Dans sa critique du ELIZABETHTOWN de Cameron Crowe pour le site The AV Club, Nathan Rabin parle, pour décrire le personnage de Kirsten Dunst, de "Manic Pixie Dream Girl" (littéralement "fille espiègle de rêves féeriques"). Selon lui, cette fille "est une pétillante et un peu vide créature cinématographique existant seulement dans l'imagination fiévreuse d'auteurs sensibles pour apprendre à de jeunes garçons attendrissants à embrasser la vie et ses infinis mystères et aventures".
Bref, la Manic Pixie Dream Girl est devenu le terme pop pour parler de toutes ces filles pleines de joie de vivre, légèrement délurées, un peu mélancoliques, tendrement excentriques qui aiment écouter des groupes alternatifs en chantant à tue-têtes les oreilles cachées par leurs gros écouteurs. Toutes ces filles avec des hobbys qui semblent étranges au commun des mortels. Toutes ces filles indifférentes à la pression sociale et au qu'en-dira-t-on. Toutes ces filles qui refusent toute forme de cynisme préférant l'idéalisme et l'optimisme. Toutes ces filles héritières d'Annie Hall et de Holly Golightly. Toutes ces filles qui ressemblent à Natalie Portman dans GARDEN STATE ou BEAUTIFUL GIRLS, à Rachel Bilson dans THE LAST KISS, à Elisha Cuthbert dans MY SASSY GIRL, à Zooey Deschanel dans YES MAN. Toutes ces jeunes filles, créatures de cinéma, objets de fantasmes de garçons sensibles et un peu paumés sentimentalement.
Toutes ces filles qui visiblement ne plaisent pas à tout le monde...
Ce que je peux comprendre. Si tout le monde aimait le même genre de filles, rechercher l'âme-soeur deviendrait extêmement compliqué. Ce que je ne comprends pas, en revanche, c'est les sous-entendus extrêmement péjoratifs de la définition de Rabin et le déchaînement des féministes sur ces personnages. Par exemple, Jezebel les appelle le "fléau du cinéma moderne". Quant à Feminist Frequency, les Manic Pixie Dream Girls leur donnent envie de "hurler ou de vomir, voire les deux". Pour résumer leurs arguments, elles leur reprochent d'être des clichés, des fantasmes dont le seul but est de sortir l'homme (blanc et hétéro) de sa détresse et donc de promouvoir l'idée selon laquelle les femmes sont toujours au service de l'homme, qu'elles n'ont pas le droit d'avoir une vie à elle. En gros, dans les années 50, la femme s'occupait des tâches ménagères pour que l'homme se sente bien dans ses baskets fatiguées par une journée de travail. Dans les années 2000, la femme serait pétillante et espiègle pour que l'homme se sente bien dans ses baskets dépressives. Bref, la MPDG serait aux garçons sensibles ce que la blonde décérébrée aux gros seins serait aux garçons "moins sensibles".
Ceux et surtout celles qui me lisent depuis plus de quatre ans savent que je ne suis pas du genre macho. Je serais même plutôt à l'inverse. Une fille m'a dit récemment que mon blog était très "féminin". J'en suis conscient ou, plutôt, j'ai appris à en être conscient. Je sais aussi qu'il y a beaucoup de moi dans ces fameux garçons sensibles qui ont inondé la pop culture de ces 5-6 dernières années, les Zach Braff, les Tom Hansen. Je ne suis pas eux mais j'ai de gros points communs avec eux. Notamment dans la façon d'appréhender les relations amoureuses et d'aimer les filles pétillantes et espiègles. C'est comme ça. On est comme on est. Je suis un garçon sensible et j'aime les Manic Pixie Dream Girls. C'est sûrement mon "imagination fiévreuse d'auteur sensible" (rapport à ça). Est-ce pour autant que je perpétue des clichés et dégrade ainsi l'image de la femme moderne ?
Quand vous commencez à écrire un scénario, la première chose que vous êtes obligés de faire, c'est de trouver un héros - un personnage dont vous allez tracer la "ligne de désir" tout au long de l'histoire. Et ce héros, la plupart du temps, c'est vous ou du moins une partie de vous. Il n'y a rien de pire que les scénaristes dont les histoires sont désincarnées. Une bonne histoire est une histoire personnelle. Je ne parle pas forcément d'autobiographie. Je parle juste d'émotions, de sentiments, de points de vue sur le monde. Tant que ça vient du coeur, c'est personnel. Alors, que faites-vous naturellement quand vous êtes un auteur mâle entre 25 et 30 ans et que voulez écrire une histoire à partir de vos doutes et vos joies ? Vous faites de votre héros un homme entre 25 et 30 ans. Et quel est le meilleur moyen au monde pour éliminer ces doutes et partager ces joies ? Trouver l'Amour auprès d'une jeune fille aigrie, cynique ou déprimée ? J'en doute. Trouver l'Amour auprès d'une jeune fille espiègle et pétillante ? Peut-être davantage.
La Manic Pixie Dream Girl est une vision de cinéma, le moteur d'une histoire (plus ou moins) personnelle. Elle a donc autant le droit d'exister que les geeks d'une production Apatow, que les femmes fatales d'un film noir, que les intellos arrogants d'un film de Woody Allen, que les gangsters d'un film de Scorsese etc. Tous sont des clichés plus ou moins réalistes. Mais le cliché se nourrit de cinéma et le cinéma se nourrit de clichés. La fiction est une usine à fantasmes et la MPDG est un de ses produits phares ces dernières années. OK. Mais les modes changent, les consommateurs avec eux.
La raison d'être des Manic Pixie Dream Girls, à mon avis, ne se pose donc pas. Reste que ses détracteurs les plus virulents ne voient en elle qu'une créature "un peu vide" dont le seul but dans la vie est "d'apprendre à de jeunes garçons attendrissants à embrasser la vie et ses infinis mystères et aventures" - argument également au centre des reproches féministes. On peut donc se poser la question : est-ce que la raison de vivre de l'excentrique Sam, dans GARDEN STATE, est uniquement de résoudre la déprime d'Andrew ? Est-ce que l'espièglerie de Claire, dans ELIZABETHTOWN, n'a de sens que face à la dépression de Drew ? Est-ce que toutes ces jeunes filles de cinéma sont vides à ce point qu'elles n'auraient aucune vie à elles seules ? Leur joie de vivre s'oppose-elle forcément à la mélancolie de l'homme en face d'elle ?
Si l'on prend la scène finale de GARDEN STATE, j'entends deux choses : "on a besoin l'un de l'autre" et "tu as changé ma vie". Ce que j'entends là, c'est le partage. J'entends un garçon sauvé par une fille. J'entends une fille sauvée par un garçon. J'entends un garçon et une fille autant dépendant de l'un que de l'autre. Il n'y a pas une fille plus dépendante à un garçon qu'un garçon plus dépendant à une fille. Ils sont égaux. Ils sont amoureux et leur relation fonctionne dans les deux sens : il a autant besoin d'elle que elle de lui.
Dans ELIZABETHTOWN ou YES MAN, c'est un peu différent. La réciproque est moins vraie. La fille sauve le garçon. Mais comment le sauve-t-elle ? Selon les féministes citées ci-dessus, ce serait grâce à son seul côté pétillant et donc par la vacuité d'une vie que le garçon exploiterait pour son seul bonheur personnel. Que ça ?
A première vue, aimer les Manic Pixie Dream Girls, c'est aimer la beauté naturelle et low profile, l'espièglerie et cette capacité à être gentiment excentrique. Ca, c'est l'apparence. La réalité (en tous les cas, la mienne), c'est qu'aimer les Manic Pixie Dream Girls, c'est avant tout aimer leur vie intérieure. Contrairement aux modèles féminins proposés par Hollywood dans la plupart de ses comédies romantiques, films d'action etc., la Manic Pixie Dream Girl est une des seules/rares à avoir une vie à elle. Claire dans ELIZABETHTOWN est une hôtesse de l'air indépendante, féminine avec des goûts en musique qui n'appartiennent qu'à elle et qui, clairement, n'a aucun besoin d'un homme pour vivre sa vie comme elle l'entend. Et si elle est pétillante et pleine de joie de vivre, tant mieux pour elle. Idem pour Zooey Deschanel dans YES MAN. Elle fait partie d'un groupe de rock expérimental, donne des cours de jogging-photo et tout un tas d'autres activités qui en font un être à part, sans contraintes masculines. Bref, Claire et Allison sont des jeunes femmes de leur temps qui n'ont aucun compte à rendre à personne - et surtout pas aux hommes.
Si la Manic Pixie Dream Girl permet aux hommes d'être mieux dans leur basket, c'est avant tout parce qu'elle-même est bien dans les siennes. C'est cela que je ne comprends pas dans l'argumentation anti-MPDG. C'est comme si le simple fait que l'homme soit au centre du film était une mauvaise chose. Ca ne l'est pas. Ce qui l'est, en revanche, c'est qu'il le soit tout le temps. Ca, je le comprends.
Le problème n'est pas la Manic Pixie Dream Girl. Le problème est Hollywood - Hollywood qui ne crée pas d'héroïnes féminines, qui ne produit pas de films dont la ligne de désir soit celle d'une fille. Ceci est un problème. Des scénaristes très talentueuses ont émergé ces dernières années : Dana Fox (WHAT HAPPENS IN VEGAS avec Ashton Kutcher et Cameron Diaz), Liz Meriweather (SEX FRIENDS avec Ashton Kutcher et Natalie Portman), Lorene Scarafia (NICK & NORAH'S INFINITE PLAYLIST) et, bien sûr, l'inévitable et absolument fabuleuse Diablo Cody (JUNO, JENNIFER'S BODY et la série THE UNITED STATES OF TARA). Mais ça ne change pas grand chose. Pour une Ellen Page dans JUNO, c'est Michael Cera la ligne de désir de NICK & NORAH et Ashton celle de SEX FRIENDS. Les personnages féminins sont sans aucun doute beaucoup plus développés et riches dans ces films mais les pures héroïnes de cinéma sont très rares. Et c'est une honte. On est d'accord.
Alors, évidemment, vous allez me dire que ces auteurs, si on leur donnait l'occasion d'écrire de vraies héroïnes féminines, elles ne créeraient pas de Manic Pixie Dream Girls. C'est possible. Mais elle pourrait créer des Manic Pixie Dream Boys, des garçons gentiment excentriques qui apprendraient aux jeunes filles cyniques et blasées à reconnaître le vrai Amour et à cultiver une certaine idée de l'optimisme. Des garçons comme Ben Stone (Seth Rogen) dans EN CLOQUE MODE D'EMPLOI, comme Lloyd Dobler (John Cusack) dans SAY ANYTHING ou comme Pauly Bleeker (Michael Cera) dans JUNO - personnage écrit... par une femme !
La boucle est bouclée. La Manic Pixie Dream Girl est peut-être un cliché mais c'est un cliché qui fait du bien, un cliché qui montre que l'idéalisme n'est pas une valeur si niaise et ringarde et que le cynisme est peut-être un bon moyen de défense mais aussi et surtout une piètre arme quand il s'agit d'attaquer et donc d'avancer...
Je sais que je ne pourrais tomber amoureux que d'une Manic Pixie Dream Girl. Peu importe qu'on me dise que ça n'existe pas dans la vraie vie. Moi, je sais que ça existe. Je crois même que j'en connais...
Bref, la Manic Pixie Dream Girl est devenu le terme pop pour parler de toutes ces filles pleines de joie de vivre, légèrement délurées, un peu mélancoliques, tendrement excentriques qui aiment écouter des groupes alternatifs en chantant à tue-têtes les oreilles cachées par leurs gros écouteurs. Toutes ces filles avec des hobbys qui semblent étranges au commun des mortels. Toutes ces filles indifférentes à la pression sociale et au qu'en-dira-t-on. Toutes ces filles qui refusent toute forme de cynisme préférant l'idéalisme et l'optimisme. Toutes ces filles héritières d'Annie Hall et de Holly Golightly. Toutes ces filles qui ressemblent à Natalie Portman dans GARDEN STATE ou BEAUTIFUL GIRLS, à Rachel Bilson dans THE LAST KISS, à Elisha Cuthbert dans MY SASSY GIRL, à Zooey Deschanel dans YES MAN. Toutes ces jeunes filles, créatures de cinéma, objets de fantasmes de garçons sensibles et un peu paumés sentimentalement.
Toutes ces filles qui visiblement ne plaisent pas à tout le monde...
Ce que je peux comprendre. Si tout le monde aimait le même genre de filles, rechercher l'âme-soeur deviendrait extêmement compliqué. Ce que je ne comprends pas, en revanche, c'est les sous-entendus extrêmement péjoratifs de la définition de Rabin et le déchaînement des féministes sur ces personnages. Par exemple, Jezebel les appelle le "fléau du cinéma moderne". Quant à Feminist Frequency, les Manic Pixie Dream Girls leur donnent envie de "hurler ou de vomir, voire les deux". Pour résumer leurs arguments, elles leur reprochent d'être des clichés, des fantasmes dont le seul but est de sortir l'homme (blanc et hétéro) de sa détresse et donc de promouvoir l'idée selon laquelle les femmes sont toujours au service de l'homme, qu'elles n'ont pas le droit d'avoir une vie à elle. En gros, dans les années 50, la femme s'occupait des tâches ménagères pour que l'homme se sente bien dans ses baskets fatiguées par une journée de travail. Dans les années 2000, la femme serait pétillante et espiègle pour que l'homme se sente bien dans ses baskets dépressives. Bref, la MPDG serait aux garçons sensibles ce que la blonde décérébrée aux gros seins serait aux garçons "moins sensibles".
Ceux et surtout celles qui me lisent depuis plus de quatre ans savent que je ne suis pas du genre macho. Je serais même plutôt à l'inverse. Une fille m'a dit récemment que mon blog était très "féminin". J'en suis conscient ou, plutôt, j'ai appris à en être conscient. Je sais aussi qu'il y a beaucoup de moi dans ces fameux garçons sensibles qui ont inondé la pop culture de ces 5-6 dernières années, les Zach Braff, les Tom Hansen. Je ne suis pas eux mais j'ai de gros points communs avec eux. Notamment dans la façon d'appréhender les relations amoureuses et d'aimer les filles pétillantes et espiègles. C'est comme ça. On est comme on est. Je suis un garçon sensible et j'aime les Manic Pixie Dream Girls. C'est sûrement mon "imagination fiévreuse d'auteur sensible" (rapport à ça). Est-ce pour autant que je perpétue des clichés et dégrade ainsi l'image de la femme moderne ?
Quand vous commencez à écrire un scénario, la première chose que vous êtes obligés de faire, c'est de trouver un héros - un personnage dont vous allez tracer la "ligne de désir" tout au long de l'histoire. Et ce héros, la plupart du temps, c'est vous ou du moins une partie de vous. Il n'y a rien de pire que les scénaristes dont les histoires sont désincarnées. Une bonne histoire est une histoire personnelle. Je ne parle pas forcément d'autobiographie. Je parle juste d'émotions, de sentiments, de points de vue sur le monde. Tant que ça vient du coeur, c'est personnel. Alors, que faites-vous naturellement quand vous êtes un auteur mâle entre 25 et 30 ans et que voulez écrire une histoire à partir de vos doutes et vos joies ? Vous faites de votre héros un homme entre 25 et 30 ans. Et quel est le meilleur moyen au monde pour éliminer ces doutes et partager ces joies ? Trouver l'Amour auprès d'une jeune fille aigrie, cynique ou déprimée ? J'en doute. Trouver l'Amour auprès d'une jeune fille espiègle et pétillante ? Peut-être davantage.
La Manic Pixie Dream Girl est une vision de cinéma, le moteur d'une histoire (plus ou moins) personnelle. Elle a donc autant le droit d'exister que les geeks d'une production Apatow, que les femmes fatales d'un film noir, que les intellos arrogants d'un film de Woody Allen, que les gangsters d'un film de Scorsese etc. Tous sont des clichés plus ou moins réalistes. Mais le cliché se nourrit de cinéma et le cinéma se nourrit de clichés. La fiction est une usine à fantasmes et la MPDG est un de ses produits phares ces dernières années. OK. Mais les modes changent, les consommateurs avec eux.
La raison d'être des Manic Pixie Dream Girls, à mon avis, ne se pose donc pas. Reste que ses détracteurs les plus virulents ne voient en elle qu'une créature "un peu vide" dont le seul but dans la vie est "d'apprendre à de jeunes garçons attendrissants à embrasser la vie et ses infinis mystères et aventures" - argument également au centre des reproches féministes. On peut donc se poser la question : est-ce que la raison de vivre de l'excentrique Sam, dans GARDEN STATE, est uniquement de résoudre la déprime d'Andrew ? Est-ce que l'espièglerie de Claire, dans ELIZABETHTOWN, n'a de sens que face à la dépression de Drew ? Est-ce que toutes ces jeunes filles de cinéma sont vides à ce point qu'elles n'auraient aucune vie à elles seules ? Leur joie de vivre s'oppose-elle forcément à la mélancolie de l'homme en face d'elle ?
Si l'on prend la scène finale de GARDEN STATE, j'entends deux choses : "on a besoin l'un de l'autre" et "tu as changé ma vie". Ce que j'entends là, c'est le partage. J'entends un garçon sauvé par une fille. J'entends une fille sauvée par un garçon. J'entends un garçon et une fille autant dépendant de l'un que de l'autre. Il n'y a pas une fille plus dépendante à un garçon qu'un garçon plus dépendant à une fille. Ils sont égaux. Ils sont amoureux et leur relation fonctionne dans les deux sens : il a autant besoin d'elle que elle de lui.
Dans ELIZABETHTOWN ou YES MAN, c'est un peu différent. La réciproque est moins vraie. La fille sauve le garçon. Mais comment le sauve-t-elle ? Selon les féministes citées ci-dessus, ce serait grâce à son seul côté pétillant et donc par la vacuité d'une vie que le garçon exploiterait pour son seul bonheur personnel. Que ça ?
A première vue, aimer les Manic Pixie Dream Girls, c'est aimer la beauté naturelle et low profile, l'espièglerie et cette capacité à être gentiment excentrique. Ca, c'est l'apparence. La réalité (en tous les cas, la mienne), c'est qu'aimer les Manic Pixie Dream Girls, c'est avant tout aimer leur vie intérieure. Contrairement aux modèles féminins proposés par Hollywood dans la plupart de ses comédies romantiques, films d'action etc., la Manic Pixie Dream Girl est une des seules/rares à avoir une vie à elle. Claire dans ELIZABETHTOWN est une hôtesse de l'air indépendante, féminine avec des goûts en musique qui n'appartiennent qu'à elle et qui, clairement, n'a aucun besoin d'un homme pour vivre sa vie comme elle l'entend. Et si elle est pétillante et pleine de joie de vivre, tant mieux pour elle. Idem pour Zooey Deschanel dans YES MAN. Elle fait partie d'un groupe de rock expérimental, donne des cours de jogging-photo et tout un tas d'autres activités qui en font un être à part, sans contraintes masculines. Bref, Claire et Allison sont des jeunes femmes de leur temps qui n'ont aucun compte à rendre à personne - et surtout pas aux hommes.
Si la Manic Pixie Dream Girl permet aux hommes d'être mieux dans leur basket, c'est avant tout parce qu'elle-même est bien dans les siennes. C'est cela que je ne comprends pas dans l'argumentation anti-MPDG. C'est comme si le simple fait que l'homme soit au centre du film était une mauvaise chose. Ca ne l'est pas. Ce qui l'est, en revanche, c'est qu'il le soit tout le temps. Ca, je le comprends.
Le problème n'est pas la Manic Pixie Dream Girl. Le problème est Hollywood - Hollywood qui ne crée pas d'héroïnes féminines, qui ne produit pas de films dont la ligne de désir soit celle d'une fille. Ceci est un problème. Des scénaristes très talentueuses ont émergé ces dernières années : Dana Fox (WHAT HAPPENS IN VEGAS avec Ashton Kutcher et Cameron Diaz), Liz Meriweather (SEX FRIENDS avec Ashton Kutcher et Natalie Portman), Lorene Scarafia (NICK & NORAH'S INFINITE PLAYLIST) et, bien sûr, l'inévitable et absolument fabuleuse Diablo Cody (JUNO, JENNIFER'S BODY et la série THE UNITED STATES OF TARA). Mais ça ne change pas grand chose. Pour une Ellen Page dans JUNO, c'est Michael Cera la ligne de désir de NICK & NORAH et Ashton celle de SEX FRIENDS. Les personnages féminins sont sans aucun doute beaucoup plus développés et riches dans ces films mais les pures héroïnes de cinéma sont très rares. Et c'est une honte. On est d'accord.
Alors, évidemment, vous allez me dire que ces auteurs, si on leur donnait l'occasion d'écrire de vraies héroïnes féminines, elles ne créeraient pas de Manic Pixie Dream Girls. C'est possible. Mais elle pourrait créer des Manic Pixie Dream Boys, des garçons gentiment excentriques qui apprendraient aux jeunes filles cyniques et blasées à reconnaître le vrai Amour et à cultiver une certaine idée de l'optimisme. Des garçons comme Ben Stone (Seth Rogen) dans EN CLOQUE MODE D'EMPLOI, comme Lloyd Dobler (John Cusack) dans SAY ANYTHING ou comme Pauly Bleeker (Michael Cera) dans JUNO - personnage écrit... par une femme !
La boucle est bouclée. La Manic Pixie Dream Girl est peut-être un cliché mais c'est un cliché qui fait du bien, un cliché qui montre que l'idéalisme n'est pas une valeur si niaise et ringarde et que le cynisme est peut-être un bon moyen de défense mais aussi et surtout une piètre arme quand il s'agit d'attaquer et donc d'avancer...
Je sais que je ne pourrais tomber amoureux que d'une Manic Pixie Dream Girl. Peu importe qu'on me dise que ça n'existe pas dans la vraie vie. Moi, je sais que ça existe. Je crois même que j'en connais...
Effectivement, le truc que je trouve frustrant dans les films avec des MPDG, même si tu me connais et que tu sais à quel point j'adore ça, c'est qu'on va jamais assez loin dans le personnage.
RépondreSupprimerAprès, le problème, c'est que je pense pas qu'énormément de gens voudraient vraiment voir des films où la MPDG serait développée à son maximum, parce que je pense pas que tu puisses garder leur espièglerie / bonne humeur / etc sur un film entier, pas en tant que personnage principal en tout cas, et que du coup il faudrait nuancer ça avec des touches que les gens auraient pas forcément envie de voir, ou qui les feraient sortir du registre de la MPDG, en en faisant justement plus que des "clichés".
Je comprends qu'on puisse reprocher des trucs à ce type de personnage - même si personnellement je les aime, parce que si tu fais pas partie des personnes qui ont de l'affection pour ce trope, pour ce genre de filles, tu peux t'arrêter trop facilement à la première image qu'elles renvoient. Vu que je leur prête toutes les "intentions" que j'ai moi, je les trouve jamais vides, mais je pense pas que les gens cyniques fassent de même (encore que question cynisme je crois que je me place assez haut).
[Bref voilà au final je dis rien d'intéressant, mais je pouvais pas ne pas commenter sur celui-ci]
Je pense sincèrement qu'on peut faire un film dont la ligne de désir serait la MPDG. Mais clairement, ça n'existe pas. J'ai cherché mais je n'arrive pas à voir. Ca reste à faire.
RépondreSupprimerToutefois, c'est sûr que pour faire un tel film il faudrait aller plus loin que la MPDG "classique". Elle serait espiègle et pétillante mais elle ne serait pas que ça. De toute façon, la seule caractéristique qui vaille vraiment d'une MPDG, c'est l'anti-cynisme. C'est pourquoi, par exemple, Ramona de Scott Pilgrim ou Summer de 500 Days of Summer ne sont pas des MPDG). A mon avis, un personnage comme celui de Natalie Portman dans Garden State, on peut sans problèmes en faire l'héroïne du film et retourner l'intrigue.
Je trouve que ces personnages sont intéressants justement pour ça. Elles ont une vraie vie intérieure derrière l'espièglerie. C'est juste qu'elles ne sont pas cyniques.
Le scénario que j'écris en ce moment (le 3e) sur lequel je me galère bien a justement deux lignes de désir bien séparés : un garçon et une fille. Clairement, la fille, je l'imagine comme une MPDG et elle aura sa ligne de désir à elle... Alors, je ne sais pas si je vais réussir mais je vais essayer ;)
(Et ton commentaire était très intéressant. Comment un commentaire de 20 lignes ne pourraient pas être intéressant ?^^)
Amélie Ppulain? Il me semble qu'il s'agit bien d'une Manic pxie dream girl qui est l'héroine et dont c'est la ligne de désir?
SupprimerQuand tu parles de ce genre de fille je ne peux aussi m'empecher de penser a Winona Ryder. Meme si j'ai pas d'exemple en particulier qui me vient direct elle a ce charme et cette distance ...
RépondreSupprimerEn fait le commentaire d'Iris me fait meme penser au film avec Richard Gere (Un automne a New York) ou elle est le centre d'attention et ou justement son personnage a un petit qqch en plus pour vraimenet devenir la star du film : elle est malade et va mourir.
Un film peut reposer sur un acteur comique masculin mais pour que le personnage central soit une actrice il faut que son prenom soit Julia et que son nom de famille soit Roberts.
Moi non plus je ne fais pas avancer le debat plus que ca... mais je voulais aussi te feliciter Michael pour ton article sur Slate.fr
Et bon conrage pour ton scenario
Le seul vrai rôle de MPDG de Winona Ryder est effectivement celui d'Un automne à NY. Le film est d'ailleurs beaucoup cité pour ça. Mais c'est clair que Winona Ryder est souvent et bizarrement associé à ce genre de personnage. A mon avis, c'est lié aux cheveux courts et au côté nature. ;)
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour tes encouragements ! ^^
Le personnage principal de Easy A a tout d'une MPDG d'après moi :)
RépondreSupprimerhéhé je l'ai pas vu...^^ Je te dirais si je suis d'accord au mois de juin quand le DVD sortira.. ;)
RépondreSupprimerLa Manic Pixie Girl Dream...! Un nom un peu barbare tu ne trouves pas? Personnellement je la trouve charmante cette fille, c'est un personnage caricatural c'est vrai mais je la préfère grandement à la bimbo ou au beauf de base. Je l'aimerai encore plus si on lui donnait un peu de substance, des failles, des réserves, si elle devenait une personne qu'on filme, qu'on sente vivre, un peu plus incarnée.
RépondreSupprimerC'est totalement barbare, ce qui est totalement voulu compte tenu que la connotation très péjorative du terme à l'origine.^^
RépondreSupprimerJe pense que les MPDG les plus "incarnées", les plus "réelles", celles avec des failles, de la substance, ce sont Natalie Portman dans "Garden State" et Kate Hudson dans "Presque Célèbre" (surtout dans la director's cut du film). Mais elles restent des "seconds rôles"...
excellent billet, une nouvelle fois, mais... zooey est verdâtre sur l'illustration ! impensable.
RépondreSupprimersnoowflake, j'imagine que tu parles d'emma stone dans easy a, mais ce n'est pas du tout à mon sens une MPDG, elle joue au contraire sur les codes de la dream girl tout court, avec une attitude ironique. j'adore emma stone hein, mais elle a pas le côté fantaisiste-fragile... (c'est plus une badass avec un petit coeur qui bat)
enfin je commente surtout pour remercier la référence dans les commentaires faite à Un automne à NY. Je ne connais pas et c'est toujours un plaisir de trouver des titres de films auxquels on n'aurait pas pensé.
merci et merci michael pour ce blog, la défense du non-cynisme et le culte à zooey deschanel :)
Ah oui, effectivement, j'avais pas trop fait gaffe au côté verdâtre de l'image. Mais j'aimais tellement l'expression que ça l'a emporté ;)
RépondreSupprimerMerci beaucoup pour les encouragements ! :)
Le problème des MPDG, c'est que c'est un fantasme qui ne trouve pas de réelle correspondance dans la réalité. Il flatte un besoin chez des jeunes males paumés et un peu dépressif, qui a produit grande quantité de diplomés déclassés (diplomés donc à la recherche d'autre chose qu'une blonde décérébrée, déclassés donc déprimés). L'issue pour ces jeunes hommes, serait de trouver une femme pétillante et pleine d'optimisme, qui égayerait leur morne quotidien. Mais pour ça il faudrait que ces jeunes femmes n'aient pas à supporter elles aussi ce morne quotidien, qu'elles parviennent totalement à s'en détacher. Dans la vraie vie les femmes comme les hommes ont à affronter un monde qui est objectivement devenu plus difficile; elles ont un passé et éventuellement des casseroles amoureuses qui peuvent peser sur ce fantasme de pétillance et de légèreté optimiste.
RépondreSupprimerPour "trouver l'amour" aujourd'hui, il faut être capable d'accepter et d'être solidaire des blessures que l'autre ne manque surement pas d'avoir enduré.
Si elle existe dans la vraie vie !
Supprimerhum c la société qui a un produit un grand nombre de diplomés déclassés
RépondreSupprimerEn rapport aux Manic Pixie Dream Gurls, je pense que tu devrais voir cette vidéo : http://youtu.be/uqJUxqkcnKA
RépondreSupprimerOups. Je retire ce que j'ai écrit, je relirais l'article en question avant de commenter la prochaine fois.
RépondreSupprimerPas l'habitude de commenter, mais juste pour dire : super article, merci :)
RépondreSupprimerNotamment, ça fait du bien de lire des choses positives sur les clichés!
Michel, je ne sais ni quel âge tu as, ni qui tu es, ni quoique ce soit si ce n'est ton prénom, mais saches que je t'aime pour cet article. Merci.
RépondreSupprimerTendrement,
une MPDG refoulée.
Je pense à Sweet november, avec Charlize Theron, pour voir un personnage de MPDG plus creusé et profond...
RépondreSupprimerJack Dawson, manic pixie dream biy ultime!
RépondreSupprimerboy
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