28 février 2011

Notebook Song #7 : I'm Not Scared

J'avais pas encore vraiment les hormones en feu au moment où cette chanson de Eighth Wonder est sortie. 10 ans à peine. Mais il n'y a pas d'âge pour ces petits crush qui rendent la vie plus agréable et intéressante. Et dans le genre, Patsy Kensit, la chanteuse du groupe et accessoirement actrice (un an plus tôt, elle était en effet le love interest de Mel Gibson dans L'ARME FATALE 2) avait ce petit quelque chose que les autres n'avaient pas - à part Kylie Minogue (mais c'est un autre sujet).

Est-ce que mon goût prononcé pour cette chanson écrite par les Pet Shop Boys était entièrement guidé par ma pré-adolescence naissante et mon goût (complètement disparue) pour les anglo-saxonnes blondes ? Ou la chanson en elle-même suffisait à me passionner ? Aucune idée. Je ne me souviens pas vraiment de ce qui se passait dans mon slip à cette époque.

Reste que 22 ans plus tard, "I'm Not Scared" est toujours une super chanson pop que j'aime toujours autant écouté. Quant à Patsy Kensit, c'est une autre histoire... Quitte à s'enticher d'une quadragénaire botoxée, je préfère les brunes. Question de goût.





24 février 2011

Evolution of Style : Hip Hop

Un baggy jean Karl Kane. Une casquette de base-ball. Des Nike Air Jordan. Un sweat-shirt Tommy Hilfiger. Un polo Ralph Lauren. Un coupe-vent Nautica. C'était peu ou prou mon look entre la fin du collège et la fin du lycée. Ca n'enthousiasmait pas forcément mes parents mais, comme tous les parents d'adolescents, ils étaient bien obligés de s'y faire - même si, dans le genre rebelle attitude, il y a pire. Après tout, mes marques fétiches étaient à peu près toutes celles de la bourgeoisie américaine et se dégotaient pour la plupart dans à peu près tous les Mall américains et dans quelques unes des boutiques les plus chics de Paris (de l'époque).

Rétrospectivement, je pense que je devais être ridicule mais c'est le lot de la mode. C'est comme ça que ça marche et c'est aussi ce qui fait son charme. Mais avec ce look que je voyais directement inspiré des clips qui défilaient dans MTV Raps, je m'exposais à un retour de flammes d'autant plus violent qu'il était issu d'une mouvance qui a été en constante évolution pendant près de 30 ans. Lorsque vous aimez le rock, vos cheveux longs, votre blouson en cuir et votre jean slim pourraient à priori être portés dans les années 70, 80, 90 et encore aujourd'hui. Certes les formes ont un peu changés mais la base est sensiblement la même. Mais moi, mon truc, comme vous l'aviez sûrement deviné, c'était la mode Hip Hop. Et c'était donc pas tous les jours faciles. Heureusement pour moi que je n'ai jamais aimé être pris en photo. Il n'y a pas beaucoup de témoignages de ma crise "vestimentaire" d'adolescence.

Quand on est jeune, qu'on veut s'habiller Hip Hop, vous n'allez pas dans les friperies vous faire votre look à 50 euros. Non. Vous allez dans des boutiques spécialisées tellement rares (surtout en 1995) qu'elles en profitent pour gonfler leur marge de 500%. C'est le prix à payer pour être (un des) seuls à porter le dernier coupe-vent Cybertek (marque morte-née en 1995-1996) après avoir vu un clip des Fugees. Ces putains de rappeurs changent de marques fétiches et de looks tellement souvent que vouloir avoir du style 365 jours par an est à la fois un job à plein temps mais nécessite aussi d'avoir un autre job à plein temps à côté - celui-là pour payer la facture.

Personnellement, cette phase n'a pas duré plus de cinq ans. Mais pour celui qui serait dedans depuis 30 ans, voici à peu près ce par quoi il a du passer. Petit historique du style Hip Hop...

1979-1984 : les débuts
Du premier disque de rap, le fameux Rapper's Delight de Sugarhill Gang, au milieu des années 80, le milieu Hip Hop n'est pas encore considéré comme un mouvement assez "structuré" pour amener avec lui ses propres codes vestimentaires. Le style des rappeurs du moment, de Afrika Bambaataa à Grandmaster Flash, emprunte donc aux autres syles musicaux, celui des stars du funk, de la disco, de la soul et même du rock. Les looks hauts en couleurs de Parliament ou KISS servent ainsi souvent de modèle. Mais le style dépouillé marche aussi à l'image de Kurtis Blow qui, sur la pochette de son premier album éponyme culte, est torse-nu ! Démonstration en vidéo avec Grandmaster Flash en concert au Tube en 1983.

1984-1988 : la nouvelle école
Le mouvement n'est pas encore mainstream mais les premières stars commencent à émerger avec l'arrivée des clips. Run DMC sortent leur premier album en 1984 et amènent avec eux leur marque favorite, à savoir Adidas, qui devient, avec ses modèles à 3 bandes une marque emblématique de toute la nouvelle scène Hip Hop. Comme LL Cool J qui, de son côté, porte exclusivement des survêtements Coq Sportif, ils popularisent également les bonnets et bobs Kangol, une vieille marque anglaise des années 40 qui connut son heure de gloire dans les années 60. Côtés accessoires, les grosses lunettes carrés Cazals ou Gazelles sont légion, tout comme les phat laces qui ornent les sneakers Pro-Keds, un style directement inspirés des break-dancers. Démonstration en vidéo avec le clip de It's Tricky de RUN DMC (1986) et celui de I Need Love de LL Cool J (1987).

1987-1991 : l'âge d'or
A la fin des années 80, avec les 9 millions d'exemplaires écoulés du Licensed To Ill des Beastie Boys, le Hip Hop commence à devenir mainstream et les signes de richesse commencent à apparaître sur le dos des rappers. Alors que les premières filles à se mettre au Hip Hop, comme Salt N Pepa et Roxanne Shanté, revendiquent fièrement leur féminité avec un look ultra sexy et popularisent leurs Door Knockers Earrings, de grosses et lourdes boucles d'oreilles dorées, les hommes, comme Big Daddy Kane, Run DMC et Slick Rick, de leur côté, commencent à se mettre aux chaînes en or, ouvrant la porte à l'ultra-virilité du Hip Hop. Démonstration en vidéo avec le clip de Ain't No Half Steppin' de Big Daddy Kane (1988).

1989-1991 : le retour aux racines
Parallèlement à cette apparition du matérialisme pur et dur dans le mouvement, beaucoup de rappeurs utilisent le Hip Hop pour faire valoir leurs droits et revenir à des thèmes beaucoup plus politisés et sociaux, à l'image de Public Enemy, Queen Latifah, A Tribe Called Quest, KRS-One, X-Clan, De La Soul ou Jungle Brothers. Dans la mouvance du nationalisme noir, ces groupes remettent au goût du jour les couleurs Vertes, Rouges et Noirs, les couleurs historiques du mouvement prônant le retour aux racines africaines (voir les pochettes d'albums All Hail The Queen de Queen Latifah ou The Low End Theory de A Tribe Called Quest, par exemple). Les dreadlocks sont de plus en plus présentes dans les clips tout comme les Blousy Pants, largement popularisés auprès du grand public par MC Hammer, mais aussi tous les symboles égyptiens et les vêtements à motifs Kente. Des marques aux motifs très colorés et purement afro-américaines comme Cross Colours prospèrent. Démonstration en vidéo avec le clip de Funkin Lesson de X-Clan (1990).

1989-1993 : la démocratisation
Sous l'impulsion de rappeurs "grand public" qui déclinent leurs personnalités sur petit (Le Prince de Bel Air) comme sur le grand écran (HOUSE PARTY avec Kid N Play), le style Hip Hop commence à rentrer dans l'inconscient collectif. Nike, en grande partie grâce à Michael Jordan, remplace largement Adidas dans le coeur des B-Boys et la basket (montante) prend le pas sur la tennis (basse). A l'image de la pochette du premier album de TLC ou de l'esthétique du film culte de Spike Lee DO THE RIGHT THING, les couleurs flashy et le look ultra sportswear prédominent. On porte par exemple beaucoup de produits dérivés des équipes de basketball et de baseball comme les chemises jersey ou les blousons Starter des équipes de foot (qui, à cause de leur prix exorbitant, deviennent des denrées très recherchées par les racketteurs). La casquette, même si déjà présente, remplace les bob Kangol et devient vraiment l'accessoire emblématique du rappeur. Mais c'est surtout le baggy jean - propulsé par des designers afro-américains comme Karl Kani - qui fait son apparition. Il est largement popularisé en 1992 par Kris Kross qui ont la savante idée de le porter à l'envers. Démonstration en vidéo avec le clip de What About Your Friends de TLC (1992) et celui de Summertime de DJ Jazzy Jeff & The Fresh Prince (1991)

1991-1995 : la côte est
Mais à force de couleurs de plus en plus flashy et d'exubérances vestimentaires de plus en plus ridicules, le rappeur, au tournant des années 90, est devenu une caricature, un bouffon tout juste bon à amuser l'Amérique profonde en prime-time. En réaction, des rappeurs de la côte est, à la musique beaucoup plus agressive, comme Naughty By Nature, Onyx ou le Wu-Tang Clan adoptent un look à l'opposé total. Le noir, le gris et le marron sont de rigueur. Les vestes et pantalons militaires noirs accompagnés de sweet à capuches et de doudounes très amples font leur apparition - servant souvent de merchandising (les logos Wu-Tang Clan et Naughty by Nature inondent les rues dans la première partie de la décennie 90). Côté chaussures, les grosses boots type Timberland deviennent la norme. Des marques comme Caterpillar ou Carhartt sont également sorties de leur usage traditionnelle de vêtements d'ouvriers de chantiers pour faire leur apparition sur les pochettes de disques et les clips. Démonstration en vidéo avec le clip de CREAM du Wu-Tang Clan (1993) et de Down With King de Run DMC (1993)

1991-1996 : la côte ouest
Mais le look "d'hiver" qu'arborent les rappeurs newyorkais n'est pas très adapté au soleil californien. Pour les B-Boys, dès les premiers rayons de soleil, le look à adopter est celui des stars de Long Beach, Compton et Watts qui envahissent les charts avec leurs son funky. Aux jeans épais et aux grosses boots, des rappeurs comme Eazy-E, Dr Dre, Snoop Dogg ou Warren G leur préfèrent ainsi les chinos beige Dickies portés sur des Converse Chuck Taylor et des chemises à carreaux - sans oublier le bandana (bleu ou rouge) objet fétiche des gangsters Crips et Blood. Démonstration en vidéo avec le clip de What's My Name de Snoop Doggy Dogg (1993) et celui de Real Compton City G's de Eazy-E (1993)

1994-1997 : l'embourgeoisement
En mars 1994, Snoop Doggy Dogg porte une version XXL d'un sweat-shirt Tommy HIlfiger. Deux jours plus tard, les stocks d'une des marques les plus emblématiques de la bourgeoisie américaine sont pris d'assaut dans les grands magasins. Au beau milieu de la décennie 90, les rappeurs, qui s'embourgeoisent, s'approprient toute une série de marques "de prestige" qui jusqu'à présent habillaient les golfeurs, les joueurs de polo, les tennismen ou les plaisanciers - en gros, tous les sports les plus "blancs" du monde. Ralph Lauren, Tommy Hilfiger, Helly Hansen, Nautica, Donna Karan - et évidemment Lacoste en France - deviennent les marques fétiches des rappeurs qui commencent - sous l'influence certaine d'un certain Puff Daddy - à étaler leur richesse et à se montrer, non plus comme des héros du ghetto mais comme des nouveaux riches. Démonstration en vidéo avec le clip de Loungin de LL Cool J (1996).

1995-2010 : les marques Hip Hop
Après s'être approprié, pendant près de 20 ans, toute une série de marques de sportswear, les rappeurs qui, désormais, dominent les Charts et les playlists des radios du monde entier, se mettent au business et adoptent une stratégie 360° de conquête des marchés. Les rappeurs se font donc les ambassadeurs de marques purement Hip Hop, à l'image de LL Cool J avec FUBU ou Fabolous avec Akademiks. Et c'est juste quand les personnalités du rap game ne sont pas eux-mêmes les créateurs de la marque, comme le Wu-Tang avec Wu-Wear, Puff Daddy avec Sean John, Russell Simmons avec Phat Farm, Damon Dash et Jay-Z avec Rocawear ou 50 Cent avec G-Unit Clothing. Dans la lignée de Karl Kani, de toutes nouvelles marques comme Ecko ou Enyce font également leur apparition avec des looks destinés intégralement aux B-Boys. Démonstration avec un documentaire sur la création de FUBU.

1997-2005 : le bling bling
New York puis Los Angeles ont beau avoir dominé le Hip Hop pendant deux décennies, à partir de la fin des années 90, les choses changent. Le sud émerge et, avec lui, un style nouveau. En vendant 1 million d'exemplaires de son 6e album et 4 millions de son 7e, Master P et ses sbires met la Nouvelle Orléans sur la carte du Hip Hop et remet au goût du jour le rococo. Manteaux de fourrures, costumes larges et bariolés, diamants aux doigts, dans les dents et à peu près partout où votre imagination peut en mettre, le mauvais goût "nouveau riche" est érigé en valeur dominante et des marques de luxe comme Versace ou Gucci deviennent les équipementiers officiels de ces rappeurs aux paroles désormais bien claires "Medallion iced up, Rolex bezelled up. And my pinky ring is platinum plus. Earrings be trillion cut". Et avec la bande de Cash Money (Juvenile, Lil Wayne...) qui prend le relais au tournant du millénaire et popularise le terme "bling bling" suivi de celle de Lil Jon quelques années plus tard, le Hip Hop en prend pour près d'une décennie de style "over the top" façon ghetto moite. Démonstration en vidéo avec le clip de Salt Shaker de Ying Yang Twins (2003) et celui de I Miss My Homies de Master P (1997).


2005-2010 : l'alternative
Mais comme l'économie, tout est une question de cycle. Comme la réaction d'un certain nombre de rappeurs au début des années 90 au look clownesque de MC Hammer ou Vanilla Ice, le milieu de la décennie 2000 marque le retour aux basiques et à un style moins tape à l'oeil. Avec la sortie en 2004 de The College Dropout de Kanye West, le look Hip Hop revient aux jeans slim des débuts de Run DMC et LL Cool J, retrouve les grosses lunettes, les baskets montantes tout en gardant les casquettes colorés et autres diamants du bling bling et en faisant revenir le look preppy du milieu des années 90. Bref, le style Hip Hop se veut "à nouveau" alternatif. Moins refermé sur eux-mêmes, les rappeurs, à l'image de Lil Wayne, Kanye West, Pharell Williams, Kid Cudi, Lupe Fiasco, fréquentent les défilés de mode à Paris et mélangent les styles, laissent (plus ou moins) le rococo au placard tout en continuant à étaler leur richesse avec des marques comme Louis Vuitton. Démonstration en vidéo avec le clip The Pursuit of Happiness de Kid Cudi.



16 février 2011

Writer's Room

J'ai récemment découvert une rubrique du site web de The Guardian intitulée Writer's Room. Chaque semaine, le journal expose un auteur et son lieu de prédilection pour écrire. Par exemple, Jonathan Safran Foer explique qu'il a ses habitudes à la Bibliothèque de New York. Mais la plupart des romanciers racontés dans ces colonnes - vieux comme jeune, morts comme vivants - préfèrent écrire seuls, dans des maisons bien capitonnées et sur des bureaux ordonnés. Tous, pour la plupart, racontent qu'ils aiment s'isoler autour de livres, voire de quelques bibelots et oeuvres d'art, mais surtout que rien ne doit venir les distraire - en particulier des gens. Ces pièces doivent être des refuges, des sanctuaires même, dans lesquels on pourrait faire les cent-pas, réfléchir, se parler à soi-même et trouver l'inspiration. Ils semblent tous allergiques au chaos de la vie réelle.

Et j'ai pensé à cette image de Tina Fey. A vrai dire, ce n'est pas une image comme les autres. C'est une publicité - pour American Express. Forcément, l'image est une création à 100%, n'a sûrement rien de vrai. Pourtant. Pourtant, j'arrive pas à m'enlever de la tête qu'il y a une part de vérité dans cette image. Notamment parce que c'est toujours de cette façon que j'ai imaginé Tina Fey travailler. Dans un joyeux bordel. Des idées plein la tête et plein les murs. Regardez un peu tous ces post-it. Je veux dire : comment croire que celle à qui l'on doit les meilleures vannes de l'histoire du SNL, le meilleur teen movie et une des meilleures séries des années 2000, avec toutes les références pop et les scènes d'hystérie que ça comporte puisse se contenter d'un bureau bien tranquille dans une maison isolée de tout bruit et agitation ?

Certains le savent déjà. Certains parce qu'ils m'ont lu. D'autres parce que j'en ai parlé sur Twitter et dans les commentaires. A côté de ce blog (et du travail qui paye les factures), j'écris des scénarios. J'avais pas trop envie de m'étaler dessus mais maintenant que j'ai fait le grand saut (les producteurs tout ça...), je dois laisser ma modestie aux placards et me résoudre à crier aux oreilles de ceux qui veulent bien m'entendre que ce que j'écris, mes histoires, valent le coup d'être lues et, oui, d'être mises sur un grand écran. Et si je dis ça, ici, comme ça, c'est parce que Tina Fey fait partie de ces quelques personnes (ils se comptent sur le doigt d'une main) qui m'y ont poussée. Comme Cameron Crowe, James L. Brooks ou Diablo Cody, Fey est une de mes idoles personnelles, une des cinq personnes dans le monde que j'admire le plus pour son travail et son talent, une personne qui me pousse à me surpasser - en espérant, un jour, qu'on me reconnaîtra ne serait-ce qu'un peu de son talent.

Et donc, en lisant les colonnes du Guardian et en voyant cette photo, je n'ai pu m'empêcher de repenser à la façon dont j'écrivais mes histoires, dont je donnais vie à mes personnages, inventais les situations qui allaient les faire rire, pleurer et tomber amoureux. Et bien, ce n'est pas dans le calme. Certes, c'est souvent après 23h que j'arrive à écrire le plus. Mais c'est toujours avec de la musique dans les oreilles. Si j'ai besoin d'écrire des choses émouvantes, je me mets de la musique de films pour les frissons (l'intégrale de l'oeuvre de Philip Glass ou de Craig Armstrong font souvent l'affaire). Si j'ai besoin d'écrire des grands discours inspirants, Arcade Fire est, par exemple, un moteur des plus efficaces. (Dans le genre, petit conseil entre amis, si vous voulez, vous aussi, écrire, faites-vous une playlist de morceaux pop-rock beaucoup utilisés dans des bandes-annonces type "wake up" de Arcade Fire, "feeling for a moment" de Feeder, "clocks" de Coldplay, "sweet disposition" de Temper Trap, "Unrecorded" de M83 ou "Run" de Snow Patrol. Ces chansons sont tellement vibrantes qu'elles fonctionnent à mort question inspiration).

Mais dans tous les cas, mes idées, mes personnages, ce n'est pas devant mon ordinateur, bien sage, à regarder devant moi mes dizaines de post-it au mur, que je les ai - même si j'ai remarqué avoir d'excellentes idées en regardant fixement pendant plusieurs minutes mon énorme collection de DVD et de CD. Mes "meilleures" idées, je les ai dans le métro, en discutant, en lisant des blogs (écrit par) des filles (les filles, c'est ma principale source d'inspiration! J'adore les filles!). Les seuls endroits "calmes" où j'ai des idées, c'est dans la douche et juste avant de m'endormir. D'où le carnet de notes et le stylo toujours bien en évidence à côté du réveil et dans le sac (pour la douche, je n'ai pas trouvé d'autre solution que ma mémoire).

Avec cette photo, je me dis que j'ai donc un peu de Tina Fey en moi. C'est ce que j'essaye de me dire, au fond de moi, quand j'ai l'impression de ressembler à Barton Fink arrivant à Hollywood parce qu'on me dit que ce serait "marrant" que ce personnage devienne gay ou que cet autre fasse "plus lesbienne". You GO, Glenn Coco!


10 février 2011

Made in 00's #7 : Jay-Z + Kanye West

En matière de Hip Hop, des duos rappeurs/producteurs "officiels" qui ont largement officialisés leur relation sur disques, on en compte des dizaines : DJ Premier/Guru, 9th Wonder/Buckshot, Eric B. & Rakim etc. Et il y a les duos "non officiels", des alchimies tellement magiques sur quelques morceaux qu'ils sont restés gravés à jamais dans la légende : Dr Dre/Snoop Dogg, De La Soul/Prince Paul, Erick Sermon/Redman et plus récemment Kanye West/Jay-Z.

Au début de la décennie, Jay-Z est ainsi passé de rappeur intéressant à légende grâce à West et ses productions. Soudainement, les productions gonflées au sample soul 60's de West semblent avoir été faits pour que THE BLUEPRINT et THE BLACK ALBUM deviennent des classiques instantanés de l'Histoire du Hip Hop. L'alchimie est magique. Ainsi, en dix ans, c'est presque tout juste 30 morceaux sur lesquels les deux se sont associés. Et pour fêter ça, dans quelques semaines sortira WATCH THIS THRONE, un album "officialisant" la relation du duo. Pour la première fois, Kanye West & Jay-Z s'associeront le temps d'un album entier.

L'occasion d'un retour en arrière et d'un top de leur meilleurs titres de la décennie écoulée...

1. Jay-Z - Heart of the City (Ain't No Love)
Sur son sample de "Ain't No Love in the Heart of the City" par Bobby Bland, le morceau est un des plus emblématiques de l'album THE BLUEPRINT qui fit passer Jay-Z dans une catégorie bien à part du Hip Hop américain. Celui des artistes de légende, ceux qui reçoivent 5 Mics dans The Source (seulement 15 albums en 20 ans). Avec la cohérence de son son basé quasi-intégralement sur des samples de soul 60's (principalement concoctés par Kanye West et Just Blaze), THE BLUEPRINT reste, dix ans après, un des albums de rap les plus intemporels, à la fois exigeant et grand public. Même si cette chanson n'a jamais fait l'objet d'un single, elle reste pourtant une des plus connus et symbolique de l'oeuvre de Jay-Z - notamment car elle a été utilisé avec brio sur le trailer de AMERICAN GANGSTER.

2. Kanye West - Never Let Me Down (feat. Jay-Z)
Là encore, un morceau qui n'a jamais servi de single. Mais pour tous les amateurs du premier album de Kanye West (et ils sont nombreux), Never Let Me Down reste un des sommets du disque car il est racontée avec une sincérité assez désarmante - mêlant les couplets ultra personnels de West à l'égotrip pur et dur de Jay. Et cette production... Incroyable !

3. Jay-Z - Do You Wanna Ride (feat. John Legend)
Lettre ouverte à son cousin emprisonné, ce morceau est étonnant par la mélancolie qu'il dégage. Jay y raconte leur enfance dans le ghetto (You know why they call The Projects a project, because it's a project! An experiment, where in it, only it's objects And the object for us to explore our prospects), le succès et tout ce qui s'en suit. Probablement un des plus beaux morceaux de toute la carrière de Jay-Z.

4. Jay-Z - This Can’t Be Life (feat. Beanie Sigel & Scarface)
C'est la première fois qu'ils collaboraient ensemble. Quand on entend le résultat, il est assez facile de comprendre ce qui les poussa à remettre ça aussi souvent par la suite. La fusion entre les samples 60's du I Miss You de Harold Melvin & The Blue Notes utilisé par West et les rimes introspectives et nostalgiques de Jay-Z fait des merveilles. So they can send shots straight to your melon; wait! It gets worse, baby momma water burst. Baby came out stillborn, still I gotta move on. Though my heart still torn, life gone from her womb. Don't worry, if it was meant to be, it'll be - soon

5. TI - Swagga Like Us (feat. Kanye West, Jay-Z, Lil Wayne)
A l'origine conçu pour THE BLUEPRINT 3 de Jay-Z, ce morceau composé autour du sample de MIA "no one on the corner has swagga like us" fut retiré de l'album quand la décision fut prise de supprimer tout auto-tune. Elle se retrouva finalement sur l'album de T.I. et déclencha les passions en revenant à la tradition un peu oubliée du Posse Cuts qui fit les beaux jours du rap des années 90. Quatre des meilleurs rappeurs de la décennie enchaînent leurs vers d'egotrip les uns après les autres et la tuerie est assurée.

6. Kanye West - So Appaled (feat. Jay-Z, Pusha T, Cy Hi Da Prince, RZA & Swizz Beatz)
Champagne wishes, thirty white bitches. I mean the shit is fuckin' ridiculous. Fuckin' ridiculous, I mean the shit is. Fuckin' ridiculous Chanson de son dernier album en date sur la célébrité, Kanye évoque avec une lucidité assez rare dans le rap game ses propres excès, ses dérapages et son goût pour les signes extérieurs de richesse - le tout sur une production incroyable et aidé par quelques rappeurs - anciens comme jeunots - au sommet de leur art.

7. Jay-Z - Never Change
Toujours sur THE BLUEPRINT, ce morceau est encore une démonstration de Kanye West de son savoir-faire en matière de sample. Cette fois sur le Common Man de David Ruffin, il profite de la richesse musicale de l'oeuvre originale tout en la sublimant pour la nouvelle génération grâce aux rimes de Jay-Z qui clame qu'il est toujours ce petit vendeur de drogues new-yorkais de sa jeunesse. Question de street cred' !

8. Jay-Z - Run This Town (feat. Rihanna & Kanye West)
Des paroles un peu vaines mais la puissance de la production de West (sur un sample d'un groupe de rock grecque des 70's !) qui déchire les enceintes avec un beat de marche militaire assez hallucinant. Pas étonnant de retrouver ce morceau dans les bandes annonces de THE FIGHTER ou BROOKLYN'S FINEST. Et un refrain de Rihanna, même si pas très original, est toujours assez sympathique finalement.

9. Jay-Z - '03 Bonnie & Clyde (feat. Beyoncé)
Le sample de Me & My Girlfriend de 2Pac a beau être usé jusqu'à la corde (déjà utilisé par Toni Braxton l'année auparavant et en 1999 par Usher et Mariah Carey), Kanye West arrive pourtant encore à en tirer un titre pop à concept des plus agréables. J'imagine que c'est l'équivalent ghetto d'une sérénade à sa douce et qu'avec ce morceau Jay-Z veut rendre hommage à Cyrano De Bergerac ou à Roméo Montaigu.

10. Jay-Z - Izzo (H.O.V.A.)
Un des plus gros succès commerciaux de Jay-Z, ce morceau officialisa la "relation" de Jay-Z et Kanye West auprès du grand public. Sur un sample de I Want You Back des Jackson 5, le rappeur y raconte ses jeunes années comme dealer de drogues et son combat pour devenir un artiste intègre. Un de ces morceaux qui fit de Jay-Z un rappeur à part.



Et pour terminer en beauté, vous pouvez aller écouter ma playlist Spotify de tous ces morceaux et des autres...


07 février 2011

Charlie Sheen ou le Dernier des Dégénérés

Cette dernière décennie, la presse people a tenté de nous faire croire, à coup de unes fracassantes sur la cellulite de Britney Spears, le gras du bide de Gerard Butler et l'acné de Cameron Diaz, que les stars étaient comme nous. Bien aidée par la télé réalité, les tabloids se sont entêtés à démontrer que oui, les stars font caca, que oui, les stars font des régimes à la con et ont la peau grasse et le cheveux sec, que oui, les stars portent des joggings sans formes pour aller acheter leur café Starbucks moisi au coin de la rue. En gros, le message est clair : la seule différence entre vous et la star, c'est les mecs gras du bide qui prennent des photos de vous quand vous osez mettre le pied dehors.

Une petite différence. Pas tant que ça. Dans la vie de tous les jours, ça ne change rien. Metro. Boulot. Dodo. C'est aussi le lot de la star qui tourne et donc travaille. Certes, elle n'est pas assise derrière un bureau mais la logique est sensiblement la même. La nuit arrivant, c'est une autre affaire. A priori, le soir où vous sortez vous mettre une mine, personne n'est là pour immortaliser l'évènement et le publier le lendemain dans la presse mondiale - à moins d'avoir des copines perverses, toute acquise à la cause de Mark Zuckerberg et donc peu soucieuses de la vie privée, qui balanceront les photos compromettantes sur un Facebook ouvert au monde. La différence de taille entre vous et la star est là : la star, elle, doit être irréprochable moralement.

Si vous prenez les cadors du box-office de ces dix dernières années, que voyez-vous ? Brad Pitt et Angelina Jolie, en couple depuis cinq ans et heureux parents de six enfants (dont trois adoptés). Matt Damon, marié depuis cinq ans et père de trois enfants. Hugh Jackman, marié depuis quatorze ans et père de deux enfants adoptés. Idem pour Will Smith, marié depuis treize ans et père de deux enfants. Quant à George Clooney ou Leonardo Di Caprio, ils ont beau être des célibataires endurcis, ils compensent largement en militantisme politique et social ce qu'ils perdent en stabilité conjugale. Même Johnny Depp qui a passé les années 90 a ruiné les chambres d'hôtels du monde entier n'a jamais eu autant de succès que ces dix dernières années passées à faire le mari aimant et le papa-poule. Bref, la star des années 2000 a été chez les scouts et c'est ce genre de stars que le public veut voir sur grand et petit écran.

Le sensationnalisme de la vie orgiaque hollywoodienne, la drogue, les putes, les partouses, l'alcool, tout ça, le public accepte, s'en délecte même (les années 2010, sous l'influence des blogs et Twitter, marquent clairement un retour à ce type d'infos people - après l'acné, le gras du bide et la cellulite de la décennie précédente). Mais le public refuse que ça transpire sur l'écran. Il veut, d'un côté, ses stars proprette, ses héros aux dents blanches pour rêver au ciné et, de l'autre, ses "stars" déglingués aux dents pourris pour se moquer chez Perez Hilton. Mais les deux mondes ne doivent pas se croiser. "Le Nouvel Hollywood" de Dennis Hopper, Peter Fonda, Jack Nicholson est loin...

Le monde ne veut plus voir sur ses écrans les pervers, les détraqués, les drogués, les rebelles, les voleurs, les alcooliques qui peuplaient "notoirement" autrefois le monde merveilleux des stars mondiales. A cause de ses rehabs et autres frasques, Lindsay Lohan est tellement chère à assurer que les producteurs refusent de l'engager. Winona Ryder, arrêtée en 2001, pour vol à l'étalage, a mis presque dix ans à retrouver un rôle dans une production hollywoodienne (10 minutes dans STAR TREK !). Durant la première partie de la décennie, Robert Downey Jr a passé plus de temps en prison ou en cure de désintox que dans des films à succès. Même Tom Cruise, l'incarnation de la méga-star des années 80 et 90, a été destitué de son piédestal aussi vite qu'il lui en aura fallu pour sauter sur un canapé. Pensez également Meg Ryan, la petite fiancée de l'Amérique des années 90 qui n'a jamais retrouvé grâce aux yeux du public après avoir soudainement quitté Dennis Quaid, son mari de neuf ans, pour une aventure de tournage avec Russell Crowe en 2000.

Et il y a Mel Gibson. Après son "à peine dissimulé" film antisémite de 2005, il avait échappé de peu au lynchage public grâce au succès du box-office. La méga star des années 80 avait même survécu aux diverses arrestations pour conduite en état d'ivresse et autres commentaires racistes et homophobes qui lui ont été attribués depuis le début de sa carrière. Mais les coups de téléphone enregistrés à son insu et divulgués sur Internet en juillet 2010 lui ont été définitivement fatals. Ils sont d'une telle violence que, cette fois, la star ne peut pas échapper à l’opprobre public par des excuses et un communiqué de sa publiciste. Même de la part de "Mad Mel", entendre de ses propres oreilles sa star préférée dire à une femme des trucs comme "When you go out in public and it's a fucking embarrassment to me. You look like a fucking bitch on heat. And if you get raped by a pack of niggers it'll be your fault, all right?", ça ne peut plus passer...

Ouvert d'esprit ou non. Au premier comme au quatrième degré, vous ne pouvez plus différencier le héros de l'acteur et, à raison, ce qui devait arriver, arriva. Il a niqué sa carrière. Plus personne ne veut l'engager. Même pour un ARME FATALE 5, depuis longtemps dans les cartons qui aurait rempli à coup sûr les salles, la Warner Bros. ne veut plus entendre parler de Mel Gibson. Résultat : au lieu d'une suite, L'ARME FATALE 5 sera un reboot - avec des petits jeunes. De la même façon, vous en connaissez, vous, des acteurs qui se se sont vus refuser un caméo dans un film parce que le reste du casting a activement milité contre sa présence sur le tournage. Non. Ca n'existe pas. C'est pourtant ce qui est arrivé à Mel Gibson sur THE HANGOVER 2.

Et Charlie Sheen se pointa au bal...

Depuis près de 20 ans, Charlie Sheen pourrait monopoliser dix personnes de la Brigade des Moeurs sur son seul cas. En 1990, il tire une balle dans le bras de sa fiancée, Kelly Preston, après qu'elle ait rompu avec lui. En 1995, il est cité comme un des principaux clients de la maquerelle d'Hollywood, Heidi Fleiss, lors de son procès. A la fin des années 90, il compte parmi ses petites amies "officielles" deux stars du porno (Ginger Lynn et Heather Hunter). En 1998, il fait une overdose de cocaïne et est envoyé en désintox après avoir violé sa conditionnelle. En 2005, il est accusé par son épouse, Denise Richards, d'abuser de la cocaïne et de l'alcool et de la battre alors qu'elle était enceinte. Bis repetita avec sa femme suivante, Brooke Mueller, cette fois, avec une arme à feu. En 2006, il se revendique membre du 9/11 Truth Movement qui milite pour qu'une enquête soit ouverte sur la "véritable" cause de l'effondrement du World Trade Center. Et faut-il mentionner l'actrice porno, Capri Anderson, retrouvée sanglotante dans la salle de bain d'une chambre d’hôtel newyorkaise complètement détruite après une nuit de débauche à la cocaïne et à l'alcool ? Tout ça nous menant aux évènements de ces derniers jours : une première nuit de débauche avec l'actrice porno Bree Olson à Las Vegas, suivi, quelques jours plus tard par une autre nuit du même type, cette fois, avec l'actrice porno Kacey Jordan. Dernière nuit qui se termina aux urgences, Sheen, 45 ans, se retrouvant bloqué du dos, avec une hernie.

Avec un CV pareil, dans le Hollywood de Will Smith, Charlie Sheen devrait être, au choix, en train de faire la plonge dans un restaurant mexicain (après tout, son vrai nom est Carlos Estevez), en desintox prolongée à l’hôpital public, en train de pousser un chariot dans Skid Row ou mort. Mais non. Charlie Sheen est l'acteur le mieux payé de la télévision américaine : 1,8 million de dollars par épisodes de MON ONCLE CHARLIE, la série comique la plus regardée de la télé US (15 millions de spectateurs chaque lundi). Ça fait 8 ans que ça dure. Mais cette fois, si la Warner accepte volontiers de se séparer de Mel Gibson pour L'ARME FATALE 5, elle n'a pas du tout l'intention d'en faire de même pour Charlie Sheen. Selon The Holywood Reporter, ce coup d'éclat pourrait leur coûter 250 millions de dollars. Mais non. Charlie Sheen passera trois mois en rehab forcée et devrait retrouver son job après. Comme si de rien n'était.

Qu'est-ce que cela veut dire ? Qu'il a des dossiers sur les boss de Warner ? Que la boss de Warner a un vieux fantasme remontant à l'adolescence concernant son rôle court mais mémorable dans LA FOLLE JOURNEE DE FERRIS BUELLER ? Que le succès de la série est tel que la Warner perdrait plus d'argent à abandonner la série (ou à remplacer son acteur principal) qu'à l'arrêter quelques mois pour la reprendre comme si de rien n'était ? A n'en pas douter. Mais ce serait trop simple. La raison la plus profonde de l'exceptionnel maintien de Charlie Sheen dans le show-business n'est pas à trouver que dans le portefeuille des riches et puissants d'Hollywood. Il est aussi dans le coeur des gens. Ou plutôt dans leur couille.

Inutile de se leurrer : Charlie Sheen assouvit les fantasmes d'un paquet de mec. De gens comme lui, Hollywood en fait des héros de cinéma. Voyez THE HANGOVER (tiens, justement). Des mecs comme tout le monde qui font des fêtes tellement mémorables qu'elles valent le coup d'être raconter dans des films. Des mecs comme tout le monde qui se tapent de stars du porno. Des mecs comme tout le monde qui profitent de la vie à fond sans se soucier des conséquences, sans se soucier de responsabilités, d'enfants, de boulot, de mariage etc. Dans un monde contrôlé par la morale du mariage sage et de la famille nombreuse (Brangelina et tous les exemples cités plus haut), un mec comme Charlie Sheen est une soupape et surtout un modèle pour un bon nombre de gens car son goût pour les stars du porno, la baise, l'alcool et la fête n'apparaît pas au plus grand nombre comme un mal-être profond (Lindsay Lohan) ou comme une folie malsaine (Mel Gibson) mais comme un simple plaisir hédoniste.

Mais le public de Charlie Sheen n'ait pas fait que de mecs frustrés compensant leur manque affectif par le porno et les fantasmes d'orgie dans des palaces des Las Vegas...

Dans une récente interview à The Hollywood Reporter, Chuck Lorre, le créateur de MON ONCLE CHARLIE, raconte que "le concept original de la série était de montrer l'influence positive d'un enfant sur un dégénéré", poursuivant sur "et pour je-ne-sais-quelle raison, le nom de Charlie Sheen m'ait venu à l'esprit." Voici le véritable postulat de départ de l'état de grâce de l'acteur auprès du public. Contrairement à Mel Gibson dont la "dégénérescence" s'écoute à portée de clic avec un réalisme cru digne du documentaire le plus glauque, Charlie Sheen l'expose hebdomadairement sur le petit écran avec humour, décontraction et second degré. Charlie Harper, le compositeur de musiques publicitaires alcoolique et accroc au sexe, pour 15 millions de téléspectateurs par semaine, est Charlie Sheen. Et inversement. Le fait qu'ils aient le même prénom n'est pas un hasard ! Chuck Lorre l'avoue lui-même à demi-mot. Et donc, le concept même de la série, cette fameuse "influence positive sur un enfant" ne fait que renforcer la sympathie du public pour le personnage - et donc l'acteur par la même occasion. Après tout, le lendemain de la nuit durant laquelle la pornstar Capri Anderson se retrouvait sanglotante enfermée dans la salle de bain de la chambre d’hôtel de Sheen, ces mêmes téléspectateurs se marraient avec lui d'une de ses blagues sur la sodomie.

La télé a cet avantage que le ciné n'a pas. Une série s'étire sur le long terme, s'installe dans les foyers. Les acteurs de cinéma deviennent des héros, des références, des modèles. Les acteurs de télé deviennent des amis, des parents, des frères et soeurs. Un héros peut décevoir. Un grand frère, non (ou presque). Et Charlie Sheen, avec ses coups d'un soir avec de stars du porno, est devenu ce grand frère déjanté dont on aime affectueusement raconter les histoires pendant les réunions de famille hebdomadaires. Mais quelque chose cloche : sous prétexte qu'il nous fait bien rire et qu'il nous divertit chaque semaine, on ne se pose pas beaucoup de questions. On se voile la face sur les vrais problèmes de ce grand frère, ce qu'il ressent vraiment. C'est vrai, après tout, il est riche et il s'amuse. Pourquoi s'inquiéter ?

Pourquoi s'inquiéter ? 1/ Parce qu'à 45 ans, on ne passe pas son temps à boire et à se droguer sans un profond malaise. 2/ Parce que Robert Downey Jr n'a jamais été aussi cool que sobre. 3/ Parce que Charlie Sheen est un acteur très cool assez peu sobre. 4/ Parce qu'une série, même avec du succès, n'est pas éternelle. 5/ Parce qu'il n'y a rien de pire que le chômage pour un acteur cool qui n'arrive pas à rester sobre plus de 24h.

Vite, Hollywood, donnez une série télé à Lindsay Lohan... Et un bon psy à Charlie. Avant qu'il ne soit trop tard...


01 février 2011

Notebook Song #6 : Like A Prayer

Pour les moins de 20 ans, je vais peut-être utiliser des mots qui vont vous être inconnus mais restez quand même. Je promets d'être (un peu) moins chiant que votre prof d'histoire. Je vais vous raconter le monde merveilleux des années 80, un monde qui ressemble à peu près au monde d'aujourd'hui sauf que tout le monde était habillé comme des hipsters (mais ne le savait pas) et que David Guetta était trois et s'appelait Stock Aitken & Waterman.

Les années 80 étaient une époque où, pour écouter de la musique, il fallait être prêt à faire de la muscu : Les chaînes Hi-Fi pesait le poids de Rick Ross et de toutes ses chaînes en or, les baladeurs celui de Rihanna toute nue et les radio K7 celui de 50 Cent après une heure de muscu. Une époque sans ordinateur (personnel) qui ignorait encore les mots MP3, téléchargement, iTunes, rapidshare, megaupload, blog mais où les mots 45 tours, 33 tours valaient leur pesant de cacahuètes dans le vocabulaire jeun's.

Une époque où vous deviez vous déplacer à l'hypermarché de votre ZA locale pour acquérir en 45T le dernier tube de Kylie Minogue, tube que vous achetiez un peu plus de 15 francs (à peu près 2,5 euros!) - à moins que votre maman et papa ne vous gâtent en argent de poche et là, vous pouviez vous acheter l'album entier en 33T à près de 70 francs (11 euros).

Mais si vous refusiez de donner votre précieux argent à ces sales vautours des maisons de disques, vous décidiez d'adorer les dieux BASF ou TDK comme on adore aujourd'hui le dieu MP3. Vous êtes alors un adepte de la K7 et pour contourner le système mercantile, vous "piratez" vos chansons préférées... à la radio. Vous êtes le cauchemar des maisons de disques (et oui, déjà !). Branché en continu sur NRJ, votre radio-K7 était alors en permanence à portée de main, une K7 vierge prête dans le lecteur, pour pouvoir vous précipiter sur les boutons Play et Rec et ainsi saisir LE tube qui manquait à votre collection.

Au gré du temps, vous aviez alors les moyens de constituer une petite merveille de "k7othèque" et d'être l'heureux possesseur des meilleures compilations pop de l'histoire de la musique, une collection digne des "Now That's What I Call Music". Vous deveniez, dans le confinement de votre chambre d'adolescent aux couleurs des posters de Tom Cruise, New Kids On The Block et Jason Donovan, le maître des playlists. Spotify, Twitter et les blogs n'existant pas encore, vous étiez évidemment le seul à le savoir mais peu importe : chaque morceau pop saisi dans toute sa grandeur sur K7, sans pub ou blah blah d'animateur à la fin, relevait du miracle.

J'ai une belle collection de 45 Tours chez moi. J'ai toujours acheté beaucoup de disques - même très jeune. Mais ça ne me suffisait pas. J'ai donc enregistré beaucoup de ces K7. Beaucoup. Le nombre de chansons pop qui y sont passées est donc incalculable. Mais pour une raison que j'ignore, je me rappelle avec une acuité assez flippante le moment où j'ai réussi à saisir LIKE A PRAYER de Madonna sur K7. J'avais 10 ans et ça m'a mis dans un tel état d'excitation que je me souviens davantage de ce moment que de celui où j'ai enfin réussi à me procurer le ninja blanc en figurine GI JOE. Ça vous donne un peu le niveau d'intensité du moment (les garçons, au moins, comprendront...).

Cette chanson, qui a fait les beaux jours du carnet de notes, a à jamais (grand mot vu l'usure accéléré des bandes) été gravé sur K7 ce matin là et est donc à jamais associé à ce moment. C'est ça la force d'une chanson pop.