28 mars 2011

Creeps & Weirdos Don't Belong Here

Question pop culture, il y a des évidences. Des trucs comme le fait que Cameron Crowe soit un génie par exemple, que Will Ferrell est l'homme le plus drôle de la planète, que Katherine Heigl est ce qui est arrivé de pire à la comédie romantique depuis l'opération des lèvres de Meg Ryan, que Snoop Dogg vendrait sa femme et ses enfants pour avoir le plaisir de tourner une pub pour un yaourt bio, qu'il y a rien de plus beau sur Terre que les yeux de Zooey Deschanel, que Scarlett Johansson et toutes les autres poufs à gros seins ne font absolument pas le poids question sex-appeal face à Natalie Portman...

Mais il y a des trucs qui se discutent, qui font débat, qui vous marginalisent. Continuer à aimer Lindsay Lohan en 2011. Trouver que Michael Bay fait des films d'auteur. Militer pour le retour des slows. Nier en bloc le sex-appeal de Megan Fox. Préférer les premiers albums de Radiohead.

Si pour les premiers, il faut bien assumer et arriver à faire face aux regards d'incompréhension de la majorité. Pour les derniers, il existe un groupe de soutien. Mais même là, c'est pas gagné...




24 mars 2011

Street Cred' Appreciation : Snoop Dogg

Mesdames et Messieurs, passons un peu de temps à analyser le niveau de crédibilité de la rue, la street cred' comme on l'appelle derrière le périphérique, de vos rappeurs préférés. Pour commencer, passons en revue la carrière de Monsieur Snoopy Snoopy Poop Dog aussi connu, pour les vrais amateurs, sous le nom de Snoop Dogg. Dans cette optique, nous allons lui attribuer des points qui détermineront, une fois arrivé au bout, son niveau de crédibilité dans la rue.

1971 : Naissance à Long Beach, Californie. Long Beach, le ghetto ensoleillé, c'est plus street que Marly Gomont mais faut pas exagérer non plus, il ne fait que naître et, que je sache, il n'a pas braqué le gynéco en sortant du ventre de sa mère. +5 point

1973 : Ses parents le surnomment Snoopy à cause de sa gueule. Pour rappel, Snoopy, c'est lui. -5 points.

1988 : Il fréquente le gang des Rollin' 20 Crips de Eastside Long Beach et est arrêté pour possession de cocaïne. Entre 1988 et 1991, il fait des aller-retour en prison pour trafic de drogues. La question qu'on devrait poser à tous les rappeurs en interview : "vous faites du rap parce que vous avez été en prison ou vous avez été en prison pour faire du rap ?" Autant demander à un poussin si c'est la poule ou l'oeuf qui vient en premier. +50 points

1990 : Il crée avec ses cousins Nate Dogg et Lil 1/2 Dead et avec Warren G, un ami, un groupe de rap nommé d'après l'indicatif téléphonique de Long Beach, 213. Un de ses freestyle sur l'instrumental de "Hold On" de En Vogue attire l'attention de Dr Dre, alors membre fondateur du plus gros groupe de rap de L.A., N.W.A. Certes, c'est un peu la classe mais faut-il mentionner que Warren G est le demi-frère de Dre ? Loin de moi l'idée de reprocher à quelqu'un de profiter d'un peu de piston. La crédibilité en prend juste un coup. + 25 points

1992 : Il collabore avec Dr Dre sur le morceau "Deep Cover" puis sur le premier album solo de Dre "The Chronic". Il devient un vrai G. +50 points

1993 : Il sort son premier album solo "DoggyStyle" dans lequel il rappe des trucs comme "Guess who back in the motherfuckin house With a fat dick for your motherfuckin mouth" et se fait dézinguer dans le court-métrage ultra gangsta "Murder Was The Case". Je ne cautionne pas, hein, mais il faut bien dire que dans le ghetto, ça fait son petit effet. Mais chez les petits blancs des banlieues chics aussi. Peut-être que c'est (pas) ça d'avoir de la street credibilité. + 40 points

1993 : Il est arrêté pour le meurtre d'un membre de gang par son garde du corps. Le crime paie, comme dirait Booba (mais seulement si c'est ton garde du corps qui le commet). +25 points

1996 : Il sort son deuxième album solo "Tha Doggfather" et participe à l'album de 2Pac "All Eyez On Me" sur le morceau "2 Of Americaz Most Wanted". Ce n'est rien d'autre qu'une Gangsta Party ! D'autant qu'en même temps, il s'installe avec sa femme, son fils et ses 20 pitbulls dans une villa de 450 m2 dans la banlieue chic de Clairemont. Je vous préviens : si il n'avait emménagé qu'avec 10 pitbulls, ses points, il pouvait s'assoir dessus. On est un vrai G ou on ne l'est pas !+10 points

INTERLUDE : A ce niveau, Snoopy a un niveau de street cred' de 200 points. C'est le niveau REAL GANGSTA, MOTHERFUCKER ! Au top, quoi. Voyons donc un peu plus loin....

1998 : Il en a marre des manoeuvres de Gangster de son ex-patron Suge Knight et quitte Death Row Records pour le No Limit Records de Master P. Il en profite pour passer un gros coup de Photoshop sur ses pochettes d'album et ainsi les faire ressembler le plus possible à l'intérieur d'un dictateur du Moyen-Orient fan d'Huggy Les Bons Tuyaux. -10 points

1999 : Il sort son deuxième album chez No Limit mais laisse tomber le Photoshop et l'esthétique "pimpo-lybien" et retrouve ses pitbulls et Dr Dre pour quelques titres. +5 points

2000 : Il déclare "I keep hearing about mutha fucking Harry Potter. Who is this muthafucker?" -10 points

2001 : Il produit avec Larry Flynt le film porno SNOOP DOGG'S DOGGYSTYLE. A défaut de vendre son cul comme ses actrices, il a juste décidé de vendre sa gueule pour la pochette et ses chansons pour mettre un peu de peps aux orgies en bord de piscine. +10 points

2003 : Il sort le single "Beautiful" avec Pharrell Williams et exprime un certain intérêt pour la monogamie et regarder CLUELESS avec sa douce. -40 points

2004 : Il commence à frayer avec des lesbiennes en apparaissant dans un épisode de THE L WORD. -10 points

2005 : Il double un chien dans le film RACING STRIPES avec Frankie Muniz dans le rôle d'un zèbre. -30 points

2006 : Il est arrêté à l'aéroport d'Heathrow pour avoir saccagé un dutie-free après que son entourage se soit vu refusé l'accès au salon de première classe. Dans le salon de classe éco, il n'y a pas de cacahuète et il y a de quoi être en rogne. -20 points

2007 : Il est au centre de l'émission de télé-réalité FATHER HOOD qui le suit dans sa vie quotidienne avec sa famille. On y voit Snoop qui fait du yoga, Snoop qui apprend le soccer à ses enfants, Snoop qui fait le ménage et dit à l'aspirateur "man, this is some real hardcore shizzle!" -50 points

2008 : Il joue dans le film de Bollywood SINGH IS KING, dans un épisode du soap opera ON NE VIT QU'UNE FOIS, déclarant que c'est une de ses séries préférées depuis qu'il est tout petit, et participe à l'émission de Martha Stewart. -30 points mais bonus de +10 points pour Martha Stewart : les nouveaux real gangstaz ne sont pas en bleu ou en rouge mais en col blanc (elle a passé quelques mois dans une prison fédérale pour fraude sur des transactions financières en 2004!)

2010 : Il kiffe les California Gurls avec Katy Perry et se fait niquer sa mère par un soutif' crachant de la chantilly, visite Sea World et, comme dirait les Black Eyed Peas, a "the time of his life". -40 points Mais il collabore aussi au titre "Kush" de Dr Dre. Heureusement qu'il est là celuil-là. +10 points

2011 : Il devient un Na'Vi, déclare "Lady Gaga makes Good Shit", travaille avec David Guetta sur un morceau qui repique un vieux morceau transe de 1992 et se met à rapper avec une marmotte (ou un truc qui y ressemble) pour une compagnie aérienne néo-zélandaise. -70 points


CONCLUSION : Avec -75 points de Street Cred' en mars 2011, on peut en conclure que Snoop a définitivement atteint son but en devenant ce que ses parents avaient prévu, à l'origine, pour lui : Snoop est devenu un personnage de dessin animé ! A titre de comparaison, Oui Oui, selon une étude récente, cumule à -70 points de street cred'...




21 mars 2011

Let's Go To The Mall

1990. L'Amérique écoute les New Kids On The Block, Jon Bon Jovi, Vanilla Ice et Roxette. Elle n'a pas encore fait vraiment connaissance avec le grunge et le gangsta rap. Bill Clinton n'est pas encore Président. L'Amérique vit encore dans les années 80. D'ailleurs, techniquement, elle y est toujours. Les calendriers ont seulement désormais deux neufs l'un à côté de l'autre. Tout le monde danse sur le "Gonna Make You Sweet" de C+C Music Factory et le "The Power" de Snap pour oublier la guerre en Irak. Les permanentes et les mulets sont portés fièrement, tout comme les T-Shirts Batman, les vestes en jeans, les Marcel fluos et les jeans bien moulants au niveau de l'entre-jambes. Tout le monde se donne rendez-vous au Mall...

Cela et bien plus, avec son oeil naturaliste, Michael Galinski l'a photographié dans toute sa splendeur et l'a figé dans le temps... Magique.





16 mars 2011

Notebook Song #8 : Open Your Eyes

A l'heure de YouTube, le clip vidéo n'a plus guère qu'une seule utilité : faire parler de soi - qu'on soit une pop star multimillionaire ou à un groupe rock débutant. La forme change - racoleur pour la pop star, inventif et bricolo pour le groupe rock - mais le but est identique : faire la promotion de sa musique. Le clip est devenu une pub.

A l'heure de MTV, c'était une autre affaire. A l'époque où la chaîne ne diffusait pas que de la télé-réalité, le clip servait à sublimer la musique en ajoutant une couche de "visuel". Au delà de la pochette de disques et de la musique elle-même, le clip était utilisé par les artistes (et leur maison de disques) comme une manière de faire de musicos anonymes des pop stars, de celles qui font rêver et fantasmer - comme le faisaient les stars de cinéma. Ce n'est pas pour rien que les artistes ayant le mieux exploité les clips sont ceux qui, aujourd'hui, survivent le mieux aux modes. Madonna, d'album en album, de clips en clips, maintient l'intérêt en changeant d'univers, en devenant une prêtresse gothique un jour, une cowgirl un autre. Elle change de rôle comme le ferait n'importe quelle actrice soucieuse de ne pas être catégorisée dans un seul et même rôle - façon unique de maintenir sa carrière à flot. Et de cette façon, le musicien devient une icône, un fantasme qui s'installe profondément dans le cerveau - peu importe son niveau de notoriété.

Outre l'aspect commercial évidemment inévitable, les clips avaient pour but ultime de sublimer ce qui ne l'est pas forcément à la base (et tant mieux si les deux étaient combinés), de vous faire aimer une musique que vous n'auriez pas forcément su apprécier sans la vidéo. Bref, la vraie définition du clip - en tous les cas comme ma génération l'appréhende. Ce genre de clips, on en voit plus des masses ces dernières années.

Mais des fois, on tombe sur des trucs comme "Open Your Eyes" de Snow Patrol. Quand je l'ai entendu sur l'album, cette chanson, je ne l'aimais pas particulièrement. Elle ne me faisait ni chaud ni froid. Puis j'ai vu le clip et là j'ai vraiment entendu.

Lorsque vous regardez les 8'40" du court-métrage de Claude Lelouch C'ETAIT UN RENDEZ-VOUS, vous voyez un truc un peu monotone rythmé par le seul bruit du moteur de la Mercedes au centre du film. Mais vous avez la force du concept et de l'image. En le réduisant à 5'51" et en y superposant la fameuse chanson de Snow Patrol, vous avez quelque chose qui ressemble à du suspense, quelque chose qui vous fait vous accrocher à ces quelques minutes d'images et de musique pour attendre le dénouement - d'une simplicité assez bouleversante.

La musique vous fait ressentir l'intensité de l'image. L'image vous fait ressentir la mélancolie de la musique. Chacun sublime l'autre. Vous avez un clip. Un vrai.

"Open Your Eyes" ne correspond ainsi à aucun moment de ma vie - comme les autres Notebook Songs. Quand je l'entends, elle ne réveille pas en moi de la nostalgie, de la tristesse, de la mélancolie d'un moment passé ou tout autre émotion que vous associez souvent à une chanson pop. "Open Your Eyes" me fait juste penser à un rendez-vous. Un simple rendez-vous. C'est souvent à cette chanson que je pense quand je rejoins quelqu'un que j'aime, quelqu'un à qui j'ai envie de plaire plus que tout. Cette chanson me fait penser aux battements de mon coeur, à la pression, à la peur de ne pas arriver à l'heure, à l'espoir que ça se passe bien.

Et elle me fait penser à ça juste par la grâce de ce clip...





11 mars 2011

La Vie et la Mort de Justin Bieber

Nous allons bientôt fêter un anniversaire que certains préféreraient oublier. Cet anniversaire, c'est les deux ans de la sortie du premier single de Justin Bieber, "One Time". Deux années durant lesquelles il s'en sera passé des choses. Un million d'exemplaires vendus aux Etats-Unis, six singles (dont "Baby" vendus à 2 millions d'exemplaires aux Etats-Unis), un album, un biopic documentaire (!) et une petite amie célèbre plus tard, le minet à mèche fait toujours autant mouillé la culotte des adolescentes pré-pubères.

Mais il n'y a bien que d'elles. Au mieux le Bieb' vous indiffère profondément. Au pire, vous avez juste envie de lui défoncer son crâne de minet. Mais c'est l'ordre des choses : les vingtenaires et trentenaires ont toujours envie de défoncer la gueule des minets de 16 ans - célèbre ou pas, tout simplement parce qu'ils leur rappellent Kevin, 15 ans et demi, qui était le seul de la classe à ne pas avoir d'acné et par conséquent avait toutes les filles à ses pieds. Et ce genre de souvenirs est toujours très douloureux...

Mais l'idée même de cet anniversaire m'a fait penser à quelqu’un. Il m'a fait penser à Jason Donovan. L'idole de mes jeunes années. Il ne me faisait pas mouiller mon slip mais, comme toute bonne idole des jeunes, a rempli mes oreilles de pré-ado boutonneux de plaisir - même si le bon ton musical de l'époque aurait voulu que j'écoute, par exemple, le premier album de Nirvana, "Bleach" ou celui des Stone Roses. Car à 11 ans, vous n'en avez pas grand chose à carrer des arrangements, de la critique et du bon goût. Ce qui sonne bien à vos oreilles est largement suffisant. Entre "Too Many Broken Hearts" et "I Wanna Be Adored", il ne faut pas chercher très loin ce qui va plaire à un garçon pas encore sorti de l'enfance. Et ceux qui diront qu'ils étaient fans du groupe de Ian Brown à 11 ans sont juste des menteurs. Donc quelque part, je les comprends toutes ces adolescentes. J'ai du mal à comprendre l'hystérie mais l'engouement je le comprends - même si, en toute objectivité totalement partiale, "Especially For You" avec Kylie Minogue était vachement mieux que cette saleté auditive qu'est "Baby" !

Mais cet anniversaire m'a surtout fait penser aux trois années que dura l'heure de gloire du blondinet australien. Entre 1988-1991, il y a eu certes 13 singles dont 4 n°1 en Angleterre et deux albums vendus à plusieurs millions d'exemplaires mais tout le reste n'est que flops, tentatives de come-back, drogues et émission de télé-réalité. Et là, vous comprenez où je veux en venir...

Plus qu'un an !

C'est ce que j'ai voulu vérifier. D'après l'expérience des illustres aînés du Bieb', j'ai voulu voir combien de temps, en moyenne, les teen stars mâles de la pop (des années 90 à maintenant) restaient des idoles des jeunes et surtout combien de temps le monde doit se les coltiner (à haute dose) après leur début.

New Kids On The Block
Leur premier album éponyme est un énorme flop en 1986. Ce n'est que deux ans plus tard que le groupe explose à la faveur du hit "You Got It (The Right Stuff)" et de l'album "Hangin Tough" qui se vend à plus de 16 millions d'exemplaires dans le monde. Suivra en 1990 l'album "Step By Step" vendu à 20 millions d'exemplaires. Autant dire que les New Kids, entre 1988 et 1990, vous en entendiez beaucoup parler. Le cri des adolescentes en blousons en jean résonnent encore dans certains mall de l'Amérique. Avec leurs 40 millions d'albums, leurs T-shirts, leurs oreillers, leurs poupées, leus comic books ou leur dessin animé, les New Kids font passer le Bieb', avec ses 2 millions d'albums et son biopic, pour le loser de la bande. SI vous aviez entre 10 et 15 ans à cette époque, il est possible qu'elle vous apparaisse avoir durée des siècles. Après tout, en deux ans les New Kids ont sorti 12 singles alors que le Bieb', sur la même période de temps, en a sorti moitié moins (d'où le côté très énervant d'entendre toujours la même chanson). Mais tout ça a été très éphémère, les New Kids ayant été balayé du paysage pop mondial dès 1991 quand le grunge puis le gangsta rap sont devenus les musiques dominantes de la population acnéïque. Résultat : 2,5 ans.

Hanson
Avec leur pop-rock teen post-grunge, les frères Hanson, après deux albums sortis en indépendant, ont atteint le succès à l'été 1997 avec la sortie de leur album "MIddle of Nowhere" qui se vend à 10 millions d'exemplaires dans le monde grâce, notamment, à l'imparable single MMMBop, une des chansons les plus jouée des années 90 (un sketch du Saturday Night Live les montre même pris en otage par Helen Hunt et Will Ferrell voulant les forcer à écouter leur propre chanson encore et encore). Mais ça n'ira pas beaucoup plus loin - même si le groupe continue encore aujourd'hui à enregistrer et à sortir des albums. Les 5 singles de l'album auront suffit à enterrer le groupe qui a clairement souffert d'une sur-exposition médiatique sur une courte durée et surtout d'un manque d'intérêt de leur maison de disques qui ne souhaitait clairement faire qu'un coup marketing avec des blondinets à cheveux longs. Résultat : 1 an

Backstreet Boys
Après une période d'essai en Europe durant l'année 1996 où ils vendent 11 millions d'exemplaires de leur premier album, le boys band de Floride revient au pays pour en vendre 14 millions. Le rap gansta est en fin de vie dans les charts et le grunge est mort. Fini les chemises en flanelle et les jeans troués, place aux chemises flashy ouvertes sur des corps pré-pubères. La deuxième moitié des années 90 est celle des boys band. Sorti l'année suivante, le deuxième album des Backstreet fait donc jeu égal avec le premier. Le troisième "Millenium", sorti en 1999, double même la mise avec ses 40 millions de ventes. Autant dire que ce que vous subissez aujourd'hui avec le Bieb', c'est de la gnognote. "Black & Blue", leur album de 2000, cumule lui-aussi à 24 millions. Vous avez fait les comptes ? 111 millions d'albums vendus entre 1996 et 2001 ! Résultat : 5 ans

Jesse McCartney
Si l'on compte ses années dans le groupe Dream Street et ses années solo, le blondinet a sorti quatre albums qui se sont vendus correctement. Mais ce n'est strictement rien comparé à Bieber et donc aux autres pré-cités. Il a eu un gros hit "Beautiful Soul" en 2004 mais même avec ça, il n'a jamais ameuté d'énormes cohortes de fans à appareils dentaires. Pire encore, il n'a jamais réellement connu le succès hors de son pays natal. Résultat : 0,5 ans

N Sync
Forcément, les amis Backstreet Boys, avec leurs affolants chiffres de ventes, ont fait des émules dans la deuxième parties des années 2000 parmi les producteurs à gros cigares en recherche de jeunes garçons sans poils sur le torse. Ils ont alors trouvé chez Justin Timberlake, JC Chasez et ses copains les voix d'anges idéales pour former N Sync et chanter leurs pop songs sucrées qui feront mouiller la culotte des jeunes filles. Ils ne se sont pas trompés à l'exception d'une chose : "le reste du monde". N Sync a vendu 56 millions d'albums entre 1997 et 2002 mais la grande majorité dans les pays anglophones - leur plus gros hit mondial restant "Bye Bye Bye". Et avec la volonté de Justin de s'émanciper, le groupe n'a pas fait long feu. Résultat : 5 ans

Aaron Carter
Surfant sur la vague du succès de son frère, un des membres des Backstreet Boys, Aaron n'a que 10 ans quand il sort son premier album qui remporte un succès d'estime - surtout en Europe. Mais ses deux albums suivants cartonnent aux Etats-Unis et c'est bientôt les à peine pubères Lindsay Lohan et Hilary Duff qui se le disputent - sans compter les millions de fans qui hurlent son nom. Elles feront sa gloire au début des années 2000. Gloire des plus éphèmères : il fait désormais plus la une pour ses liaisons avec des playmates que pour ses prestations scéniques devant des fans hystériques. Résultat : 2 ans

Jonas Brothers
Après un premier album dans le registre pop chrétienne, les Jonas Brothers se sont "émancipés" sous le contrôle du Saint Mickey Mouse avec trois albums vendus à quelques petits millions d'exemplaires dans le monde. Largement de quoi faire hurler les fans quelques temps mais rien de vraiment transcendant, d'autant qu'avec leur anneau de pureté assez fièrement exhibé les jeunes filles n'ont pas beaucoup de quoi fantasmer. Résultat : 2 ans


En gros, ça vous fait une moyenne de 2,5 ans avec des raisons très diverses pour expliquer leur disparition de la scène médiatique et/ou musicale : la fin d'une mode et l'arrivée d'une nouvelle, disparition des joues roses, séparation. Mais une raison surpasse largement les autres : le vieillissement de la cible. Comme je le disais plus haut, passe encore d'écouter de la merde à 11 ans. Les seuls à vous le reprocher, c'est des trentenaires jaloux et aigris d'avoir perdu leur candeur d'antan et ne voulant pas avouer que c'est quand même vachement plus agréable d'écouter une mélodie bien putassière d'une pop star multimillionnaire que les expérimentations "adorées par la critique" d'un groupe de shoegaze qui crève la dalle dans son studio miteux de Brooklyn. Mais à 17 ans, la crise d'adolescence venue, avec le besoin de se différencier du commun des mortels, de faire partie d'une "bande", c'est une autre affaire. Avec l'âge, on ne veut plus écouter les mêmes merdes qu'avant. On devient rebelle, cynique et fans d'Arcade Fire. Peu importe que les minets à mèches pré-pubères vieillissent avec vous, ils nous intéressent plus. Et ils disparaissent... A moins d'être Justin Timberlake et gagner des points de street cred' en mettant à poils une star du R&B vieillissante devant des milliards de téléspectateurs ! Mais ça, c'est une autre histoire...


03 mars 2011

Faut-il détester Ashton Kutcher ?

Quand vous tapez "hate ashton kutcher" dans Google, vous avez 3,9 millions de résultats. Autant dire que le mari de Demi Moore cumule sur lui une bonne partie de la haine déversée chaque jour sur l'interweb. Pour vous faire une petite idée, à titre de comparaison "hate justin bieber" cumule à 1,4 millions de résultats. Vous saisissez l'ampleur du phénomène ? Si vous n'êtes toujours pas convaincu, jetez un oeil à ce sketch/poésie de Dave Chapelle sobrement intitulé "Fuck Ashton Kutcher".

J'avoue. Moi-même, dans un récent article sur Natalie Portman, je faisais preuve d'un certain mauvais esprit quant aux capacités d'Ashton à faire un vrai héros romantique face à une Natalie Portman que je n'arrive toujours pas à percevoir comme autre chose qu'une petite chose fragile qui mérite le meilleur et non un acteur dont les derniers faits d'arme se nomment VALENTINE'S DAY et KISS & KILL. Je me disais : les dernières lèvres que ce minet à embrasser au cinéma sont celles de Katherine Heigl. Comment peuvent-elles se poser juste après sur celles de la douce Natalie? La Nature, à qui l'on fait certes beaucoup de misère, est capricieuse ces derniers temps mais permettre une telle anomalie n'était pas possible. Qu'il embrasse, je sais pas, Kate Hudson. Ou Sandra Bullock. Mais Natalie ?! Dans ma tête, c'était comme si on permettait à un beau cygne blanc et gracieux (référence!) de s'accoupler avec un canard boiteux.

Puis j'ai vu l'objet de mon grief. NO STRINGS ATTACHED (Sex Friends en VF). La bande-annonce était absolument désastreuse, l'opposé de drôle et la quintessence du trailer de comédie romantique hollywoodienne sans charme. Le film ne ressemble pas du tout à ça. Pas du tout. C'est au contraire une des comédies romantiques les mieux écrites qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années. C'est une comédie romantique à la fois crue et touchante qui parvient à éviter une bonne partie (mais pas tous) des clichés attendus dans ce genre d'exercice. Et tout le mérite ne revient pas qu'au classieux générique composé de Natalie Portman, Kevin Kline, Ivan Reitman et de la délicieuse scénariste Liz Meriwether (sur lequel j'avoue avoir un petit crush) dont la série CHICKS WITH DICKS mettra en scène Zooey Deschanel. Le mérite revient aussi à Ashton Kutcher.

La première fois que le monde fait la connaissance d'Ashton, c'est en 1998 dans la série THAT 70's SHOW. Dans le rôle du beau gosse niais, il n'est à coup sûr pas le personnage le plus fin et intéressant de l'histoire de la télé mais il est à coup sûr un des plus drôles. Il y a quatre ans, dans un billet, j'avais même mis son Kelso dans un liste de "mes meilleur(e)s ami(e)s de télé". Au tournant des années 2000, je ne vais pas vous mentir, dans la vie, j'aurais aimé être Ashton Kutcher. Pour la série mais aussi et surtout parce qu'il est parallèlement un des deux héros de ET MEC ELLE EST OU MA CAISSE? Et là, j'ai juste envie de dire : les vrais savent! Ils savent que c'est un des films les plus drôles de ces dix dernières années, un film qui a juste inventé toute la comédie des dix années qui vont suivre (THE HANGOVER, ça te dit quelque chose ?). Ils savent aussi que Ashton y est merveilleux.

Hollywood nous a habitué à faire des beaux gosses les héros de ses films d'action et de ses romances, réservant aux gros et aux moches les héros de ses comédies. Mais Ashton Kutcher, à l'époque, était le beau-gosse drôle, une sorte d'anomalie de la nature (encore une!) très rafraîchissante. Il suffit de voir le nombre d'articles ces derniers mois sur Olivia Munn, l'humoriste américaine à la plastique de déesse s'illustrant régulièrement dans le Daily Show de Jon Stewart pour comprendre que beauté et humour sont à la pop culture ce que Elephant Man était à la médecine du 19e siècle. Et niveau humour, Ashton le beau gosse a montré qu'il avait de quoi faire dans THAT 70'S SHOW, dans ET MEC ELLE EST OU MA CAISSE, dans WHAT HAPPENED IN VEGAS et dans quatre très bons épisodes du SATURDAY NIGHT LIVE. Il a une de ces désinvoltures, un de ces charmes mutins, un de ces rythmes qui font les grands acteurs comiques. C'est la première raison d'AIMER Ashton Kutcher.

Sauf qu'avec les années, Ashton n'est pas devenu Paul Rudd, James Franco ou Owen Wilson. Vous savez, le bon copain, le type sympa et sexy que l'on aime retrouver dans ces comédies et romances préférées. Il est devenu le sale gosse. Dans l'émission de caméra cachée PUNK'D, Ashton transforme ainsi son personnage de gentil ahuri en ahuri hystérique à tendance sadique. De meilleur pote sympa et charismatique qui vous rendrait la vie au lycée ou à la fac plus facile, il passe à capitaine de l'équipe de foot qui vous martyrise à coup d'humiliation gratuite. Avec ses casquettes Van Nuys de travers et son insupportable excitation, Ashton devient un douchebag, une caricature de jeune acteur hollywoodien arrogant et sûr de lui qui a l'impression d'avoir le monde à ses pieds parce qu'il rend ses amis les stars ridicules aux yeux du monde. C'est la première raison de DETESTER Ashton Kutcher.

D'autant qu'en 2005, alors que l'émission est à son pic d'audience, il épouse Demi Moore, son aîné de 16 ans, attirant sur lui toute une série de moqueries. Mais comment le détester pour ça ? En jetant un petit coup d'oeil à ça, vous avez plus envie de faire du minet votre role model que votre tête de turc. Reste que la même année, une rumeur veut qu'il ait été si mauvais durant le casting de ELIZABETHTOWN de Cameron Crowe qu'il aurait perdu un rôle qui lui avait été presque promis. Son image, déjà fortement dégradée, en prend un coup - le placant dans la catégorie des acteurs "bas de gamme" que l'on ne peut employer que pour des films "moyens" sans réels ambitions artistiques (MON BOSS SA FILLE ET MOI avec Tara Reid, COAST GUARDS avec Kevin Costner, GUESS WHO avec Bernie Mac, JUST MARRIED, KISS & KILL avec Katherine Heigh, VALENTINE'S DAY...).

Mais tout amateur de films hollywoodiens dits "moyens" sait qu'ils cachent souvent beaucoup de petites perles. Et ces petites perles, Ashton Kutcher a su en dénicher quelques unes - à défaut d'attirer du monde dans les salles. La preuve d'abord avec L'EFFET PAPILLON (dont il est également producteur), un apparent thriller fantastique sans grade sous lequel se cachait un drame extrêmement poignant et sombre sur la responsabilité et les conséquences de ces actes. La preuve ensuite avec 7 ANS DE SEDUCTION, une comédie romantique avec Amanda Peet qui pourrait ressembler à toutes les autres mais sous laquelle se dissimulait une version 2.0 (presque aussi touchante) de QUAND HARRY RENCONTRE SALLY sur les tourments sentimentaux et professionnels des vingtenaires. Deux films auxquels il faut donc désormais rajouter SEX FRIENDS. Des films qui sont bons grâce à leurs scénaristes et réalisateurs évidemment mais aussi en grande partie grâce à leurs acteurs et en particulier à Ashton Kutcher.

Dans ces films, le minet arrogant de MTV et des tabloïds se transforme en héros romantique qui brille par son incroyable naïveté et candeur. Il m'a fallu voir SEX FRIENDS pour m'en rendre compte à nouveau. Dans ces films, contrairement à la plupart de ceux cités deux paragraphes auparavant, Ashton semble presque intimidé, constamment mal à l'aise, peu assuré, comme s'il avait peur de ses partenaires, comme s'il avait peur de décevoir, comme s'il avait peu de jouer. Bref, il est l'opposé total de son personnage médiatique et ça le rend incroyablement touchant. Vous allez me dire que ce sont deux perles trouvés miraculeusement au fond d'un océan de merde. Oui. Sûrement. Mais j'ai envie de croire à une chose : ces films sont le miroir de son âme. Le vrai Ashton Kutcher se trouve dans ces films. Je veux croire que, sur ces bouts de celluloïd de série B sont gravés le petit coeur d'un acteur qui préfère habituellement le cacher derrière la futilité de tweets envoyés à 6,3 millions de personnes. C'est la deuxième raison d'AIMER Ashton Kutcher.

Et donc, si les comptes sont bons, cela fait deux contre une - en attendant que je change d'avis après avoir vu la suite de VALENTINE'S DAY.