Quand j'achète/télécharge un album, quelle est la première chose que je fais : je balance en mode repeat le single, la chanson qui m'a fait, en premier lieu, dépenser le précieux argent de mon porte-monnaie. Et je ne pense pas être le seul. Même si aujourd'hui vous n'achetez plus rien et osez défier l'Etat français en le téléchargeant illégalement, c'est encore très probablement ce que vous faites : vous écoutez les singles avant tout le reste - quand vous écoutez tout le reste.
Forcément, pas mal de chansons passent à la trappe.
Mais le premier album de Portishead DUMMY n'est pas de ces galettes dont on laisse des miettes. D'un bout à l'autre, cet album a eu l'extraordinaire capacité de rassembler les amateurs de rock, de rap, de techno et les autres. Quand on a 15 ans, qu'on s'habille en baggy et en Timberland et qu'on méprise les porteurs de Doc Martens et de perfecto, ce n'est pas rien de pouvoir (enfin) se rassembler autour d'un disque. Reste que tous, Doc Martens ou Timberland aux pieds, commençaient par "Glory Box". Normal. Elle passait en boucle sur MTV. Il y avait également "Sour Times" et "Numb". Même principe. Puis, au détour d'une session plus attentive que les autres, vous écoutiez les autres pistes. Vous tombiez alors sur la piste 8. "Roads".
Une petite mélodie sur un piano Rhodes qui a déjà inondé tout l'album. Puis la voix de Beth Gibbons, mélancolique et torturée. Le rythme lancinant et pesant débute. Enfin les cordes s'élèvent, tristes. Les frissons s'emparent de tout votre corps. Vous avez envie de pleurer. Toutes vos angoisses, tout votre spleen, tout vous revient en tête. Cette chanson fait mal. Mal à l'âme. Mais vous l'écoutez. Encore et encore. Sans vous en rendre compte, elle est passée en mode repeat. Vous avez oublié "Glory Box". Vous ne pensez plus qu'à "Roads", à ses violons et à cette chose indescriptible qui semble vous faire autant de bien que de mal.
Il y a de très nombreuses façons d'interpréter cette chanson - ce qui explique sûrement le pouvoir qu'elle a sur les gens malgré son manque d'exposition "médiatique". Mais je ne peux m'empêcher d'entendre un intense cri de solitude dans les mots de Beth Gibbons. "I got nobody on my side, And surely that ain't right, And surely that ain't right, Ohh, can't anybody see, We've got a war to fight, Never found our way, Regardless of what they say"
Cette chanson ne parle pas de moi. Mais ces mots résonnent. Je ne peux m'empêcher de m'identifier. Suis-je vraiment sûr qu'elle ne parle pas de moi ? Ces mots expriment la souffrance de ne pas trouver cette personne dont le coeur battrait en synchronisation avec le votre. Ils expriment la souffrance de se sentir seul, de devoir parcourir une route qui semble sans fin - composant avec tous ces gens autour, vos amis, votre famille qui, volontairement ou non, vous mettent une pression parfois très dure à supporter.
Je refuse de me laisser envahir par ce genre de sentiments - qui ont plus tendance à porter sur le noir que sur le rose. Mais ils pèsent. En ce moment, ils pèsent très lourds. Il y a cette personne. Elle me manque. J'ai un gros déficit de confiance en moi sur les questions du coeur et j'aimerais parfois n'avoir rien à faire de tous ces maudits sentiments qui me bouffent l'esprit, être de ces gens qui traversent la vie sans se soucier de rien, d'eux comme des autres, qui voient la vie comme une suite ininterrompue d'expériences futiles et sans lendemains. Mais non. Je ne pense pas à ce plaisir. Je pense à l'état de grâce dont je sais qu'il est impossible à atteindre mais dont je sais également qu'une force de caractère suffisante me permettront de m'en rapprocher. Je pense à son sourire, à ses manières, ses rêves et à sa mélancolie. Elle me manque terriblement.
Et dans ces cas là, "Roads" est un refuge qui semble agréable. Se réfugier dans le vague à l'âme musical pour apaiser son propre vague à l'âme. Une solution universellement partagée par tous les garçons et les filles depuis la nuit des temps pop. Après tout, je n'ai jamais prétendu être seul au monde.
Mais en ce moment, c'est l'impression que j'ai... (même si tout le monde me dit le contraire)
Mais bon, ça va passer... Ca passe toujours, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?
Forcément, pas mal de chansons passent à la trappe.
Mais le premier album de Portishead DUMMY n'est pas de ces galettes dont on laisse des miettes. D'un bout à l'autre, cet album a eu l'extraordinaire capacité de rassembler les amateurs de rock, de rap, de techno et les autres. Quand on a 15 ans, qu'on s'habille en baggy et en Timberland et qu'on méprise les porteurs de Doc Martens et de perfecto, ce n'est pas rien de pouvoir (enfin) se rassembler autour d'un disque. Reste que tous, Doc Martens ou Timberland aux pieds, commençaient par "Glory Box". Normal. Elle passait en boucle sur MTV. Il y avait également "Sour Times" et "Numb". Même principe. Puis, au détour d'une session plus attentive que les autres, vous écoutiez les autres pistes. Vous tombiez alors sur la piste 8. "Roads".
Une petite mélodie sur un piano Rhodes qui a déjà inondé tout l'album. Puis la voix de Beth Gibbons, mélancolique et torturée. Le rythme lancinant et pesant débute. Enfin les cordes s'élèvent, tristes. Les frissons s'emparent de tout votre corps. Vous avez envie de pleurer. Toutes vos angoisses, tout votre spleen, tout vous revient en tête. Cette chanson fait mal. Mal à l'âme. Mais vous l'écoutez. Encore et encore. Sans vous en rendre compte, elle est passée en mode repeat. Vous avez oublié "Glory Box". Vous ne pensez plus qu'à "Roads", à ses violons et à cette chose indescriptible qui semble vous faire autant de bien que de mal.
Il y a de très nombreuses façons d'interpréter cette chanson - ce qui explique sûrement le pouvoir qu'elle a sur les gens malgré son manque d'exposition "médiatique". Mais je ne peux m'empêcher d'entendre un intense cri de solitude dans les mots de Beth Gibbons. "I got nobody on my side, And surely that ain't right, And surely that ain't right, Ohh, can't anybody see, We've got a war to fight, Never found our way, Regardless of what they say"
Cette chanson ne parle pas de moi. Mais ces mots résonnent. Je ne peux m'empêcher de m'identifier. Suis-je vraiment sûr qu'elle ne parle pas de moi ? Ces mots expriment la souffrance de ne pas trouver cette personne dont le coeur battrait en synchronisation avec le votre. Ils expriment la souffrance de se sentir seul, de devoir parcourir une route qui semble sans fin - composant avec tous ces gens autour, vos amis, votre famille qui, volontairement ou non, vous mettent une pression parfois très dure à supporter.
Je refuse de me laisser envahir par ce genre de sentiments - qui ont plus tendance à porter sur le noir que sur le rose. Mais ils pèsent. En ce moment, ils pèsent très lourds. Il y a cette personne. Elle me manque. J'ai un gros déficit de confiance en moi sur les questions du coeur et j'aimerais parfois n'avoir rien à faire de tous ces maudits sentiments qui me bouffent l'esprit, être de ces gens qui traversent la vie sans se soucier de rien, d'eux comme des autres, qui voient la vie comme une suite ininterrompue d'expériences futiles et sans lendemains. Mais non. Je ne pense pas à ce plaisir. Je pense à l'état de grâce dont je sais qu'il est impossible à atteindre mais dont je sais également qu'une force de caractère suffisante me permettront de m'en rapprocher. Je pense à son sourire, à ses manières, ses rêves et à sa mélancolie. Elle me manque terriblement.
Et dans ces cas là, "Roads" est un refuge qui semble agréable. Se réfugier dans le vague à l'âme musical pour apaiser son propre vague à l'âme. Une solution universellement partagée par tous les garçons et les filles depuis la nuit des temps pop. Après tout, je n'ai jamais prétendu être seul au monde.
Mais en ce moment, c'est l'impression que j'ai... (même si tout le monde me dit le contraire)
Mais bon, ça va passer... Ca passe toujours, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ?