16 février 2011

Writer's Room

J'ai récemment découvert une rubrique du site web de The Guardian intitulée Writer's Room. Chaque semaine, le journal expose un auteur et son lieu de prédilection pour écrire. Par exemple, Jonathan Safran Foer explique qu'il a ses habitudes à la Bibliothèque de New York. Mais la plupart des romanciers racontés dans ces colonnes - vieux comme jeune, morts comme vivants - préfèrent écrire seuls, dans des maisons bien capitonnées et sur des bureaux ordonnés. Tous, pour la plupart, racontent qu'ils aiment s'isoler autour de livres, voire de quelques bibelots et oeuvres d'art, mais surtout que rien ne doit venir les distraire - en particulier des gens. Ces pièces doivent être des refuges, des sanctuaires même, dans lesquels on pourrait faire les cent-pas, réfléchir, se parler à soi-même et trouver l'inspiration. Ils semblent tous allergiques au chaos de la vie réelle.

Et j'ai pensé à cette image de Tina Fey. A vrai dire, ce n'est pas une image comme les autres. C'est une publicité - pour American Express. Forcément, l'image est une création à 100%, n'a sûrement rien de vrai. Pourtant. Pourtant, j'arrive pas à m'enlever de la tête qu'il y a une part de vérité dans cette image. Notamment parce que c'est toujours de cette façon que j'ai imaginé Tina Fey travailler. Dans un joyeux bordel. Des idées plein la tête et plein les murs. Regardez un peu tous ces post-it. Je veux dire : comment croire que celle à qui l'on doit les meilleures vannes de l'histoire du SNL, le meilleur teen movie et une des meilleures séries des années 2000, avec toutes les références pop et les scènes d'hystérie que ça comporte puisse se contenter d'un bureau bien tranquille dans une maison isolée de tout bruit et agitation ?

Certains le savent déjà. Certains parce qu'ils m'ont lu. D'autres parce que j'en ai parlé sur Twitter et dans les commentaires. A côté de ce blog (et du travail qui paye les factures), j'écris des scénarios. J'avais pas trop envie de m'étaler dessus mais maintenant que j'ai fait le grand saut (les producteurs tout ça...), je dois laisser ma modestie aux placards et me résoudre à crier aux oreilles de ceux qui veulent bien m'entendre que ce que j'écris, mes histoires, valent le coup d'être lues et, oui, d'être mises sur un grand écran. Et si je dis ça, ici, comme ça, c'est parce que Tina Fey fait partie de ces quelques personnes (ils se comptent sur le doigt d'une main) qui m'y ont poussée. Comme Cameron Crowe, James L. Brooks ou Diablo Cody, Fey est une de mes idoles personnelles, une des cinq personnes dans le monde que j'admire le plus pour son travail et son talent, une personne qui me pousse à me surpasser - en espérant, un jour, qu'on me reconnaîtra ne serait-ce qu'un peu de son talent.

Et donc, en lisant les colonnes du Guardian et en voyant cette photo, je n'ai pu m'empêcher de repenser à la façon dont j'écrivais mes histoires, dont je donnais vie à mes personnages, inventais les situations qui allaient les faire rire, pleurer et tomber amoureux. Et bien, ce n'est pas dans le calme. Certes, c'est souvent après 23h que j'arrive à écrire le plus. Mais c'est toujours avec de la musique dans les oreilles. Si j'ai besoin d'écrire des choses émouvantes, je me mets de la musique de films pour les frissons (l'intégrale de l'oeuvre de Philip Glass ou de Craig Armstrong font souvent l'affaire). Si j'ai besoin d'écrire des grands discours inspirants, Arcade Fire est, par exemple, un moteur des plus efficaces. (Dans le genre, petit conseil entre amis, si vous voulez, vous aussi, écrire, faites-vous une playlist de morceaux pop-rock beaucoup utilisés dans des bandes-annonces type "wake up" de Arcade Fire, "feeling for a moment" de Feeder, "clocks" de Coldplay, "sweet disposition" de Temper Trap, "Unrecorded" de M83 ou "Run" de Snow Patrol. Ces chansons sont tellement vibrantes qu'elles fonctionnent à mort question inspiration).

Mais dans tous les cas, mes idées, mes personnages, ce n'est pas devant mon ordinateur, bien sage, à regarder devant moi mes dizaines de post-it au mur, que je les ai - même si j'ai remarqué avoir d'excellentes idées en regardant fixement pendant plusieurs minutes mon énorme collection de DVD et de CD. Mes "meilleures" idées, je les ai dans le métro, en discutant, en lisant des blogs (écrit par) des filles (les filles, c'est ma principale source d'inspiration! J'adore les filles!). Les seuls endroits "calmes" où j'ai des idées, c'est dans la douche et juste avant de m'endormir. D'où le carnet de notes et le stylo toujours bien en évidence à côté du réveil et dans le sac (pour la douche, je n'ai pas trouvé d'autre solution que ma mémoire).

Avec cette photo, je me dis que j'ai donc un peu de Tina Fey en moi. C'est ce que j'essaye de me dire, au fond de moi, quand j'ai l'impression de ressembler à Barton Fink arrivant à Hollywood parce qu'on me dit que ce serait "marrant" que ce personnage devienne gay ou que cet autre fasse "plus lesbienne". You GO, Glenn Coco!


8 commentaires:

  1. Un peu de musique dans les oreilles pour écrire, ça ne fait effectivement jamais de mal ^_^

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  2. Si je devais écrire un jour, je pense que ce serait toi et des articles comme ceux là qui m'inspirerait.

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  3. @Marion : On m'a déjà fait des compliments mais celui-là, whouh, il va être dur à battre. MERCI est un peu simple comme retour mais c'est là, tout de suite, le seul qui me vient... ;) MERCI donc !

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  4. Intéressant - par exemple, écrire dans une bibliothèque, j'ai jamais pu (à part la NYPublic Library, mais ça tient plus du Hall de gare que de la bibliothèque). Mon lieu de prédilection à moi, c'est le coffee shop: il faut qu'il y ait un brouhaha rassurant et la possibilité d'un bon thé à proximité.

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  5. Love Lost, c'est pas mal aussi comme titre, pour se faire des films dans sa tête. Cela dit j'ai du mal à écrire en écoutant de la musique que j'aime : j'ai tendance à arrêter ce que je fais pour me concentrer dessus.

    Comme j'aime bien avoir un fond sonore, je laisse la télé allumée. J'entrave que dalle à l'intrigue, mais ça me fait marrer quand un mot que je suis en train de taper est en même temps prononcé à l'écran.

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  6. Je ne m'étais jamais posée la question des circonstances de l'écriture! En général, j'ai mon portable sur les genoux, assise sur mon canap dans un fichu bazar de papiers, de livres et de tissus et il est très tard dans la nuit...

    Je ne savais pas que tu étais scénariste :-). Je trouve ça chouette comme métier double vie. Je suis pour les vies parallèles.

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  7. @Magali : bon, scénariste, c'est un grand mot - même si en théorie c'est effectivement le cas. j'écris des scénarios (pour les romantiques comme toi ;-) Et quand ça m'aura rapporté des sous, j'aurais officiellement une double vie :-)

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  8. J'ai la même politique avec ma vie parallèle principale (j'en ai quelques autres dans mes cartons des vies parallèles). Je commence à peine à dire que ce que je voudrais vraiment faire dans la vie est écrire.
    J'ai eu un grand sourire en te lisant, alors comme ça tu écris des histoires pour les filles comme moi! Maintenant je suis plus que curieuse :-))

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