Le cinéma hollywoodien aime les histoires d'amour mais il aime surtout les histoires qui se terminent bien. Et si seulement elles devaient mal se finir, ce serait par la seule force du destin. Voyez TITANIC, LOVE STORY, LE PATIENT ANGLAIS, THE NOTEBOOK et pas mal d'autres. C'est ce genre d'histoires qui a forgé le coeur d'artichauts de millions d'individus, mâles et femelles, à travers le monde - le mien en premier. A défaut de s'identifier, on rêve, on idéalise, on se dit que l'Amour est indestructible, que la maladie, la mort, la guerre ne viendront jamais à bout de cet amour éternel. A 15 ans, on veut tous croire à cela - parce que ces films (et pas mal de chansons pop) nous éduquent à ça. Sournois, ils font pénétrer dans le cerveau encore trés malléable de jeunes adolescents l'idée que la vie ressemble à une chanson des Bangles, qu'il est impensable de ne pas trouver un jour celui ou celle qui nous chuchotera des mots doux jusqu'à ce que la mort nous sépare - voire plus pour les plus mystiques.
J'en suis encore là. Tous les jours depuis plus de 15 ans, je me bats avec l'empreinte qu'ont laissé ces films sur mon cerveau. C'est souvent très déprimant et, comme une évolution naturelle à un carnet intime, me pousse à écrire des billets un peu pathétique sur ce blog. Inconsciemment ou non, j'ai jamais pu (voulu) me débarrasser de cette empreinte et ça me gâche (un peu) la vie. Parce que j'ai grandi. Parce que j'ai plus d'expérience. Et aussi parce que mes goûts en cinéma ont évolué.
Comme déjà écrit dans la théorie de l'évolution cinéphile, avec l'âge, on se lasse un peu des violons et des grands sentiments éternels pour plus de réalisme. Je devrais même dire de "réalité". Et c'est dans le cinéma indépendant qu'on la trouve majoritairement. Ces dernières années, après ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND qui a (un peu) ouvert la voie, il y a eu par exemple 500 DAYS OF SUMMER et BLUE VALENTINE. On vous y raconte la rencontre, l'amour passion, comme dans n'importe quel film hollywoodien mais avec plus d'appartements crades et moins de violons, mais aussi (et surtout) la rupture, le divorce, la fin de l'amour. Bientôt, ce sera au tour de LIKE CRAZY qui semble avoir ravagé les coeurs des spectateurs à Sundance avec son histoire d'amour longue distance qui (visiblement) se termine mal.
Sur Facebook, Twitter et autres blogs, on dit que ce sont des films "anti-romantiques", des films qui "tuent l'amour", qui "ne donne pas envie d'être amoureux", de films qui "font plus de mal que de bien". Ca, c'est sûr, c'est pas TWILIGHT ! Et c'est clair aussi que je me suis pris un gros coup de déprime derrière la nuque après mes deux fois au cinéma de 500 DAYS OF SUMMER. Ayant été élevé au lait de NUITS BLANCHES A SEATTLE et JERRY MAGUIRE, la morale du type "l'amour n'est en fait qu'une suite d'échecs" ne fait pas super plaisir à entendre. Mais ces films sont-ils pour autant "anti-romantiques" ?
Tout le monde se focalise sur cette morale. Et c'est normal. Le but fondamental de ces films et de leurs auteurs est avant tout de montrer cette partie "difficile", cette rupture, comment elle survient, comment l'amour disparaît d'un côté (ou des deux côtés). C'est LE sujet de ces films. Il est présenté sous la forme de la comédie dramatique, tantôt léger, tantôt lourd dans 500 DAYS OF SUMMER. BLUE VALENTINE l'aborde plus frontalement, plus dans le drame pur, avec ses crises, ses larmes. Aucun ne détient plus la vérité que l'autre. Il y a autant de vérités que d'êtres humains dans ce domaine.
Mais, quand en 1979, KRAMER VS KRAMER ne raconte que le divorce et la rupture, ces films, en 2011, raconte aussi l'avant, la rencontre, la passion, l'épanouissement. C'est leur apport à l'évolution narrative du cinéma, la vraie nouveauté. Et cela a de la valeur sur l'échelle du romantisme cinématographique. Votre coeur n'a-t-il pas fondu lors de l'euphorie musicale de Joseph Gordon-Levitt après sa première nuit d'amour avec Zooey Deschanel ou lors de la sérénade au yukélé entonné par Ryan Gosling pour Michelle Williams ? Le côté obscur et pessimiste de mon cerveau a retenu le déchirement de la fête sur le toit quand Joseph Gordon-Levitt comprend qu'il n'est là qu'en "ami". Il a retenu ce sexe dépassionné et froid d'une nuit d'hôtel presque contrainte entre Gosling et Williams. Mais le côté coloré et optimiste de mon cerveau a retenu autre chose : il a retenu les petits mots et les gestes simples, les regards amoureux et toutes ces autres choses qui ont fait frissonner mon coeur pendant le film et surtout bien longtemps après. Le problème est alors de savoir quel hémisphère a l'ascendant sur l'autre ? J'ai envie de dire : ça dépend des jours...
En revanche, ce qui est vrai tous les jours, c'est qu'une histoire d'amour, une histoire d'amour pure, est romantique, peu importe son issu. Vous remarquerez que Hollywood ne montre que la phase "rencontre" dans ses comédies romantiques... C'est pas par hasard. Qu'est-ce qui advient de la relation entre Meg Ryan et Tom Hanks après l'Empire State Building dans NUITS BLANCHES A SEATTLE ? Et Richard Gere et Julia Roberts dans PRETTY WOMAN ? Une déclaration enflammée ou un mariage somptueux garantit-il forcément de vivre "happily ever after" ? La réalité nous dit que non (50% des mariages dans les grandes villes se terminent en divorce!) et ces films nous disent la même chose. Toutes ces histoires, hollywoodiennes comme indépendantes, heureuses comme tristes, légères comme durs, valent d'être racontées parce que les sentiments, mêmes éphémères, sont réels et beaux.
Là, c'est mon moi de 30 ans qui parle. Mon moi de 15 ans vous dirait sûrement que tout ça est bien pourri et que ces films sont de la connerie en barre. Et c'est bien là le problème : Ryan Gosling et Joseph Gordon Levitt pensaient ça aussi. Ils pensaient que l'amour était éternel et c'est en grande partie à cause de cela que leur relation amoureuse ne l'a pas été. Ils n'étaient pas conscient du "danger" de la passion, de la routine. Ils étaient aveuglés par la beauté de leurs sentiments. Mon moi de 30 ans essaye donc, comme il peut, grâce à ces films, grâce à l'expérience, grâce aux autres, de ne plus être aveuglé, d'être conscient que l'issu n'est pas forcément celle d'un film hollywoodien sur la beauté des sentiments mais peut aussi être celle d'un film indépendant sur leur brutalité. Mon moi de 30 ans essaye pour donner un minimum raison à mon moi de 15 ans... Sinon à quoi bon ?
Mais je crois que tout ça est finalement très bien résumer dans cet extrait de BLUE VALENTINE...
J'en suis encore là. Tous les jours depuis plus de 15 ans, je me bats avec l'empreinte qu'ont laissé ces films sur mon cerveau. C'est souvent très déprimant et, comme une évolution naturelle à un carnet intime, me pousse à écrire des billets un peu pathétique sur ce blog. Inconsciemment ou non, j'ai jamais pu (voulu) me débarrasser de cette empreinte et ça me gâche (un peu) la vie. Parce que j'ai grandi. Parce que j'ai plus d'expérience. Et aussi parce que mes goûts en cinéma ont évolué.
Comme déjà écrit dans la théorie de l'évolution cinéphile, avec l'âge, on se lasse un peu des violons et des grands sentiments éternels pour plus de réalisme. Je devrais même dire de "réalité". Et c'est dans le cinéma indépendant qu'on la trouve majoritairement. Ces dernières années, après ETERNAL SUNSHINE OF THE SPOTLESS MIND qui a (un peu) ouvert la voie, il y a eu par exemple 500 DAYS OF SUMMER et BLUE VALENTINE. On vous y raconte la rencontre, l'amour passion, comme dans n'importe quel film hollywoodien mais avec plus d'appartements crades et moins de violons, mais aussi (et surtout) la rupture, le divorce, la fin de l'amour. Bientôt, ce sera au tour de LIKE CRAZY qui semble avoir ravagé les coeurs des spectateurs à Sundance avec son histoire d'amour longue distance qui (visiblement) se termine mal.
Sur Facebook, Twitter et autres blogs, on dit que ce sont des films "anti-romantiques", des films qui "tuent l'amour", qui "ne donne pas envie d'être amoureux", de films qui "font plus de mal que de bien". Ca, c'est sûr, c'est pas TWILIGHT ! Et c'est clair aussi que je me suis pris un gros coup de déprime derrière la nuque après mes deux fois au cinéma de 500 DAYS OF SUMMER. Ayant été élevé au lait de NUITS BLANCHES A SEATTLE et JERRY MAGUIRE, la morale du type "l'amour n'est en fait qu'une suite d'échecs" ne fait pas super plaisir à entendre. Mais ces films sont-ils pour autant "anti-romantiques" ?
Tout le monde se focalise sur cette morale. Et c'est normal. Le but fondamental de ces films et de leurs auteurs est avant tout de montrer cette partie "difficile", cette rupture, comment elle survient, comment l'amour disparaît d'un côté (ou des deux côtés). C'est LE sujet de ces films. Il est présenté sous la forme de la comédie dramatique, tantôt léger, tantôt lourd dans 500 DAYS OF SUMMER. BLUE VALENTINE l'aborde plus frontalement, plus dans le drame pur, avec ses crises, ses larmes. Aucun ne détient plus la vérité que l'autre. Il y a autant de vérités que d'êtres humains dans ce domaine.
Mais, quand en 1979, KRAMER VS KRAMER ne raconte que le divorce et la rupture, ces films, en 2011, raconte aussi l'avant, la rencontre, la passion, l'épanouissement. C'est leur apport à l'évolution narrative du cinéma, la vraie nouveauté. Et cela a de la valeur sur l'échelle du romantisme cinématographique. Votre coeur n'a-t-il pas fondu lors de l'euphorie musicale de Joseph Gordon-Levitt après sa première nuit d'amour avec Zooey Deschanel ou lors de la sérénade au yukélé entonné par Ryan Gosling pour Michelle Williams ? Le côté obscur et pessimiste de mon cerveau a retenu le déchirement de la fête sur le toit quand Joseph Gordon-Levitt comprend qu'il n'est là qu'en "ami". Il a retenu ce sexe dépassionné et froid d'une nuit d'hôtel presque contrainte entre Gosling et Williams. Mais le côté coloré et optimiste de mon cerveau a retenu autre chose : il a retenu les petits mots et les gestes simples, les regards amoureux et toutes ces autres choses qui ont fait frissonner mon coeur pendant le film et surtout bien longtemps après. Le problème est alors de savoir quel hémisphère a l'ascendant sur l'autre ? J'ai envie de dire : ça dépend des jours...
En revanche, ce qui est vrai tous les jours, c'est qu'une histoire d'amour, une histoire d'amour pure, est romantique, peu importe son issu. Vous remarquerez que Hollywood ne montre que la phase "rencontre" dans ses comédies romantiques... C'est pas par hasard. Qu'est-ce qui advient de la relation entre Meg Ryan et Tom Hanks après l'Empire State Building dans NUITS BLANCHES A SEATTLE ? Et Richard Gere et Julia Roberts dans PRETTY WOMAN ? Une déclaration enflammée ou un mariage somptueux garantit-il forcément de vivre "happily ever after" ? La réalité nous dit que non (50% des mariages dans les grandes villes se terminent en divorce!) et ces films nous disent la même chose. Toutes ces histoires, hollywoodiennes comme indépendantes, heureuses comme tristes, légères comme durs, valent d'être racontées parce que les sentiments, mêmes éphémères, sont réels et beaux.
Là, c'est mon moi de 30 ans qui parle. Mon moi de 15 ans vous dirait sûrement que tout ça est bien pourri et que ces films sont de la connerie en barre. Et c'est bien là le problème : Ryan Gosling et Joseph Gordon Levitt pensaient ça aussi. Ils pensaient que l'amour était éternel et c'est en grande partie à cause de cela que leur relation amoureuse ne l'a pas été. Ils n'étaient pas conscient du "danger" de la passion, de la routine. Ils étaient aveuglés par la beauté de leurs sentiments. Mon moi de 30 ans essaye donc, comme il peut, grâce à ces films, grâce à l'expérience, grâce aux autres, de ne plus être aveuglé, d'être conscient que l'issu n'est pas forcément celle d'un film hollywoodien sur la beauté des sentiments mais peut aussi être celle d'un film indépendant sur leur brutalité. Mon moi de 30 ans essaye pour donner un minimum raison à mon moi de 15 ans... Sinon à quoi bon ?
Mais je crois que tout ça est finalement très bien résumer dans cet extrait de BLUE VALENTINE...
Très bel article, qui résume un peu le dilemme qu'on a sur Films de Lover, quand on doit noter le "romantisme" des films. C'est sûr que j'aurais tendance à mettre "Blue Valentine" dans la catégorie non-romantique (on l'a d'ailleurs bien sacqué) mais pour le coup, c'est un très beau film sur une histoire d'amour. Pour "500 jours ensemble", c'est moins le cas, parce qu'effectivement, l'échec avec Summer n'est qu'une étape vers LA rencontre donc le film garde un peu de ce romantisme optimiste.
RépondreSupprimerIl ne faut pas oublier qu'à l'origine, quand même, le romantisme n'est pas forcément heureux ou optimiste. Il peut être spleenesque, mélancolique, passionné, des choses que l'on retrouve dans des films comme "Blue Valentine".
Maintenant, en ce qui concerne des films comme Nuits blanches à Seattle ou Pretty Woman, tous ces films qui s'achèvent sur la rencontre ou le début de l'histoire, c'est effectivement au spectateur, suivant sa conception de l'amour, de choisir s'il veut croire que leur relation marchera sur le long terme. Toi, ton romantisme optimiste se fight avec ton romantisme pessimiste. Dans tous les cas, ça reste du romantisme. :)
(Tiens d'ailleurs, je pense que "Les meilleurs amis" ("The romantics" en VO) qui sort en DVD dans une semaine avec Katie Holmes, Anna Paquin etc pourrait te plaire.)