On était en 1993. J'avais 14 ans. Je rentrais en seconde et je m'apprêtais, je crois, à vivre la pire année scolaire de ma vie. Je n'en ai jamais vraiment discuté avec qui que ce soit donc je ne peux pas dire si l'expérience est commune mais le passage de la tranquillité du collège à l'effervescence du lycée s'est faite, pour moi, dans la douleur. A vrai dire, ça m'a même rendu malade. Ce genre de maladie de la tête qui se répand sournoisement dans votre corps.
Aujourd'hui, grâce à ce blog et Twitter, je rencontre plein de gens avec qui le courant passe immédiatement. J'ai rencontré "dans la vraie vie" des gens comme Ariane, Vanessa, Aurore, Jonathan, Sophie Marie ou Maxime parce que le feeling passait tellement bien dans la virtualité qu'il était impossible qu'il ne passe pas aussi bien dans la réalité. Aujourd'hui, trouver des gens qui partagent votre sensibilité et vos passions et créer de vrais liens d'amitié ne me semble donc pas une chose des plus compliquée - à condition de bien le vouloir.
En passant du collège au lycée en 1993, aucun des outils précités n'existaient et trouver des gens que vous comprenez et qui vous comprennent n'est pas la chose la plus facile. Au contraire, c'est la chose la plus difficile au monde. Surtout quand vous avez 14 ans, que vous n'êtes pas franchement bien dans vos baskets et que les choses les plus communément acceptables à aimer dans une ville de province des plus mornes tels que le foot, le sport en général voire les quelques groupes mainstream qui passent à la radio ne provoquent en vous qu'indifférence, voire dégoût.
Dans ces cas-là, ce qui se passe alors, c'est que vous vous accoquinez avec ceux de votre classe 1/ qui le veulent bien, 2/ qui ont la sensibilité la plus proche, 3/ que vous connaissez depuis le plus longtemps. Mais, au final, vous le savez bien, au fond de vous, tout ça ne durera pas. Le temps d'une, voire deux années scolaires tout au plus. En attendant, vous faites avec. Vous n'avez pas (encore) trouvé celui ou celle qui vous aidera à vous sentir mieux dans vos baskets mais vous prenez votre mal en patience. Il faut bien vous y faire, face aux moqueries des gros lourds de l'équipe de rugby, vous êtes (toujours) seuls. J'étais toujours seul.
On était en 1993. J'avais 14 ans. Je n'avais pas trouvé ceux ou celles qui partageaient mes goûts et ma sensibilité. Et les seules personnes que je fréquentais (pour les raisons sûrement évoquées ci-dessus) écoutaient du rock. Alors, de toute mon adolescence, je n'ai jamais écouté autant de rock que cette année-là. Par la force des choses (ou pas), comme tout bon teenager blanc du début des années 90, je me suis pris de plein fouet le grunge. Ça avait commencé par Nirvana. C'est pas très original mais c'est comme ça. Ça s'est poursuivi avec le film SINGLES de Cameron Crowe. Ça s'est confirmé avec Soundgarden mais surtout avec Smashing Pumpkins. Y a-t-il lien de cause à effet entre la solitude et la mélancolie puissante qui m'assaillait le cerveau et le corps à cette époque là et ma soudaine passion pour ces groupes ? J'ai envie de dire non. Pour la simple et bonne raison que le Hip Hop m'a beaucoup plus aidé à les surmonter les années qui ont suivi. Mais je dois tout de même me rendre à l'évidence. Il y a un lien. Quand je repense à cette année-là, je repense en effet à ces chansons et pas à d'autres. A Smell Like Teen Spirit de Nirvana. A Would? de Alice In Chains. A Daughter de Pearl Jam. A Black Hole Sun de Soundgarden. Mais surtout à Today des Smashing Pumpkins.
Today est une sorte de madeleine de Proust. Mais pas forcément de celle qui fait remonter en vous les bons souvenirs d'une enfance insouciante. Plutôt de celle qui fait remonter quelques uns des pires moments de votre adolescence. Le mal-être. Les moqueries. Les filles qui ne vous regardent pas. La solitude. Je pense à ça quand j'écoute Today. Vous allez me dire que c'est normal. Après tout, la chanson parle de pensées suicidaires et de dépression. Mais ce n'est pas forcément le plus important. D'abord parce que j'étais pas forcément très bien à cette époque là, j'étais tout de même loin de ça. Très très loin. Ensuite parce que le contenu d'une chanson importe moins que le moment qui lui est associé. Et vous aviez compris, ce qui est associé à Today n'est pas des plus chaleureux en ce qui me concerne.
Je l'écoute encore pourtant très régulièrement. Et plus généralement l'album SIAMESE DREAM reste un des albums qui compte le plus pour moi. Encore aujourd'hui. Tout simplement parce que, pour tout ce que Today et cet album contiennent de souffrances, il y a aujourd'hui. Certes, 17 ans plus tard, mes baskets me font encore un peu mal au pieds et à l'âme mais je sais que je ne serais pas celui que je suis actuellement si, en 1993, mes baskets m'étaient allés comme des chaussons. S'il n'y avait pas eu les gros connards, peut-être aurais-je été moi-même aujourd'hui un gros connard ? S'il n'y avait pas eu la solitude et les peines de coeur, peut-être n'y aurait-il jamais eu ce blog et toutes les belles rencontres faites ces derniers mois ?
Voilà pourquoi j'aime cette chanson des Smashing Pumpkins. Pour tout ça. Et sûrement pour plein d'autres choses...
Aujourd'hui, grâce à ce blog et Twitter, je rencontre plein de gens avec qui le courant passe immédiatement. J'ai rencontré "dans la vraie vie" des gens comme Ariane, Vanessa, Aurore, Jonathan, Sophie Marie ou Maxime parce que le feeling passait tellement bien dans la virtualité qu'il était impossible qu'il ne passe pas aussi bien dans la réalité. Aujourd'hui, trouver des gens qui partagent votre sensibilité et vos passions et créer de vrais liens d'amitié ne me semble donc pas une chose des plus compliquée - à condition de bien le vouloir.
En passant du collège au lycée en 1993, aucun des outils précités n'existaient et trouver des gens que vous comprenez et qui vous comprennent n'est pas la chose la plus facile. Au contraire, c'est la chose la plus difficile au monde. Surtout quand vous avez 14 ans, que vous n'êtes pas franchement bien dans vos baskets et que les choses les plus communément acceptables à aimer dans une ville de province des plus mornes tels que le foot, le sport en général voire les quelques groupes mainstream qui passent à la radio ne provoquent en vous qu'indifférence, voire dégoût.
Dans ces cas-là, ce qui se passe alors, c'est que vous vous accoquinez avec ceux de votre classe 1/ qui le veulent bien, 2/ qui ont la sensibilité la plus proche, 3/ que vous connaissez depuis le plus longtemps. Mais, au final, vous le savez bien, au fond de vous, tout ça ne durera pas. Le temps d'une, voire deux années scolaires tout au plus. En attendant, vous faites avec. Vous n'avez pas (encore) trouvé celui ou celle qui vous aidera à vous sentir mieux dans vos baskets mais vous prenez votre mal en patience. Il faut bien vous y faire, face aux moqueries des gros lourds de l'équipe de rugby, vous êtes (toujours) seuls. J'étais toujours seul.
On était en 1993. J'avais 14 ans. Je n'avais pas trouvé ceux ou celles qui partageaient mes goûts et ma sensibilité. Et les seules personnes que je fréquentais (pour les raisons sûrement évoquées ci-dessus) écoutaient du rock. Alors, de toute mon adolescence, je n'ai jamais écouté autant de rock que cette année-là. Par la force des choses (ou pas), comme tout bon teenager blanc du début des années 90, je me suis pris de plein fouet le grunge. Ça avait commencé par Nirvana. C'est pas très original mais c'est comme ça. Ça s'est poursuivi avec le film SINGLES de Cameron Crowe. Ça s'est confirmé avec Soundgarden mais surtout avec Smashing Pumpkins. Y a-t-il lien de cause à effet entre la solitude et la mélancolie puissante qui m'assaillait le cerveau et le corps à cette époque là et ma soudaine passion pour ces groupes ? J'ai envie de dire non. Pour la simple et bonne raison que le Hip Hop m'a beaucoup plus aidé à les surmonter les années qui ont suivi. Mais je dois tout de même me rendre à l'évidence. Il y a un lien. Quand je repense à cette année-là, je repense en effet à ces chansons et pas à d'autres. A Smell Like Teen Spirit de Nirvana. A Would? de Alice In Chains. A Daughter de Pearl Jam. A Black Hole Sun de Soundgarden. Mais surtout à Today des Smashing Pumpkins.
Today est une sorte de madeleine de Proust. Mais pas forcément de celle qui fait remonter en vous les bons souvenirs d'une enfance insouciante. Plutôt de celle qui fait remonter quelques uns des pires moments de votre adolescence. Le mal-être. Les moqueries. Les filles qui ne vous regardent pas. La solitude. Je pense à ça quand j'écoute Today. Vous allez me dire que c'est normal. Après tout, la chanson parle de pensées suicidaires et de dépression. Mais ce n'est pas forcément le plus important. D'abord parce que j'étais pas forcément très bien à cette époque là, j'étais tout de même loin de ça. Très très loin. Ensuite parce que le contenu d'une chanson importe moins que le moment qui lui est associé. Et vous aviez compris, ce qui est associé à Today n'est pas des plus chaleureux en ce qui me concerne.
Je l'écoute encore pourtant très régulièrement. Et plus généralement l'album SIAMESE DREAM reste un des albums qui compte le plus pour moi. Encore aujourd'hui. Tout simplement parce que, pour tout ce que Today et cet album contiennent de souffrances, il y a aujourd'hui. Certes, 17 ans plus tard, mes baskets me font encore un peu mal au pieds et à l'âme mais je sais que je ne serais pas celui que je suis actuellement si, en 1993, mes baskets m'étaient allés comme des chaussons. S'il n'y avait pas eu les gros connards, peut-être aurais-je été moi-même aujourd'hui un gros connard ? S'il n'y avait pas eu la solitude et les peines de coeur, peut-être n'y aurait-il jamais eu ce blog et toutes les belles rencontres faites ces derniers mois ?
Voilà pourquoi j'aime cette chanson des Smashing Pumpkins. Pour tout ça. Et sûrement pour plein d'autres choses...
Mince, je croyais que le pire moment d'une vie d'ado était le collège (pas le lycée). Elle est magnifique cette chanson, Billy avait encore un look un peu nerd très sexy. Mais j'ai une affection particulière pour "1979"...
RépondreSupprimerPeut-être est-ce différent entre Paris et province sur ce coup-là ? Parce que, perso, le collège, pour moi, était près de chez moi, dans une petite ville bourgeoise et donc ça avait un côté très rassurant.
RépondreSupprimerLe lycée, ensuite, c'était plus loin, plus grand, plus cosmopolite et anonyme. Je m'y suis fait. Mes années de première et de terminale étaient des années géniales (plus ou moins) mais la cassure entre le collège et le lycée a été assez dramatique pour moi. C'était très très dur. D'ailleurs, la seconde est la seule classe que j'ai redoublé de ma vie.
Mais à partir de ce moment là, moi qui avait toujours été un élève moyen, je suis passé dans le clan des très bons. Comme quoi ! Vraiment, ces années-là, 1993-1994, ont été charnière dans ma vie.
C'est vrai que pour le coup, mes trois années de lycée étaient les pires de ma vie à moi aussi. On est d'ailleurs beaucoup plus que l'on croit à avoir eu une adolescence atroce dans des lycées de province des années 90. La fameuse génération X. Je me retrouve à 100% dans cet article. Et je ne dois pas être le seul.
RépondreSupprimerMerci d'avoir mis Today ! Mélancolique à souhait comme 1979 (année de ma naissance :p.)J'adore me repasser ces titres, çà me rappelle l'affreuse année de seconde.Je n'ai pas aimé non plus la transition collège-lycée, toujours l'impression d'errer et de chercher un ancrage humain... Et que dire des lycées de province où il ne faut pas se démarquer ! Alors les docs aux pieds et le rock dans les oreilles çà frisait l'hérésie ... Enfin, çà aide à se construire et avancer, je n'y changerai rien mais pour rien au monde je ne souhaiterai revivre cette année.
RépondreSupprimerMerci pour cet article juste.
Rien à rajouter. Enfin, si. J'ai pas connu le lycée dans les 90s, mais je peux vous dire que le collège à la fin des 90s, ça faisait mal. Très mal. Surtout quand on vit dans un bled paumé et qu'on se prend des trucs en pleine face parce qu'on 'est pas vraiment blanche' (sic), entre autres. La 'teenage angst,' j'ai connu. Et parfois,mes baskets aussi m'en font encore mal.
RépondreSupprimerJ'ai 13 ans quand Les Pumpkins entrent dans ma vie. Et c'est marrant ce billet, parce qu'hier, j'ai rencontré Billy Corgan, ce grand dadais qui sans le savoir m'a sauvé la vie y'a une dizaine d'années, en hurlant que "le monde est un vampire". La suite aurait été bien différente sans ça.
Les rencontres aussi.
Merci Michael.
Moi je vis en province et au collège ça a été l'horreur... D'ailleurs quand j'écoute les Guns N Roses, je ressens le même sentiment que toi avec Smashing Pumpkins et consorts...
RépondreSupprimerEt pour moi aussi il y a eu la charnière: c'est comme ça que j'ai eu envie d'écrire, c'est après ce traumatisme que je me suis décidé à avoir de la personnalité, etc...
Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort, non? Disait le barbare à l'accent autrichien et, avant lui, un philosophe allemand bien connu.