes comme Nirvana, Smashing Pumpkins, Alice In Chains ou Soundgarden n'avait donc rien de choquant pour moi. Au contraire, j'étais vraiment fasciné. Pour cette première expérience américaine, j'étais bien tombé. J'avais vraiment l'impression d'être dans un teen-movie.

Cette sensation, je l'ai jamais oublié. Depuis cette époque, le fantasme de la scène rock alternative américaine de la première moitié des années 90 ne m'a jamais quitté. Les chemises en flannelle. Les jeans troués et cheveux sales. La fraicheur d'une scène rock qui s'était hissée des salles de concert humides de Seattle aux tops des charts parce que, soudainement, toute la jeunesse (blanche), la fameuse génération X, s'est retrouvée dans des textes et des sons.

Cet été 1994, quand je passais quelques heures devant MTV, j'y voyais les Beastie Boys, Nirvana, Blind Melon, Smashing Pumpkins, Beck et Soundgarden. On était loin de Jersey Shore et The Hills. Il n'y avait alors pas grandes différences entre la programmation du grand network télévisé et les radios étudiantes, par tradition férocement indépendantes et dénicheurs de talents. Ces groupes avaient beau être signés sur des majors, être écoutés par des millions d'adolescents et jeunes adultes dans le monde, ils semblaient conserver ce côté "rustique" loin de leur prédécesseurs mégalomanes des années 70 et 80. Des rock-stars qui ne se comportent pas comme des rock-stars.

C'est le film Young Adult qui m'a donné cette idée (via le billet de copine Virginie). Quelles sont les chansons qui reflètent le plus cette époque, ce Zeitgeist qui m'a tant marqué en débarquant dans cette famille américaine ? J'en avais une petite idée, déjà, dans ma tête et je me suis précipité sur Spotify pour vérifier mon intuition. J'ai réécouté les albums de Beck, Soundgarden, Blind Melon, REM, Alice In Chains, Dinosaur Jr, Pearl Jam, Pavement, Lemonheads etc. et j'en ai tiré une playlist. 70 chansons "madeleine de Proust" qui me rappellent instantanément les journées devant MTV ou à écouter la radio étudiante locale dans la voiture.

Enfants de la génération Y, vous voulez avoir un aperçu auditif de l'Amérique (blanche) de la première moitié des années 90, écoutez donc cette humble playlist Spotify...


Nirvana - About a Girl
REM - Man On The Moon
Pearl Jam - Daughter
Alice In Chains - Would?
Soundgarden - Black Hole Sun
REM - Drive
Weezer - Done
Blind Melon - No Rain
Nirvana - All Apologies
Toad The Wet Sprocket - Walk On The Ocean
Lush - Ladykillers
Mazzy Star - Fade IntoYou
Smashing Pumpkins - Disarm
Candlebox - Cover Me
Crash Test Dummies - Mmm Mmm Mmm Mmm
Teenage Fanclub - The Concept
Smashing Pumpkins - Today
Nirvana - The Man Who Sold The World
Pearl Jam - Nothingman
Pavement - Cut Your Hair
Paula Cole - Where Have All The Cowboys Gone ?
Smashing Pumpkins - 1979
Screaming Trees - Nearly Lost You
Nirvana - Heart Shaped Box
Alanis Morissette - Hand In My Pocket
Marcy Playground - Sex & Candy
The Lovemongers - Battle of Evermore
Toad The Wet Sprocket - All I Want
L7 - Shitlist
Nada Surf - Popular
Pearl Jam - Alice
4 Non Blondes - What's Up
Mazzy Star - Into Dust
REM - Losing My Religion
Candlebox - Far Behind
The Sundays - Wild Horses
Nirvana - Come As You Are
Sonic Youth - 100%
Grant Lee Buffalo - Fuzzy
Stone Temple Pilots - Plush
Joan Osborne - One Of Us
Soul Asylum - Runaway Train
The Sundays - Here's where the Story ends
Lush - Single Girl
Lisa Germano - Cry Wof
The Breeders - Cannonball
Paula Cole - Hush Hush Hush
The Flaming Lips - She don't use jelly
Hole - Doll Parts
Weezer - Buddy Holly
Paul Westerberg - Dyslexic Heart
L7 - Pretend We're Dead
Hootie & The Blowfish - Only Wanna Be With You
Counting Crows - Mr Jones
Belly - Feed The Tree
K's Choice - Not An Addict
Nirvana - Lithium
Alanis Morissette - You Oughta Know
Stone Temple Pilots - Interstate Love Song
Beck - Loser
Rage Against The Machine - Killing In The Name
The Martinis - Free
Gin Blossoms - Follow You Down
The Lemonheads - Into Your Arms
Cowboy Junkies - Sweet Jane
Dinosaur Jr - Feel The Pain
Soundgarden - Spoonman
Sonic Youth - Superstar
Violent Femmes - American Music
The Presidents of the USA - Lump
Green Day - Longview