30 juillet 2010

Notebook Songs

Se poster devant le Top 50. Ecouter la radio dans sa chambre. Emprunter l'écouteur de baladeur K7 d'un copain dans la cour de recrée. Danser à vos premières boums. Autant de moments qui construisent votre culture musicale pop. Autant de moments aussi qui peuvent s'évanouir aussi vite qu'ils se sont déroulés.

Aujourd'hui, entre Spotify, les chansons qui s'affichent directement sur votre écran de radio ou de télé, les playlists des radios accessibles sur leur site web ou application iphone, difficile de passer à côté d'une chanson. Et c'est sans compter sur l'inévitable Shazam. Retrouver la trace d'une chanson glanée ici ou là et l'acheter dans la foulée pour combler ad vitam eternam vos oreilles d'une mélodie entêtante n'est absolument pas un problème.

Il y a encore 15 ans (voire 10), c'était une toute autre affaire.

D'où l'importance de mon précieux carnet de note. J'en possède un depuis la fin des années 80 ou le tout début des années 90 - je crois. Toujours près de moi, j'y notais méticuleusement les titres ou, devrais-je dire, les bribes de titres (voire dans les cas extrême des bribes de paroles) des chansons entendues ici ou là. Une fois le disque déniché, je pouvais alors les rayer. C'était alors le seul moyen de garder en mémoire tous ces moments brefs mais intenses où vous entendez une chanson pop en sachant pertinemment que vous risquiez de ne pas la réentendre avant des mois, voire des années, faute de la technologie et réseaux de distribution suffisants.

Au cours des années 90, j'ai donc noté, noté et encore noté. Des centaines de chansons sont passés par ce carnet. Certaines y sont restées seulement quelques jours. D'autres y sont restées des années. Et c'est bien possible que certaines y soient encore. Des vieilles chansons des années 50, 60 ou 70. Des tubes récents. D'autres un peu moins. Parfois aussi quelques trucs un peu honteux. Beaucoup de mélodies et de mots sont passés par ce carnet. Mais tous correspondent à ces petits moments de votre vie qui vous rendent soit un peu nostalgique, soit un peu triste, soit un peu joyeux... Un slow avec une jolie fille quand vous aviez 14 ans... L'achat des baskets de vos rêves dans votre magasin préféré... Un baiser les écouteurs de votre baladeur sur les oreilles...

Alors voici une nouvelle rubrique. Une rubrique simple avec moins de textes que d'habitude. Une rubrique avec des chansons, toutes ces chansons qui sont (ou aurait pu) passées par ce carnet... et peut-être aussi avec les moments qui leur sont associés.

C'était quelques mots en attendant la première... bientôt.


28 juillet 2010

Plaisirs Coupables #5 : Valley Girls

On ventura, there she goes. She just bought some bitchen clothes. Tosses her head n flips her hair. She got a whole bunch of nothin in there. Last idea to cross her mind. Had something to do with where to find. A pair of jeans to fit her butt. And where to get her toenails cut.

Ceci pourrait être le portrait acerbe d'une héroïne de The Hills ou de Laguna Beach. Effectivement. Pourtant, ceci a été écrit en 1982 par Frank Zappa et sa fille Moon. Conçue à l'époque comme une blague, Zappa étant plus connu pour son cynisme et ses commentaires caustiques sur la société de consommation, cette chanson "Valley Girl", dès sa sortie, a pourtant fait l'effet d'une bombe chez les adolescentes américaines, créant ainsi un véritable phénomène socio-culturel.

Portrait de ces adolescentes superficielles et égocentriques de la classe moyenne supérieure passant leur temps à faire du shopping, à parler de garçons, de soins de beauté et de leurs groupes préférés au téléphone et polluant les centres commerciaux de la San Fernando Valley, cette chanson se veut très sarcastique mais des millions d'adolescentes du début des années 80 s'y retrouvent et y voient une façon de se démarquer, de rejoindre une nouvelle tribu. Le phénomène "Valley Girl" était née.

Sous l'influence de la chanson et des premières "Valley Girls", des millions de jeunes filles se créent alors un look ultra sophistiqué, très inspiré des Bobby-Soxers des années 40, ces fans de Frank Sinatra qui portaient leurs chaussettes apparentes sous leur "poodle skirts" (jupes longues à motifs), et agrémenté de shorts et de vestes en jeans avec le col remontés et les manches retournés. Elles s'accaparent également de nombreux produits de beauté (le gloss, les auto-bronzants), accessoires (les lunettes de soleil, chaînes en or), groupes de rock (Journey, AC/DC, Rush, Van Halen) et mêmes des marques alimentaires (le Tab, ancêtre du Coca-Cola Light, les Doritos, les brownies Kahlua, les chewing-Gum Bubblelicious, les bières Heinies et Lowies) qui deviennent leurs emblèmes. Elles proclament même le centre commercial de Sherman Oaks en Californie comme leur Mecque.

Mais tout cela pourrait ressembler au portrait d'une adolescente typique des années 80 pris dans le tourbillon de la mode de l'époque. A un détail près. Sous l'influence de la chanson de Zappa, les Valley Girls se sont accaparés tout un langage, une façon de parler, un vocabulaire, une prononciation. Et c'est là que le phénomène devient absolument fascinant.

Comme nous autres français avons le verlan, l'argot, les "Valley Girls" avaient leur Valspeak, un sociolecte encore très présent dans le langage "jeune" américain. Des qualifications comme "like", "Tre" (du français !) ou "so" sont balancées au milieu des phrases pour en accentuer certains éléments. Dans la chanson de Zappa, voici ce que ça donne par exemple...
"So like I go into this like salon place, yknow
And I wanted like to get my toenails done
And the lady like goes, oh my god, your toenails
Are like so grody
It was like really embarrassing
Shes like oh my god, like bag those toenails
Im like sure...
She goes, uh, I don't know if I can handle this, yknow...
I was like really embarrassed..."

Mais dans le cours de la conversation, vous pouvez également entendre des "as if" ("ouais, c'est ça !"), des "duh" ("évidemment"), des "bitchin" ("excellent"), des "whatever" ("peu importe"), des "Fer shur" ("bien sûr"), des "totally" ("Je suis d'accord"), des "Oh my god" (pour exprimer un choc), des "gnarly" ("vraiment") ou l'expression ultime (mais aujourd'hui désuette) "Bag your face" (littéralement "mets ta tête dans un sac", que l'on pourrait traduire par "Tais-toi"), le tout prononcé avec une grande intonation sur les mots et syllabes et, dans les cas les plus extrêmes, avec un accent californien poussé à son paroxysme (grande variation de ton et son nasal).

Si vous voulez entendre par vous-mêmes ce que ça donne, voici un extrait d'une émission de télé de 1982 sur un concours de Valley Girl, sorte de version californienne 80's de nos concours régionaux de miss !



Après avoir vu cette vidéo, deux choses vous viennent à l'esprit. En tous les cas du mien. Que toutes ces filles sont à priori (un peu) ridicule, que Moon Zappa joue les hypocrites devant toutes ces jeunes filles qui l'ont élue reine et icône absolue (sa chanson était, je le rappelle, une blague moqueuse), que la présence en masse de gens d'Hollywood était un signe et surtout que le phénomène "Valley Girl", s'il paraît démodé aujourd'hui dans sa forme la plus "primitive", est plus que jamais d'actualité mais surtout totalement dévoyé de sa "philosophie d'origine".

Car pour tous ceux et celles ayant grandi dans les années 90 et 2000, la description que je viens de faire de la Valley Girl rappelle forcément les personnages blondes un peu décérébrés que sont, dans le meilleur des cas, Cher Horowitz de CLUELESS, Elle Woods de LEGALLY BLONDE, les soeurs Liz et Jessica de la série SWEET VALLEY HIGH, et dans le pire des cas, Paris Hilton, Lauren Conrad ou Heidi Montag. Et vous auriez raison. En partie.

Tous ces personnages, réels ou fictifs, sont des héritières évidentes des Valley Girls 80's. A une différence près. Ce sont devenus des parodies assez éloignées du modèle originel.

D'abord, car les Valley Girls étaient, dans les années 80, principalement issues de la classe moyenne supérieure. Pas du tout de la grande aristocratie industrielle américaine comme les filles précédemment citées.

Ensuite, car les Valley Girls avaient beau "revendiquer" leur superficialité, la perfection du visage et du corps n'étaient absolument pas élevées comme une valeur dominante : la sophistication de son maquillage et de son look, l'inventivité de son vocabulaire et son aisance à parler le Valspeak étaient les valeurs essentielles, ce qui fait une grosse différence avec tous ces personnages de blondes arrogantes ayant élevés une certaine idée de la beauté plastique et la chirurgie esthétique en "accessoire" dominant.

Enfin, car les Valley Girls originels avaient majoritairement entre 13 et 17 ans. Avec le recul, près de 30 ans plus tard, toutes ces jeunes filles peuvent, à première vue, paraître ridicules. Mais au final, sont-elles plus ridicules qu'un adolescent émo, zyva, bcbg, goth ou je-ne-sais-quoi d'autres? J'enfonce sûrement des portes ouvertes ici mais n'est-ce pas le propre de l'adolescence de se chercher des repères et modèles, de vouloir à tout prix faire partie d'un groupe? Aucun d'entre vous ne pourra nier avoir fait partie d'une de ses tribus - même si elles ne portaient peut-être pas le même nom. Moi-même, je portais des baggies, une casquette (parfois) à l'envers. Moi-même, j'avais mes propres marques de vêtements préférés, mes produits et accessoires phares, mes groupes préférés. Moi-même, j'étais ridicule aux yeux des adultes (et de l'adulte que je suis devenu). Et vous l'étiez aussi. Pas la peine de nier. Dans le livre The Valley Girls' Guide to Life sorti en 1982, une fille a cette phrase particulièrement révélatrice : "Etre populaire, c'est important. Sinon, les gens ne vous aimeront pas." C'est désarmant de naïveté adolescente mais aussi lourd de sens que l'ensemble des films de John Hughes réunis.

On en revient donc toujours à la même chose : le besoin d'être aimé. On dirait peut-être le titre d'une chanson de comédie musicale neuneu mais voilà pourquoi j'ai choisi de classer cet article dans ma rubrique Plaisirs Coupables. Tout ceci, ce phénomène, pourrait se résumer à une bonne blague d'artistes un peu arrogants, à des histoires de fringues, de produits de beauté, d'égocentrisme et de superficialité. Après tout, c'est l'image que les Valley Girls ont laissé dans la pop culture de la dernière décennie. Mais dire cela serait aussi superficiel que ce que ça entend résumer, le phénomène Valley Girl dans sa forme originelle ne parlant que d'une seule chose. Une unique chose appelée la mélancolie adolescente, teen angst comme diraient les Américains. Etre aimé. Trouver sa place dans le monde. Voilà ce que nous disent les Valley Girls.

Et cela, il y a un film qui nous l'a déjà dit, il y a bien longtemps. Ça s'appelle VALLEY GIRL. Ça date de 1983 à l'apogée du phénomène. C'était tourné en toute indépendance, loin d'Hollywood et de ses clichés, pour un budget ridicule (350 000 dollars) avec Nicolas Cage dans son tout premier rôle principal. Dans ce film, Julie, une Valley Girl typique, tombait amoureuse de Randy, un punk des bas quartiers. Et c'était COOL, très, très loin de Paris et ses copines...




26 juillet 2010

La Playlist Infinie #39 : Plushgun

Quand on parle de synth-pop, on pense à OMD, The Human League, The Cure, Depeche Mode, New Order, Yazoo et plein plein d'autres. Leur point commun : ils sont tous anglais. Le synthé est un instrument européen, en outre largement pratiqué en France, Allemagne et Italie. Les Américains, ça n'a jamais été vraiment leur truc, le synthé. Les Etats-Unis, c'est le pays de la country, du rock et du folk et donc de la guitare. Même dans les années 80, peu de groupes se sont mis aux synthés.

Encore aujourd'hui, avec le retour de la synth-pop, les Européens dominent le genre, les Suédois et les Anglais en premier : Robyn, Kleerup, Royskopp, La Roux sont les artisans 2.0 d'un son hérité de leur aînés précédemment cités.

Mais les Américains s'y mettent. Des groupes comme The Postal Service, MGMT, The Killers ou Owl City utilisent à forte dose les synthés pour créer leur pop music. Et ça a, à la fois, tout à voir avec la synth-pop européenne et rien du tout. Plus chaude, moins désincarnée, moins "synthétique" et plus lumineuse aussi (voyez les derniers morceaux de Robyn ou de Hurts, au contraire très sombres), la musique de ces groupes est identifiable très facilement. Souvent, dès les premières notes, vous comprenez qu'ils n'ont pas grandi à Sheffield ou Manchester mais plutôt à Brooklyn ou à San Franciso. Leurs influences, leur culture musicale se sentent et se ressentent.

D'ailleurs, The Postal Service, groupe concept à l'album unique (GIVE UP en 2003) et fondateur d'une toute nouvelle scène synth-pop américaine, est composé de Ben Gibbard, chanteur du groupe rock indé Death Cab For Cutie et du musicien électro Dntel. Beaucoup de groupes de synth-pop américains sont à cette image, assez éloigné des carcans musicaux européens, pas complètement electro, pas complètement rock, toujours très pop.

Plushgun ne fait pas exception. Originaire de Brooklyn, ce trio a sorti son premier album, PINS & PANZERS en février 2009. Notez que je ne suis donc pas vraiment précurseur sur ce coup là mais tant pis. Tant pis car cet album est ce que l'on pourrait appeler une petite merveille pop. Plein de mélodies sophistiquées et contagieuses, les singles s'enchaînent sans que l'intérêt faiblisse. Comme tout grand album de synth-pop, cet album donne autant envie de se trémousser que de pleurer en dansant, la mélancolie débordant autant que la joie, à l'image de cette chanson "Dancing In A Minefield" que j'écoute en boucle depuis plusieurs jours...






http://www.myspace.com/plushgun

Plushgun sur Spotify


23 juillet 2010

Shocking !

Imaginez-vous. Vous êtes jeune et vous vivez dans les années 70. Sur les écrans sont projetés des films comme VOL AU-DESSUS D'UN NID DE COUCOU, CHINATOWN, TAXI DRIVER, ANNIE HALL ou LES DENTS DE LA MER. Vous vous considérez comme un cinéphile ou, à défaut, comme un amateur de cinéma. Vos goûts sont éclectiques et, en tant que tel, vous êtes ouverts et assez peu facilement choqués par la violence et le sexe au cinéma. Après tout, vous vivez dans une époque de grande liberté. Les révoltes soixante-huitardes de vos aînés sont passés par là et ce ne sont que des films.

Mais en tant que jeune cinéphile des 70's, en plus des grands films précités, vous êtes forcément aussi en contact avec d'autres films. Leurs noms : THRILLER, I SPIT ON YOUR GRAVE, MS.45 ou LA DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE. Autant de films au pitch similaire : une (jolie) fille se fait violer dans des conditions atroces et se venge dans des conditions tout aussi atroces. Des films dits d'exploitation qui surfent allègrement sur les pires instincts humains pour récolter un maximum de cash en un minimum de temps. Des films dans lesquels rien ne vous est épargné : du viol filmé avec des gros plans racoleurs aux scènes de torture plus qu'explicite qui consistent essentiellement à un résumé en images du guide "10 façons d'émasculer un homme". Des films forcément peu chers, pas souvent de très bonnes qualités voire carrément mauvais et qui ne reculent devant aucun tabous au profit de la maximisation des profits à court terme.

Bref, des films qui ont tout pour choquer la bourgeoise. Et vous. Car rappelez-vous, vous êtes un jeune homme/femme des années 70. Vous comprenez la violence des films de Scorsese, De Palma et Coppola mais voir une fille se faire violer en gros plan puis se venger en coupant la bite de ses violeurs au couteau de boucher, vous n'avez jamais vu ça. Jamais. Au pire, vous l'avez vu dans un de vos cauchemars mais jamais, au non jamais, sur un écran. Vous avez donc toutes les raisons d'être choqué(e).

Faisons alors un bon dans le futur. Nous sommes dans les années 2000. Vous êtes désormais l'heureux parent d'un(e) jeune garçon/fille. Cet enfant a grandi en regardant une bande d'attardés mentaux avoir des relations adultérines dans des jacuzzi ou sur une certaine île, en se gargarisant de perversités sadiques dans des films comme SAW ou HOSTEL et en ayant vu au moins une fois dans sa vie un gang-bang gonzo de Sasha Grey. Bref, votre chère tête blonde, entre sa télé, son ordinateur et sa salle de cinéma a déjà tout vu et tout connu. Plus rien ne la choque. D'autant que son passe-temps favori est de faire du LOL avec ses copains en regardant les films Tarantino (KILL BILL s'inspire fortement du film THRILLER). Bref, votre chérubin des années 2000 a été insensibilisé par le trash et le second degré de l'interweb 2.0. Plus rien ne le choque.

Alors aujourd'hui, quand vous voulez rentabiliser au mieux votre investissement cinématographique, que faites-vous ? Vous en rajoutez des couches et vous cherchez le scandale et la polémique. Vous faites ce qui a déjà été fait avant vous et vous poussez le bouchon. C'est ce qui se passe avec la franchise SAW. D'épisode à épisodes, de plus en plus de perversité, de plus en plus de sang, de plus en plus de tout. Jusqu'à la dernière goute. Et c'est également ce que ce sont dit les producteurs du remake de I SPIT ON YOUR GRAVE.

L'année dernière, quand Wes Craven a produit un remake de sa DERNIÈRE MAISON SUR LA GAUCHE, il a fait le choix d'assécher le contenu graphique au profit du contenu psychologique ce qui, avouons-le, ne rend pas la chose moins intense. C'est un choix qui a eu tendance à pas mal plaire aux critiques, moins au public qui est loin d'en avoir fait un succès. Bref, le film d'exploitation avait été mis dans les mains d'Hollywood qui, avec ses moyens, en a fait un produit plus calibré, moins choquant (quoi que), plus "intello" aussi. C'était un choix, pas forcément payant mais qui a eu le mérite d'offrir un nouveau film d'horreur plutôt bon.

Ce n'est définitivement pas le choix qui a été fait pour I SPIT ON YOUR GRAVE. Le réalisateur vient de la série B, le budget n'a pas été revu à la hausse et toujours pas de stars (du moins d'acteurs connus) au générique. Les producteurs ont opté pour du cinéma d'exploitation pur et dur en version 2.0. Sans avoir vu le film, il est donc fort à parier que le seul intérêt de ce remake sera de constater à quel point les pantalons pattes d'éléphant, les rouflaquettes et les cols pèle-à-tarte étaient démodés. En gros, on adapte bêtement un film déjà mauvais pour surfer sur sa réputation sulfureuse et profiter d'une "certain" regain d'intérêt pour le cinéma d'exploitation des années 70 (le fond de commerce de Quentin Tarantino !)

Mais comment réussir à choquer la bourgeoise, meilleur moyen, s'il en est, d'attirer ses chérubins qui, rappelons-le, ont été totalement désensibilisé à toute violence ? Ce n'est plus les années 70. Les viols et les histoires de vengeance sanglante ne font plus sensation. Hollywood s'y est mis. Des acteurs respectables jouent les bouchers sur grand (et petit) écran, de Uma Thurman dans KILL BILL à Jack Bauer dans 24. Comment faire ?

Encore une fois (c'est l'époque qui veut ça), l'idée vient du marketing. A vrai dire, je ne suis pas sûr que "l'idée" soit volontaire mais le résultat est là : une (mini) polémique. Et là, je ne parle pas de ce "soi-disant" spectateur s'évanouissant pendant l'avant-première mondiale du film au Festival Fantasia. Je parle d'une affiche.

Le premier poster pour le film, en se focalisant sur la partie vengeance, avait quelque chose de classique (pour un film d'horreur post-SAW). Sur fond noir, une fille visiblement en colère avec une père de cisailles rouillées. Ça dit que ça doit dire et puis voilà. La deuxième, au contraire, se focalise sur la partie viol et là, tout de suite, c'est beaucoup plus dérangeant. Sous forme d'hommage à l'affiche originale des années 70, on y découvre, sur fond blanc, une fille de dos, un couteau à la main et à moitié nue, la petite culotte laissant largement entrevoir son postérieur. A quelques "détails" près, c'est la même affiche que celle de l'originale qui montrait, elle aussi, une fille de dos, un couteau à la main et à moitié nue, la petite culotte très déchirée.

Mais ces deux affiches ont beau être très similaires, elles ne disent pas du tout la même chose. Et c'est dans les fameux "détails" qu'il faut chercher. L'original, au lieu du fond blanc, se situait dans le forêt où l'héroïne avait été violée. Ensuite, l'original montrait cette fille en train de marcher d'un pas vif, alors que la nouvelle est très statique. Enfin, un long texte venait expliquer le contexte. "This Woman has just cut, chopped, broken and burned five men beyond recognition... but no jury in America would ever convict her ! An Act of Revenge." Voilà ce qu'on pouvait y lire tandis que la nouvelle affiche arbore un laconique et ultra-racoleur "Unrated".

Quelle sensation avez-vous alors en regardant pour la première fois cette affiche de I SPIT ON YOUR GRAVE version 2010 ? Je vais vous dire la mienne. J'avais l'impression de voir une sexualisation du viol. J'avais l'impression qu'on rendait "sexy" une victime de viol. Et ça m'a mis mal à l'aise. De ce point de vue, je suis vraiment pas une petite nature mais il y a des choses limite et faire entendre, même involontairement, même très subtilement, que le viol est sexy, est juste intolérable. Point.

Et voici que la polémique pointe le bout de son nez ! Cela sera-t-il suffisant à attirer des mômes en salles ? Je suis pas sûr. Aujourd'hui, si vous voulez créer une polémique avec un film, il faut être violemment plus hardcore que ça. Il faut des trucs comme KEN PARK ou MARTYRS qui, même là, heurtent seulement les petites natures (Il faut quand même que j'avoue ici que KEN PARK et les films de Larry Clark en général me choquent au plus haut point !)... et les Américains.

C'est pas avec un viol et des fesses que vous arriverez à susciter l'intérêt du jeune qui, s'il veut voir des fesses ira jeter un oeil sur le moindre petit blog masculin. Mais la connexion Internet n'est pas forcément nécessaire, une pub pour les yaourts pouvant faire l'affaire. Un petit tour par la Côte d'Azur, également. Et si vraiment le jeune veut voir des filles se faire violer pour de faux, il n'a qu'à se connecter à YouPorn. En cherchant bien, il pourrait même en trouver des vrais (ceci est une supposition, pas un constatation...) !

Bref, ce poster est grave pour ce qu'il sous-entend. Mais il n'a rien de dangereux pour une raison très simple : personne (ou presque) ne le verra. Et à ceux qui le verront, comme vous, et qui pourraient être excité par la vue de ce postérieur de femme violée, je leur conseille juste, simplement, de consulter un psy, engager une thérapie pour arranger toutes ces choses qui ne tournent pas très rond dans votre tête. Je pense sincèrement que cela se soigne très bien.

Pour tous les autres, (un peu) choqué, peut-être aussi un peu en colère, dites-vous ceci : personne ne s'est déplacé pour voir I SPIT ON YOUR GRAVE en 1978 et ce sera pareil pour I SPIT ON YOUR GRAVE en 2010. Car, au final, tous ces films d'exploitation 1er degré, tout le monde s'en fout. Tout le monde se foutait de ces films dans les années 70. Pourquoi s'y intéresserait-on en 2010 ? Ce sont juste des mauvais films qui surfent comme ils peuvent sur le sensationnalisme et des bas instincts humains un peu (beaucoup) old-fashionned. Ce n'est qu'avec la VHS, les DVD, Tarantino et Internet que ces films ont acquis un (tout petit) statut "culte" et ce n'est donc qu'en leur injectant une bonne dose de second degré (à la KILL BILL) que vous les rendez attirant pour le public d'aujourd'hui.

Et oui, le cinéma (et le monde) n'avance plus au grès des scandales et des polémiques. Il avance au grès du LOL... A vous de voir si on y perd au change.


19 juillet 2010

La Playlist Infinie #38 : Apollo Brown

Fut un temps, un peu lointain, où par la seule grâce des magazines, de la radio, des mixtapes et du bouche à oreille, je découvrais des dizaines de nouveaux MCs et beatmakers talentueux. MySpace, YouTube et tous les autres de la bande n'existaient pas encore. Pour se procurer de la musique un peu originale, dégoter du Hip Hop qui fasse saliver les copains, il fallait donc être à l'affut, faire des allers-retours à Paris et faire son tour annuel aux Etats-Unis pour, même là, y fréquenter des boutiques spécialisées. Bref, c'était pas une sinécure mais l'effort était valorisé par l'effervescence créative. Pour se démarquer, les MCs et beatmakers devaient être violemment bons et, au final, chaque semaine voyait souvent débarquer des beats et rimes de folies dans nos oreilles.

Autant dire qu'avec les possibilités de l'interweb 2.0, cette quête aurait pu être amplement facilitée. Mais non. Elle l'a été pour d'autres genres, la pop et le folk en premiers lieux. Absolument pas pour le Hip-Hop. En tous les cas, le Hip-Hop pur et dur. J'aime les gens comme Kanye West, Kid Cudi et autres Hipster Rappers comme on les appelle dans les médias. Mais en s'ouvrant (trop ?) à d'autres musiques, ils ont affaiblis la base, tous ces MCs et beatmakers purs et durs qui continuent de faire un Hip-Hop comme il y a 15 ans. Vous allez me dire que c'est la loi de l'évolution, qu'il faut se moderniser, innover, qu'on va pas écouter la même musique encore et encore, que les années 90 étaient les années 90 et qu'elles sont finies depuis bien longtemps. C'est tout à fait vrai. Je confirme à 100%.

Mais on peut aussi faire du neuf en gardant sa pureté originelle. On peut offrir au monde des sons innovants et modernes sans forcément avoir recours à d'autres genres et musiques, sans dénaturer une culture. Peut-on par exemple encore dire de Kid Cudi qu'il est un artiste Hip-Hop quand on entend "Erase Me", le dernier single de son album à venir "Man On The Moon II: The Legend Of Mr. Rager", ce titre n'étant rien d'autre qu'un morceau de Weezer en featuring avec Kanye West. Encore une fois, je n'ai rien contre ce genre d'expérimentations (au contraire même) mais j'aimerais que ça ne se fasse pas au détriment de MCs qui tentent, comme ils peuvent, de ne pas dénaturer la musique qui m'a tant fait rêver adolescent et au-delà... Car, désormais, des gens comme Nas ne pourraient absolument plus signer avec une major comme Sony.

Des purs et durs, des gens comme Blu & Exile, dont j'avais parlé dans cette rubrique, des gens comme Little Vic ou comme Little Brother et leur producteur 9th Wonder n'ont plus leur place dans les Charts, à la radio et dans les médias généralistes en général... Désormais, tous ces talents, sur la dernière décennie, se comptent sur les doigts de deux mains, au grand maximum. On est loin de l'effervescence de l'underground new-yorkais dans la première moitié des années 90. On est loin de la folie créatrice d'Atlanta dans leur deuxième moitié. On est loin des centaines de MCs et nouveaux producteurs qui frappaient à la porte du succès il y a 15 ans, tous tentant désormais de se raccrocher aux sons et aux rimes (et au style) qui plairont le plus à la blogosphère, pas à ceux qui leur permettront de se différencier sur une mixtape.

Bref, sur cette dernière décennie, mon appétit pour les rimes en or et les beats lourds n'a pas été rassasié. Je me suis alors replongé dans mes classiques, téléchargé beaucoup de mixtapes de cette époque. J'ai trouvé des succédanés, des alternatives et me suis contenté des quelques groupes, MCs et beatmakers cités plus haut. Au lieu de vivre, je n'ai donc fait que survivre. C'est pourquoi, en ces temps de grande famine, quand je tombe sur un de ces talents, mon coeur s'allège et mes oreilles s'éveillent. C'est ce qui s'est passé avec Apollo Brown.

Originaire de Detroit dans le Michigan, ce producteur a énormément galéré pour les raisons évoquées ci-dessus, au point de tout arrêté au début de la décennie. Ce n'est qu'il y a deux ans qu'il s'est décidé à revenir et persévérer pour faire un peu avancer son art. En 2007, il auto-produit donc un album 100% instrumental (Skilled Trade) suivi d'un deuxième en 2009 (Make Do). Devant le succès dans l'underground local de ses beats teintés de soul, il livre donc un album entier de "featuring" (The Reset) sur lequel on retrouve des rappeurs locaux, bien décidé à rester "indépendant" jusqu'au bout, refusant de compromettre ses beats pour le plus grand nombre.

Ce n'est pas pour autant que sa musique est imbitable pour le non-initié. Au contraire, avec ses samples de soul 60's, elle rappelle celle de Kanye West première époque (qui semble d'ailleurs vouloir retourné à ce son sur son album à venir) et celle de 9th Wonder en beaucoup plus accessible. Apollo Brown fait ce genre de Hip-Hop qui m'a fait aimé le genre très jeune, à savoir une musique brute, loin de clichés, une musique sincère, qui vient du coeur et des tripes....

Je vous invite donc à vous jeter dessus. Ce genre de musique, ces temps-ci, ça devient une denrée rare. Très rare.





http://www.myspace.com/thevintagemovement


15 juillet 2010

Comment monter la meilleure 'Action Team'...

C'est dans les années 60 que les "action team" ont connu leur heure de gloire avec des films comme OCEAN'S ELEVEN, LES SEPT MERCENAIRES ou LES DOUZE SALOPARDS pour ne citer que les plus connus. Depuis, les années 80 sont passées par là et l'individualisme de Cobra et de John Matrix a remplacé la solidarité virile de la bande à Ocean ou à Larrabee.

Mais je l'ai déjà dit : il paraît qu'on peut parler de tendance à partir de trois. Et là, les trois, on les a largement dépassé. L'AGENCE TOUS RISQUES, INGLOURIOUS BASTERDS, THE LOSERS, G.I. JOE, PREDATORS, INCEPTION, THE EXPENDABLES, LE CHOC DES TITANS, TAKERS etc. Les A-Team reviennent !

A défaut de vous fournir une explication cohérente à cette tendance vu que je n'en ai strictement aucune idée, ce sera l'occasion de vous fournir un petit manuel illustré pour former la meilleure "action team" - au cas où vous auriez à défendre le monde contre une bande de terroristes, de cartels de la drogue voire même d'aliens en colère.

LE LEADER
Profil : Il est la colle qui fait tenir toute l'équipe. Parfois bougon, souvent strict et sévère, il se caractérise par son humanisme sans failles mais aussi son humilité. Les démonstrations d'affection, ce n'est pas pour lui mais il pourra être le premier à se sacrifier pour ses hommes et ainsi mourir en héros. Et s'il n'en a pas besoin et s'il est toujours vivant à la fin, c'est à coup sûr celui qui aura la fille !
Exemple : Hannibal (L'AGENCE TOUS RISQUES), Danny Ocean (OCEAN'S ELEVEN), Aldo Raine (INGLOURIOUS BASTERDS), Sergent Elias (PLATOON), Chris Larrabee (LES 7 MERCENAIRES)

LE SÉDUCTEUR
Profil : Il est le beau-parleur à la belle gueule et aux abdos sculptés directement dans des tablettes de chocolat. Il est celui qui sera, par exemple, capable de récupérer les codes d'accès d'une forteresse militaire réputée imprenable en séduisant la secrétaire MILF du boss de fin de niveau - voire même le boss de fin de niveau si celui-ci se trouve être une femme. Car, clairement, l'homosexualité, c'est pas son truc. Un talent de charmeur qui le sauvera de tout, y compris de la mort. Le séducteur ne meure en effet jamais, s'éclipsant le plus souvent dans un petite ville ou - mieux - dans un petit pays exotique plein de jeunes filles innocentes.
Exemple : Handsome Rob (BRAQUAGE A L'ITALIENNE), Futé (L'AGENCE TOUS RISQUES)

LE SPÉCIALISTE DES EXPLOSIFS
Profil : Il est celui qu'on appelle pour tout faire péter. Et pas forcément dans la nuance. Parce que s'il s'y connaît en dynamite, TNT, nitroglycérine et autre C-4, il vaut le plus souvent ne pas être dans les parages lorsqu'il se met à exercer son art du "boum". C'est pourquoi il ne réchappe pas forcément toujours vivant de ses opérations sur le terrain. Dans son élan, c'est en effet très fréquent qu'il périsse sous l'impact de ses propres armes.
Exemple : Basher (OCEAN'S ELEVEN), Badger (FANTASTIC MR FOX), Blain (PREDATOR)

LE RONCHON
Profil : Il est celui qui se plaint de tout et en premier lieu de ses compagnons. Mais il a beau s'en plaindre aussi, il est toujours le premier pour la bataille. Il est celui qui est toujours là pour prêter main forte à ses camarades. Le danger, il saute dedans à pied-joint mais il s'en sortira toujours. Toujours.
Exemple : Gimli (LE SEIGNEUR DES ANNEAUX), Franko (LES 12 SALOPARDS)

LE GEEK
Profil : Dans les années 60, il était celui qui fournissait à l'équipe tout ce dont ils avaient besoin, grâce à son incroyable capacité à dénicher toute sorte de matériaux et équipements dans les plus improbables endroits. Désormais, il est celui qui maîtrise toutes les formes d'appareils électroniques et en particulier les ordinateurs et leurs réseaux. Peu à l'aise avec les armes et pas vraiment taillé pour la bataille, il est pourtant capable de se sortir des pires difficultés grâce à sa tête, voire son bagout. Et les situations compliquées, il connaît ça, compte tenu qu'il est souvent le premier à se faire capturer !
Exemple : Data (LES GOONIES), Whistler (LES EXPERTS)

LA FILLE
Profil : Malgré son vagin et ses seins, elle est celle qui révèle souvent avoir plus de couilles que la majorité de ses collègues dotés de pénis. Armée d'une bonne dose de répartie pour affronter les sarcasmes masculins, elle porte fièrement son marcel noir comme une preuve supplémentaire de son goût pour la bataille (et du bras de fer). Elle est également celle qui sait montrer son humanité (certains diront "faiblesse") dans les situations les plus terribles, prévoyant toujours un plan B pour éviter de sacrifier ce petit orphelin dans la tentative d'assaut de son équipe contre une base terroriste.
Exemple : Zoe (SERENITY), Kate (DODGEBALL), Trudy (AVATAR), Vasquez (ALIENS)

LE ROOKIE
Profil : Il est l'oeil nouveau, le naïf, le petit gâteau pas encore démoulé, celui qui n'a pas le regard cynique de ses co-équipiers. D'où le petit nom qu'il s'est vu attribué dès son arrivée: "chair à canon". Prêt à en découdre avant d'arriver, il a quand même souvent tendance à flipper sa mère quand vient le temps de la mise en pratique et de buter du terroriste le couteau entre les dents. Mais il peut se rassurer avec une chose : si le scénariste a choisi d'en faire le narrateur de l'histoire (ce qui est très souvent le cas), il a de très grandes chances de s'en sortir indemne. Sinon, on ne le verrait pas au début, le visage plein de rides, assis dans un rocking-chair, raconter ses exploits à ses petits enfants.
Exemple : Upham (IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN), Linus (OCEAN'S ELEVEN)

LE FIDÈLE LIEUTENANT
Profil : Il est celui qui a accompagné LE LEADER dans toutes les batailles. Faute d'un charisme et d'une aura un peu moins importante, il est resté, malgré les années, celui sur qui on peut toujours compter, l'homme de confiance. Mais c'est pas pour ça qu'il s'en ai pris moins sur la gueule. Au contraire même. La raison, sûrement, pour expliquer qu'il se retrouve, au final, parfois être le traître, lassé d'être dans l'ombre, d'être le faire-valoir, celui qui se mouille sous les bombes sans obtenir les lauriers qu'il mériterait.
Exemple : Donny Donowitz (INGLOURIOUS BASTERDS), Sergent Horvath (IL FAUT SAUVER LE SOLDAT RYAN), Rusty (OCEAN'S ELEVEN), Vin Tanner (LES 7 MERCENAIRES)

LE VIEUX
Profil : Il est celui qui est "trop vieux pour ces conneries", celui qu'on sort de sa retraite paisible à Miami pour son expérience d'un terrain plus visité par l'homme moderne depuis un demi-siècle. Mais s'il rechigne à s'engager (pour des raisons qu'on comprendra aisément), il apparaîtra, tout fier de lui, quelques minutes avant le décollage pour la mission. Il est par contre très possible qu'il ne s'en sorte pas, préférant se sacrifier pour sauver LE ROOKIE : "Mais Junior, tu as toute ta vie devant toi ! Moi, je ne suis qu'un vieux débris..."
Exemple : Saul Bloom (OCEAN'S ELEVEN), Jim Malone (LES INCORRUPTIBLES)


12 juillet 2010

Boys Don't Cry

Des montages du genre, l'interweb 2.0 nous en a offert des dizaines ces derniers mois, du "man smacks" au "inspirationnal speeches" en passant par "no signal". Mais celui-ci les dépasse tous. L'excellent blog féminin JEZEBEL a en effet compilé une soixantaine d'extraits de films dans lesquels des hommes pleurent. Tout simplement. Comme ça.

Il paraît qu'il ne faut pas. Après tout, un homme, ça ne pleure pas quand il est triste. Un homme, quand il est triste, ça s'achète une Porsche ou se saoule la gueule à la bière - suivant son emplacement sur l'échelle social. Mais, que voulez-vous, j'ai toujours trouvé ça extrêmement beau, un homme qui pleure. C'est toujours un excellent moyen pour me faire fondre à mon tour. La scène de Tom Cruise dans MAGNOLIA est par exemple une de ces scènes qui ravage mon coeur à chaque fois que je la vois.

Et puis tiens, ça me donne envie de revoir N'OUBLIE JAMAIS ! Parce que j'ai tellement pleuré qu'après j'ai été m'acheté des chaussures. Et pas de médisance je vous prie : Je vous jure que je suis un garçon, un vrai, pas tatoué mais qui aime quand même faire des bisous dans le cou des filles et leur écrire des mots d'Amour! Il n'y a qu'à voir, les filles, je les aime tellement que j'ai déjà regardé l'intégrale de SEX & THE CITY au moins trois fois... DAMN !!

Je pense que je ferais un bon cas d'étude pour un film de Judd Apatow...




09 juillet 2010

Refaire les 80's #2 : Working Girl

C'est bien beau d'avoir des idées de nouvelles rubriques, il ne s'agit pas de se contenter d'un petit #1 et puis s'en va. Alors, après le premier épisode de "Refaire les 80's" qui s'intéressait à JUMEAUX, voici le deuxième épisode avec WORKING GIRL. Au cas où le principe vous aurait échappé, il s'agit d'aider un peu les producteurs en manque d'inspiration qui seraient tentés par un remake d'un classique des années 80...

L'original
Réalisé en 1988 par Mike Nichols (LE LAUREAT, CLOSER...) avec Mélanie Griffith, Sigourney Weaver, Harrison Ford et Joan Cusack. Nommé à l'Oscar du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleure actrice, meilleures actrices dans un second rôle.

Tess McGill, jeune femme pleine d'ambition issue de la classe ouvrière, rêve de réussir dans la finance à Manhattan. Mais à 30 ans, elle stagne à son poste de secrétaire. C'est donc avec joie qu'elle accueille sa nouvelle patronne Katherine Parker qui semble ouverte à toutes nouvelles propositions. Mais Tess n'est pas longue à découvrir que Katherine exploite ses idées à son propre compte. Alors que cette dernière est en vacances, Tess saisit donc l'opportunité et se fait passer, avec l'aide de sa meilleure amie dans le rôle de la secrétaire, pour une femme d'affaires respectée auprès de Jack Trainer, un séduisant courtier, qui va l'aider à clore le contrat qui pourrait la mettre sur la voix de la réussite.

Le nouveau casting
Amy Adams dans le rôle de Tess McGill. Sandra Bullock dans celui de Katherine Parker et George Clooney dans celui de Jack Trainer. Et last but not least, Sarah Silverman dans le rôle de Cyn, la meilleure amie excentrique de Tess.

Le nouveau réalisateur
Jason Reitman (THANK YOU FOR SMOKING, IN THE AIR...)

Le pitch modernisé
Tess McGill est une jeune femme un peu geek qui travaille comme community manager dans une start-up de la Silicon Valley. Peinant à boucler les fins de mois, elle rêve de changer le monde avec un site Internet au concept semble-t-il révolutionnaire. Sauf que tout le monde semble penser le contraire : Tess est incapable de trouver des investisseurs intéressés par son idée. Lorsqu'on lui propose de devenir la nouvelle assistante personnelle de Katherine Parker, une sommité du milieu et investisseuse notoire, elle s'empresse donc de saisir l'opportunité. Visiblement ouverte aux jeunes talents, sa nouvelle patronne l'invite alors rapidement à partager avec elle son idée. Mais Tess découvre que Katherine se l'est attribuée et tente de monter le site Internet de son côté. Bien décidée à ne pas se laisser faire, la jeune femme décide donc de profiter des vacances exotiques de sa patronne pour saisir sa chance en se faisant passer pour une riche investisseuse auprès d'un séduisant collègue venu de New York pour des rendez-vous. Au passage, elle exposera au grand jour des cas flagrants d'espionnages industriels, qui auraient conduits de nombreuses petites sociétés (et en particulier son ancienne compagnie) à faire faillite au profit de la grande corporation de Katherine. Et évidemment, elle trouvera l'Amour...

Le caméo d'un acteur de l'original
Alec Baldwin et Kevin Spacey dans le rôle de deux investisseurs libidineux qui tentent de soudoyer sexuellement Tess.




07 juillet 2010

Knight & Day: Anatomie d'un échec

Je vous avais dit que j'avais travaillé à la 20th Century Fox. Ouais, en fait, je l'ai déjà dit. Deux ans. C'est qu'en fait, quand j'étais petit (bon, OK, ado), je voulais travailler à Hollywood et tout et, surtout, je voulais faire "vendeur de films". Je voulais faire des affiches, des bandes-annonces et plein d'autres trucs du même genre. Et oui, certains veulent faire policier ou GI JOE, moi, je voulais "vendre des films". C'était un peu mon but dans la vie. Et donc, je l'ai réalisé (un peu). J'ai pas du tout fait d'affiche et de bandes-annonces. Mais j'ai fait un peu des titres en français. Ça, par exemple, c'est moi. Et puis ça aussi. Et si vous n'avez jamais entendu parler de ces films, c'est normal, ils sont sortis dans 10 salles. C'est pour ça que c'est les seuls films dont j'ai pu choisir le nom. Bref, j'ai été bien exploité par le grand capitalisme murdochien pendant deux ans et puis bye bye (un peu forcé tout de même).

Si je raconte ça, c'est que cette fameuse société si chère à mon coeur vient de se planter dans toute la largeur et la longueur au box-office américain. Trois fois. En 3 semaines. Attention, ceci n'est ni du ressentiment, ni une petite vengeance personnelle. Point du tout. Juste une constatation : MARMADUKE (pour les marmots), L'AGENCE TOUS RISQUES et KNIGHT & DAY sont des échecs, du moins des déceptions, et il se pourrait bien que ces échecs, en particulier celui de KNIGHT & DAY, soient à imputer à un service en particulier : le marketing. Celui que je connais le mieux, donc.

Régulièrement, l'échec d'un film au box-office est imputé à sa qualité. Des mauvaises critiques pointent du doigt sa médiocrité et puis, bam, le couperet tombe : personne ne s'est déplacé pour aller voir une (soi-disant) merde. C'est un peu ce qui est arrivé tout récemment à SEX & THE CITY 2. Mais les exemples se comptent par centaines, voire par milliers.

Sauf que, dans le cas de KNIGHT & DAY, ce n'est pas vraiment le cas. Sans être extatiques, rares sont les critiques à avoir descendu le film. La qualité n'est pas réellement en cause. Par contre, tout le monde a pointé du doigt Tom Cruise. Depuis son pétage de plomb en mode saut de canapé chez Oprah et ses vidéos scientologues bien flippantes, il n'est clairement plus la star qu'il fut entre 1986 (TOP GUN) et 2005 (LA GUERRE DES MONDES). Deux décennies pendant lesquelles le simple nom de Tom Cruise sur une affiche assurait au minimum 100 millions de dollars dans les caisses. Ce n'est plus le cas mais Cruise reste une valeur sûre. Le succès de WALKYRIE en est la preuve. Attribuer l'échec de KNIGHT & DAY à la seule présence de Tom Cruise en haut de l'affiche serait donc simpliste et une erreur. D'autant qu'il y est accompagné de Cameron Diaz, réputée la star féminine la plus "bankable" du monde. Ca pourrait/devrait faire contre-poids dans le cas où il y aurait un doute sur Cruise.

Reste qu'avec seulement 45 millions de dollars de recettes en trois semaines, clairement KNIGHT & DAY n'a pas trouvé son public. Pour un film dont la production a coûté la bagatelle de 117 millions de dollars et sûrement à peu près autant en marketing, c'est dommage ! J'ai donc décidé de ressortir mon attirail de marketeur ciné pour une petite analyse des raisons potentielles de l'échec de KNIGHT & DAY...

A toute fin utile, je précise que je n'ai pas vu le film et que je n'analyse ici que la sortie US.


1/ LE TITRE
En mars 2009, lorsque le projet du film fut annoncé dans sa version définitive (James Mangold + Tom Cruise + Cameron Diaz), il devait s'intituler WICHITA, un titre bien étrange et pour le moins abstrait rapport à une petite ville du Kansas. Un titre qui aurait pu être parfait pour un western, qui aurait pu passer pour un film indépendant sur la vie quotidienne des habitants de la ville ou même sur un film noir "à la frères Coen" mais absolument pas pour un film d'espionnage à forte dose d'action se déroulant, qui plus est, dans le monde entier. Tom Rothman, Co-président des studios Fox et, par ailleurs, un des hommes les plus détestés des geeks cinéphiles, décida donc de changer le titre, en octobre 2009, pour KNIGHT & DAY soit un titre tout aussi énigmatique qui fait d'abord penser à un film de chevaliers, avant de faire penser à un film d'action. Premier raté. Car un bon titre, c'est primordial. Un titre énigmatique peut être une bonne chose à la seule condition que votre film le soit aussi (voyez INCEPTION cet été, par exemple). Dans le cas d'un film d'action relativement basique, ce qu'il vous faut, c'est des titres comme MISSION IMPOSSIBLE ou DIE HARD et donc dire d'emblée au futur spectateur de quoi il en retourne - quitte à paraître simpliste. Il faut utiliser le nom du personnage, son surnom ou, à défaut, un vocabulaire directement tiré du lexique de l'espionnage ou de l'action.


2/ LA (ou plutôt LES) BANDE-ANNONCE
La première bande-annonce de KNIGHT & DAY est apparue sur les grands écrans américains en décembre 2009 pour correspondre à la sortie d'AVATAR, également un film Fox. Le film a donc logiquement profité, pour son lancement, du plus gros succès commercial de ces dix dernières années. Autant dire que beaucoup de monde, vraiment beaucoup de monde, a vu la bande annonce de KNIGHT & DAY près de six mois avant sa sortie. Pour susciter un premier intérêt, créer de "l'awareness", difficile de rêver mieux ! Sauf que cette fameuse bande-annonce ne disait rien, malgré ses 2'30''. Des scènes d'action grandiloquentes sur fond de Muse, des stars qui cabotinent, voilà ce qu'elle montrait. Ça peut paraître beaucoup mais, après 2'30'' d'explosions, de courses-poursuites, de cascades et de punchlines à gogo, on ne savait toujours pas ce qu'était censé raconté le film. Ce genre de bande-annonce marche parfaitement sur des franchises, des trucs adaptés de comic-books, livres ou jeux vidéos, mais absolument pas sur des films d'action tout neufs - à moins, toujours, que le film ne repose justement sur le mystère. C'est toujours pareil : il faut mâcher le travail au spectateur qui va voir ce genre de films pour se divertir avant tout.
Puis, finalement, la Fox s'est rendu compte de son erreur en constatant que l'intérêt sur le film ne grandissait absolument pas au fur et à mesure que les semaines passaient. La solution trouvée fut donc de balancer autant de montages différents de la même bande-annonce jusqu'à ce moment tant espéré où l'intérêt remonterait (un peu). Résultat : lorsque vous tapez "KNIGHT & DAY TRAILER" dans YouTube, vous vous retrouvez avec une bonne dizaine de bandes-annonces différentes, une (j'avoue la plus efficace) faisant même près de 3'00'' ce qui, avouons-le, est à la bande-annonce ce que Rocco Sifredi est aux bites ! Mais surtout, vous vous retrouvez avec des spectateurs potentiels complètement paumés, bien incapable de dire de quoi parle le film. Comment voulez-vous qu'ils se déplacent après ça ?


3/ L'AFFICHE
L'affiche de KNIGHT & DAY est apparue pour la première fois sur Internet et dans les salles de cinéma au même moment que la première bande-annonce dont je parlais plus haut. Fin décembre 2009. Le nom des stars y apparaît en gros. Normal. Le titre aussi. Toujours aussi normal. Et puis il y a ces personnages "armés" en ombre chinoise sur fond de tâches de peinture censés symbolisés une explosion. Une affiche des plus élégantes très inspirée de Saul Bass, graphiste star des années 50-60 qui a beaucoup travaillé pour Hitchcock (PSYCHOSE, SUEURS FROIDES, LA MORT AUX TROUSSES...) ou Otto Preminger (L'HOMME AU BRAS D'OR, AUTOPSIE D'UN MEURTRE...). Très en vogue en ce moment, il a inspiré les affiches des récents (et indépendants) BURN AFTER READING ou PRECIOUS. Facile donc de comprendre que les pontes du marketing chez Fox ont tenté de positionner KNIGHT & DAY comme un film d'action "haut de gamme" et "adulte". Un peu comme une version contemporaine de LA MORT AUX TROUSSES. Mais si cette affiche était plutôt jolie, elle était aussi plutôt abstraite. ENCORE. Compte tenu du fait que le film avait encore plus de six mois devant lui, on pouvait toutefois légitimement se dire que ce n'était qu'une affiche teaser, juste pour attiser la curiosité. Et puis non. Encore aujourd'hui, c'est toujours cette affiche qui illustre le film, de sa fiche IMDB aux panneaux publicitaires. Là encore, vous vous dites que l'abstraction, c'est beau. Rendre hommage à Saul Bass avec une affiche sobre et classe, c'est très noble. C'est vrai. C'est aussi suicidaire. Désolé d'être brutal, de heurter les petites natures cinéphiles mais, quand la moitié de votre budget est passée dans les salaires de stars comme Tom Cruise et Cameron Diaz, vous montrez leurs gueules. ET EN GROS. Regardez par exemple les posters des films avec Tom Cruise à son apogée : de LA FIRME à NE UN 4 JUILLET en passant par JERRY MAGUIRE, VANILLA SKY ou LE DERNIER SAMOURAÏ, sa gueule prend les 3/4 de la superficie du poster. J'ai déjà écrit à de nombreuses reprises que l'ère des stars étaient bel et bien terminée, remplacée par l'ère des franchises, que les stars n'exerçaient plus le même pouvoir sur les spectateurs qu'il y a 10 ou 15 ans mais le fait est là : dans le cas de KNIGHT & DAY, ça reste le premier argument de vente. Le film ne fait pas partie d'une franchise, n'est adapté de rien, n'a pas des effets spéciaux à couper le souffle, n'a pas un réalisateur de catégorie A (Cameron, Spielberg...), n'a pas une histoire des plus originales et n'a aucun traitement visuel des plus révolutionnaire. Il n'a de vraiment différenciant que ses deux stars. Tenter de se différencier en faisant croire à une sorte de MR & MRS SMITH plus élégant ou de KISS & KILL (sorti une semaine plus tôt) plus adulte, ça ne peut absolument pas marcher. Encore une fois, pour l'été, le basique, c'est le mieux !


4/ LA DATE DE SORTIE
Quand votre film a coûté plus de 100 millions de dollars à faire, l'été se révèle rapidement la meilleure période pour sortir. Les ados et les enfants, les plus gros consommateurs de films au cinéma, sont en vacances et donc 100% disponibles pour se déplacer de nombreuses fois en salles. Et avec deux à trois mois devant vous, il y a, à priori, assez places pour tout le monde, sachant que, dans une année, les films aussi chers ne sont pas légion. Mais y-a-t'il assez places pour un film à 100 millions de dollars que l'on aurait destiné aux adultes ? Un film d'action "haut de gamme et adulte" a-t-il sa place, au beau milieu de l'été, coincé entre TWILIGHT 3 et TOY STORY 3 ? Et surtout, y a-t-il assez de place pour un film "haut de gamme et adulte" qui, sans être mauvais, n'est pas d'une qualité indéniable ? Car si l'ado se fout pas mal de savoir ce qu'à penser le New York Times de la troisième romance émo-vampirique à la mode, le quadragénaire (qui a autre chose à faire l'été), lui, ne s'en fout pas. Vraiment pas du tout. Et donc, si vous comptez ouvrir en plein été un "film pour adultes", même un film d'action, il vaut mieux vous assurer que le film soit bon, très bon. Si ça ne devait pas être le cas, vous n'auriez alors que vos yeux pour pleurer, ni les adultes (plus occupé à autre chose), ni les ados (plus occupé avec TWILIGHT) ne s'étant déplacés. Dans le cas de KNIGHT & DAY, la date parfaite aurait été, il me semble, février-mars, une période venant juste après un mois de vache maigre essentiellement trusté par les comédies et les films d'horreur bas de gamme. Avec son gros budget et ses stars, le film aurait détonné comme d'autres avant lui, de SHUTTER ISLAND à HANNIBAL en passant par WATCHMEN ou 300.


Alors tout ça est évidemment plus facile à écrire à postériori, une fois que le film est sorti, qu'il y a 10 ou 12 mois, lorsque la Fox a commencé à réfléchir sur sa stratégie marketing pour le film. C'est vrai. C'est vrai aussi que le service marketing est constamment en première ligne quand il s'agit de designer les responsabilités (je suis bien placé pour le savoir...). Celles-là devraient également en effet être largement partagées avec ceux qui donnent le feu vert à la production, ceux qui massacrent les films sur la table de montage ou ceux qui imposent des choix artistiques quand leur job est avant tout de gérer des budgets... C'est vrai également que le marketing du cinéma a beau être rationalisé à l'extrême, il se révèle souvent être, au final, une simple partie de poker, un partie de cartes dans laquelle votre talent et la qualité de vos cartes seront primordiaux mais qui, sans un peu de chance, ne vous mènera pas très loin... Tout ça est très vrai !

Mais tout ce que j'explique plus haut reste du bon sens, non ?


02 juillet 2010

Higher Than the Stars

Il fait beau. Il fait chaud. Et les chaînes de télé et les radios du grand capitalisme français ont déjà commencé à vous asperger les oreilles à coup de karcher de leurs tubes de l'été. Alors, moi, j'ai décidé de vous inonder les oreilles du mien, de mon tube de l'été. Bon, c'est pas vraiment un tube parce qu'il n'y a que moi. Mais si on s'y met tous, cette incroyable chanson pop de The Pains of Being Pure at Heart pourrait le devenir...

Allez ! Avec cette chanson, ce n'est pas un karcher qui vous atomisera les tympans, c'est Natalie Portman (ou tout autre fantasme que vous pourriez avoir) qui vous léchera délicatement le lobe de l'oreille tout l'été...




01 juillet 2010

Quand Will Ferrell pénètre Michael Youn

Quand vous rencontrez quelqu'un qui partage avec vous l'amour de la comédie américaine, et en particulier sa version contemporaine, celle de Will Ferrell, Judd Apatow, Adam Sandler ou Tina Fey, il y a une question qui pointe inévitablement le bout de son nez dans la conversation. Cette "nouvelle" comédie, cet humour américain est-il transposable en France ? Et si oui, y-a-t'il des films français qui correspondent aux critères de cet humour ?

Des années 80 au début des années 90, l'humour à la mode était celui d'auteurs comme les ZAZ (Zucker/Abrahams/Zucker) qui reposait essentiellement sur un humour parodique, absurde et pipi-caca. C'était par exemple des films comme TOP SECRET, HAMBURGER FILM SANDWICH ou la trilogie des "Y A-T-IL UN FLIC". Et avec quelques années de décalage, cet humour s'est exporté dans nos contrées... avec Les Nuls. De leur émission, directement inspirée du Saturday Night Live à leur "unique" film (LA CITE DE LA PEUR en 1992), Chabat, Farrugia et Lauby se sont imposés - sans trop de mal - comme les héritiers français de Dan Akroyd, Bill Murray et John Belushi. Dans leur façon de faire rire, tout respirait l'humour de leurs collègues (et inspirations) américaines. Ils ne s'en sont jamais cachés.

Ce dont ne se cache pas non plus une certaine "nouvelle génération" de comiques français. Ils le répètent à longueur d'interviews. Ils aiment et aspirent à écrire/réaliser EN FRANCE des comédies "à la Apatow" ou "à la Ferrell". Ils le veulent leur 40 ANS TOUJOURS PUCEAU. Leur RON BURGUNDY. Ils le veulent. A une différence prêt avec leurs aînés des Nuls. Là où les parodies "à la ZAZ" comme Y A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LE PRESIDENT? ont toujours plutôt bien marché en France, ça n'a jamais été le cas des films de Will Ferrell. Jamais. Pour plein de raisons dont j'ai déjà parlé ici.

Il y a d'abord cette façon de parler de sujets purement américains. Les présentateurs télé des années 70 avec RON BURGUNDY. Les championnats de Nascar avec RICKY BOBBY. Les confréries universitaires avec OLD SCHOOL. Le Basket des années 70 avec SEMI-PRO. Autant de sujets qui, blindés à ras bord de références pop souvent incompréhensibles pour la vaste majorité, laissent de marbres la plupart de mes chers compatriotes (mais heureusement pas mes chers lecteurs et lectrices d'amour). Il y a également cette débilité assumée au second (voire au troisième) degré qui passe mal au pays de René Descartes - alors que celle assumée au premier degré passe plutôt bien (voir le succès de VERY BAD TRIP).

Bref, la comédie française, quand elle n'est pas aussi fade, sans imagination et bien pensante qu'une sous-comédie romantique/familiale hollywoodienne (voir les films de Dany Boon et Gad Elmaleh), continue le plus souvent d'emprunter à l'héritage des Nuls avec un humour très parodique et absurde. Ce sont les inégaux mais parfois très réussis films de Kad & Olivier (UN TICKET POUR L'ESPACE) ou de Eric & Ramzy (SEULS TWO). Les deux OSS117 relèvent aussi de cet héritage. C'est ça qui fait rire les Français (de bon goût) au cinéma.

Et il y a Michael Youn. Dire qu'il est mal-aimé est presque un euphémisme - symbole qu'il serait d'un nivellement par le bas de la comédie. Bah oui, chez Michael Youn, ça pète, ça pue, ça vomit et ça fait mal. Quand il débarque dans le PAF en septembre 2000, ça ne ressemble d'ailleurs à rien. C'est du grand n'importe quoi qui emprunte à plein de choses : l'esprit "sale gosse pipi-caca" des Nuls et de DeCaunes/Garcia est transposé dans la réalité crue (le fameux mégaphone et les fesses à l'air) et la provocation gratuite est élevée au rang de mode de vie (Les 10 COMMANDEMENTS et tout ça). Et puis il y a les quelques films "de fiction" (quatre en dix ans) jamais vraiment réussis voire carrément mauvais qui, même s'ils ne sont pas écrits ou réalisés par Youn, portent son empreinte - même si elle n'est que médiatique.

Car ces mauvais films, de LA BEUZE à IZNOGOUD en passant par INCONTRÔLABLE et COURSIER, ne sont ni écrits, ni produits, ni réalisés par Youn. Il en est juste l'acteur. La seule chose qu'on peut donc lui reprocher, c'est d'avoir accepter de jouer dedans. Ce n'est pas rien mais je vous rappelle juste que Gad Elmaleh a co-écrit CHOUCHOU et a co-écrit et réalisé COCO ! Ça, c'est vraiment grave... Mais assez de haine comme ça.

Conscient de cette faiblesse et sûrement lassé d'être assimilé à un bouffon à la solde du grand capital cinématographique français, Michael Youn s'est donc lancé dans l'écriture et la réalisation de son premier film : FATAL. Pression. En tous les cas, moi, j'en aurais eu. Beaucoup. Car en reprenant un de ses personnages fétiches pour son premier film, il s'exposait énormément. D'abord de faire du "Michael Youn", les blagues habituelles, déjà vues, entendues milles fois à longueur de clips et d'émissions de télé. Ensuite de faire un long sketch laborieux d'1H30. Après tout, c'est arrivé au meilleur d'entre tous, de Mike Myers (WAYNE'S WORLD) à Dan Akroyd (CONEHEAD) qui se sont plus ou moins plantés en reprenant leurs personnages fétiches du SNL. Enfin de ne pas faire rire. C'est con à dire mais une comédie réussie reste le truc le plus dur à faire au cinéma. Ça ne s'improvise pas.

Il est devenu assez évident depuis quelques années que Youn était énormément influencé par le "nouvel humour américain" et en particulier celui de Will Ferrell. Si les deux ne se ressemblent pas du tout physiquement, tous les deux ont depuis longtemps fait de leur corps des machines humoristiques. Michael Youn en se mettant à poil dans la rue avec son mégaphone ou en se transformant régulièrement en bite géante. Will Ferrell en jouant sur son look de géant ahuri et exposant à longueur de sketchs ses bourrelets et son torse poilu. Et tous les deux, grâce à ce corps, se sont créés des personnages emblématiques en élevant leurs bêtises au rang d'art. Ron Burgundy ou Ricky Bobby pour Ferrell. Alphonse Brown ou Fatal Bazooka pour Youn. Et bien, cette influence se confirme avec FATAL.

Pour la première fois dans l'histoire récente de notre comédie nationale, quelqu'un a en effet réussi à faire un film qui peut légitimement se réclamer de Will Ferrell. Je sais d'avance que beaucoup ne seront pas d'accord mais j'assume. A fond. Je les ai tous vus les films de Will Ferrell. Ce mec, je le connais par coeur. Des étoiles dans les yeux, je l'ai fait découvrir à des dizaines de personnes il y a presque 10 ans, à l'époque où il explosait dans le SNL avec les Roxbury Brothers et jouait des seconds rôles comme Mustafa dans AUSTIN POWERS 2, Mugatu dans ZOOLANDER ou Willenholly dans JAY & BOB CONTRE-ATTAQUENT. Ce mec, je l'aime comme on aime un vieux pote qui vous tire des larmes de rire à chaque fois que vous le voyez.

Alors en pleurant aux larmes devant certaines scènes de FATAL, j'ai compris que la France avait peut-être enfin trouvé son Will Ferrell à elle.

D'abord parce que FATAL est une PURE comédie. J'entends par là que le film ne s'embarrasse pas de moral ou d'éléments dramatiques typiques de la comédie familiale hollywoodienne et d'une certaine comédie française soucieuse de plaire à toute la famille (le plus souvent avec Dubosc, Elmaleh et Boon dans les rôles principaux). Comme les films du duo McKay/Ferrell, d'un bout à l'autre, FATAL n'est que déconne, gags et vannes, ne laissant aucune place au sérieux.

Ensuite parce que FATAL retient les leçons du duo américain quand il s'agit de dresser le portrait de personnages "bigger than life" : mieux vaut trop que pas assez. Quand vous traitez quelqu'un d'aussi fou que Fatal Bazooka, un rappeur de Haute-Savoie milliardaire (!), il s'agit justement d'être "plus grand que la vie", d'aller aussi loin que votre imagination vous amène, de pousser les scènes à leur paroxysme comique, sans jamais avoir peur d'en faire trop. C'est la méthode Ferrell avec ses personnages d'Elfe géant et bêta (ELFE), de présentateur télé ultra-machiste (RON BURGUNDY), de pilote de NASCAR égocentrique (RICKY BOBBY) ou de quadragénaire bloqué en enfance (STEP BROTHERS). Il va au bout. Il n'y a pas de limite. Et c'est ce que fait Michael Youn avec FATAL. Il a beau se défendre dans les interviews d'avoir fait un film "tous publics", ce n'est pas le cas. Certes il a du clairement se limiter sur certaines choses mais le fait est là : les quelques parents venus avec leurs jeunes enfants n'ont pas passés la première demi-heure et des hordes de marmos pré-pubères ont été sortis illico de la salle après une scène de sex-tape matée sur écran géant ! Et je n'insiste pas sur la scène de léchage de moule et de sucage de saucisse...

Aussi parce que FATAL n'oublie jamais ses seconds rôles. Comme dans toute bonne production Apatow, ils sont presque plus importants et développés que le rôle principal, notamment le garde du corps incarné par Jérôme Le Banner ou le chanteur electro-pop bio de Stéphane Rousseau. Parfaitement écrits et joués, ils sont absolument jubilatoires dès qu'ils ouvrent la bouche. Voir de tels personnages dans la comédie française d'aujourd'hui, c'est donc réjouissant...et rassurant.

Egalement parce que FATAL est, tout en étant trash, sale gosse et tape-à-l'oeil, d'une tendresse infinie pour ses personnages. Tous ses personnages. Même ceux censés représentés les méchants. Ça peut sembler con à dire mais, en France, on a du mal à "aimer" ses personnages, à rendre ses personnages vraiment attachants. C'est la maladie du drame "à la Française", celui de Desplechin en particulier, qui a tendance à contaminer la comédie. Par peur d'apparaître faible ou neuneu, les auteurs nationaux ont le plus souvent tendance à rendre, à un moment ou à un autre, leurs personnages antipathiques. Les sales cons ont toujours eu un peu de notre faveur. Aussi drôle soit-il, voyez OSS117 par exemple ! Et cette tendresse, c'est le coeur de l'oeuvre de Judd Apatow, Will Ferrell et les autres : ils créent des personnages repoussants, misogynes, grossiers, insupportables mais les regardent avec affection et bienveillance. C'est la BASE même de l'humour américain de ces dix dernières années. C'est ce qui permet de ne jamais tomber dans la vulgarité crasse malgré les blagues sur le vomi et la pédophilie. Et c'est ce que fait Michael Youn avec FATAL...

Enfin parce que FATAL est drôle ce qui, malgré tout ce que j'ai écrit précédemment, n'était pas nécessairement évident. Je concède ici que c'est très subjectif. Après tout, compte tenu du box-office français des films de Ferrell, beaucoup ne trouve pas Will Ferrell drôle. Je ne le comprends pas mais je veux bien l'entendre. Alors je veux bien entendre également que les vannes et gags de la bande-annonce de FATAL en laissent beaucoup sur le côté de la route. A tous ceux-là, je n'aurais qu'un seul conseil : allez vous faire votre propre opinion !

Quant aux autres, à ceux qui connaissent et apprécient l'humour de Ferrell et des autres, qui comprennent que la régression d'une vanne bête et méchante sur le vomi n'est pas réservée uniquement aux QI zéro et qu'elle peut s'avérer aussi fine qu'une réplique d'un Woody Allen inspiré, à ceux-là, je les invite à aller voir FATAL si ce n'est pas déjà faits. Vous pourriez enfin découvrir (par vous-mêmes) que la France, par l'intermédiaire de Michael Youn, s'est enfin faite pénétrer bien profond par Will Ferrell. Et, contrairement à ce qu'en dit la pseudo intelligentsia française (qui préfère clairement enfiler que le contraire), c'est plutôt très agréable ! A bon entendeur...