Mes films préférés de 2010

Dans ma vie, il y a deux types d'années. Les années à chef d'oeuvre et les autres. Il y a des années comme 2000 où se sont enchaînés des films comme AMERICAN BEAUTY, MAGNOLIA, RÉVÉLATIONS, IN THE MOOD FOR LOVE, VIRGIN SUICIDES, THE YARDS ou SIXIÈME SENS. Des années incroyables. Et il y a des années comme 2010. L'inverse totale. 2010 fut, de mon point de vue, désespérément morne, plate, sans relief, sans vraies émotions brutes.

Bien sûr, il y a eu des bons et des très bons films cette année mais à part les 3-4 premiers, il est probable qu'uaucun ne me restera dans dix ans. Le top de mes films préférés de 2010 qui va suivre ne m'enthousiasme donc pas plus que ça. Il me rend d'ailleurs tellement perplexe que, fait exceptionnel, je me limiterais à 15 films (aucune envie particulière de mentionner les 5 films qui auraient terminer le top) mais je mettrais en bonus ce qui est, pour moi, le plus beau film de l'année : pas un film de cinéma, un film d'Internet. On en est là ! J'aime évidemment tous les films cités ci-dessous mais pas plus que ça... Mais, comme je suis un génie des maths, j'ai peut-être décelé là-dedans un algorithme qui prédirait une année cinématographique exceptionnelle pour 2020 ! Wait & See.

Pour info, j'ai vu 176 films au cinéma cette année, soit 27 de moins qu'en 2009. Est-ce que ça veut dire que j'ai fait l'impasse sur plus de mauvais film ou tout simplement que je commence à avoir une vie sociale ? J'en ai aucune idée mais c'est sûrement les deux.

Je vous présente donc le seul Top Cinéma 2010 de pas du tout d'importance dans lequel vous ne trouverez ni TOY STORY 3 ni INCEPTION...

1. In The Air
Parce qu'il faut une sacrée dose de talent pour arriver à mêler avec tant de grâce l'humanisme et le cynisme, l'optimisme et l'amertume. Après THANK YOU FOR SMOKING et JUNO, Jason Reitman confirme qu'il est bien le meilleur "oeil" des années 2000, l'observateur le plus fin des moeurs du nouveau siècle.

2. Une éducation
Parce que le charme instantané de Carey Mulligan. Ce sourire, ce rire qui font des miracles dès la première minute et apportent une indescriptible fraîcheur à cette histoire, somme toute banale, entre une adolescente et un trentenaire. Une histoire d'abord d'une tendresse et d'un humour irrésistible puis d'une cruauté terrible.

3. The Social Network
Parce que les grandes fresques se font toujours comme ça. Avec du pouvoir, de la jalousie, de l'amour, de l'argent et de la trahison. La formule est immuable. Peu importe qu'elles parlent de pétrole, de télévision ou d'un site Internet à la mode. Parce que les mots d'Aaron Sorkin, la mise en scène de David Fincher et l'interprétation de ses acteurs sont tellement brillants qu'ils pourraient fournir en énergie le monde entier pendant l'année à venir.

4. American Trip
Parce que de la moquette sur les murs. Parce que P Diddy. Parce que beaucoup de drogues. Parce que c'est à mourir de rire. Littéralement. J'ai moi-même été à deux doigts d'y passer. J'aurais pu mourir heureux dans les fauteuils en cuirs du Publicis!

5. The American
Parce que la beauté formelle d'une mise en scène lancinante et magnifique ne cache jamais la beauté réelle de la mélancolie de ses personnages et de son histoire. C'est parfois austère mais jamais superflu. Parce que George Clooney sait se faire magnétique et animal dans la grande tradition des héros de Hitchcock, Antonioni ou Melville.

6. Mother & Child
Parce qu'avant le mélo, il y a le drame - et pas l'inverse. Parce que trois actrices au sommet de leur art. Parce qu'il y l'extrême pudeur de trois femmes, des mères, des filles. Parce que le grand-huit émotionnel qui, finalement, vous ravage le coeur.

7. Anvil: The Story of Anvil
Parce qu'il n'y a rien de plus fort que la passion. La passion de la musique. La passion de partager des moments forts avec les autres, ses fans, sa famille, ses amis, ses bandmates. Cette passion, c'est celle des membres du groupe de heavy-metal Anvil. Cette passion, elle vous transperce le coeur. Cette passion, elle ne peut faire que du bien.

8. Ondine
Parce que c'est beau. C'est con et simple à dire mais c'est juste ça. Ce mélange savant entre l'onirisme d'un conte de fée et le réalisme social, porté par la musique de Sigur Ros et les contines folk de Lisa Hannigan, est, malgré une fin un peu décevante, d'une bouleversante intensité romantique.

9. Le refuge
Parce que François Ozon, dix ans après SOUS LE SABLE, n'est jamais meilleur que lorsqu'il filme la complexité des sentiments en milieu confiné. Un film plein de grâce, de délicatesse et de lumière porté par Isabelle Carré - dont on peut enfin affirmer qu'elle est une des meilleures actrices françaises (si ce n'est la meilleure).

10. L'illusionniste
Parce que c'est drôle et mélancolique, tendre et tragique, triste et burlesque. Un peu comme la vie. Parce que je n'avais pas du tout aimé LES TRIPLETTES DE BELLEVILLE et qu'il a fallu les mots muets de Jacques Tati pour me faire apprécier cet artiste du crayon et du pinceau qu'est Sylvain Chomet. Un film qui donne envie de faire plaisir et d'aimer - à contre-courant de tout et à milles lieux de la frénésie de l'animation 2.0.

11. Les Amours Imaginaires
Parce que Xavier Dolan est sur le point de s'imposer comme le nouvel esthète romantique du cinéma contemporain. Ça tourne parfois un peu en rond mais ses sentiments si ordinaires sont tellement magnifiés qu'ils parviennent finalement à vous faire saigner le coeur à grosse goutte.

12. Notre Jour Viendra
Parce que ça va loin. Parce que Romain Gavras va au bout de ses idées, quitte à choquer, quitte à dire et à faire n'importe quoi. La misanthropie et le nihilisme à l'oeuvre ici sont tellement à l'inverse de tout ce qui semble devenir les valeurs dominantes qu'on a l'impression d'assister au futur. Parce que la modernité est là et pas ailleurs. Elle est dans le jusqu’au-boutisme.

13. The Ghost Writer
Parce que la filmographie de Roman Polanski est tellement inégale qu'il est absolument jubilatoire d'assister à un de ses thrillers de génie (après LE LOCATAIRE, CHINATOWN ou ROSEMARY'S BABY) qui vous scotchent à votre siège, vous rende, à votre tour, aussi paranoïaque que le personnage principal. Un thriller qui renoue avec la sobriété, l'élégance et l'efficacité de sommets kafkaïens et hitchcockiens qui ont fait sa gloire.

14. Breathless
Parce que c'est souvent choquant mais d'une telle humanité que le parcours de ce recouvreur de dettes ultra-violent devient au final incroyablement poignant. Cette rage intérieure, elle vous étreint, vous sert le coeur pour vous le lacher qu'une fois la lumière rallumée - et encore.

15. Night & Day
Parce qu'un blockbuster avec un sens aussi aigu et fin du second et troisième degré relève du petit miracle. C'est évidemment totalement innocent, juste une bonne dose de fun mais réalisé, écrit et joué avec tant d'humour et d'ironie et de cynisme sur le statut de héros qu'il est impossible d'y résister.

Bonus. I'm Here
Parce que c'est ce que je crois être le plus beau film de l'année. Un film que je n'ai pas vu au cinéma mais sur mon écran d'ordinateur, sur Internet. Ce film d'amour de deux robots solitaires et paumés dans un Los Angeles alternatif est ce que Spike Jonze a fait de plus beau - et j'ai déjà dit ici à quel point MAX ET LES MAXIMONSTRES m'a renversé le coeur. Ca ne dure que 29 minutes mais ce sont les plus belles 29 minutes de cette année 2010. Rien que d'y penser, j'en ai encore des frissons. De l'Amour brut de décoffrage. Vous pouvez voir ce film ici. Au final, vous allez voir, c'est comme si vous alliez au cinéma.


Pour le Top Cinéma de 2006, c'est là. Celui de 2007, ici. Celui de 2008, là. Quant à celui de 2009, c'est là.