Je l'ai déjà dit un milliard de fois mais le Hip Hop, c'est mon truc. Le truc de mon adolescence qui n'a été consacré qu'à ça. Le truc de ma vie d'adulte qui s'y consacre à mi-temps. Mais le Hip Hop en Français, par contre, ça ne m'a jamais fait vraiment explosé le cerveau (ou presque). Mais pas besoin de faire une psychanalyse pour savoir pourquoi.
D'abord parce que mon amour pour la rap n'a rien à voir avec une quelconque rébellion. Je n'ai manqué de rien. Je n'ai jamais été victime de discrimination. J'ai aucune raison d'avoir du ressentiment pour qui ou quoi que ce soit. Donc, Joey Starr et Kool Shen pouvaient s'énerver autant qu'ils le voulaient, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Ça ne me touchait pas. Ça ne me disait pas grand chose. Ayant toujours eu un côté plus "terroir", "artisanal" et "contestataire", le rap camembert ne m'a jamais touché comme beaucoup de groupes de rap hamburger ont pu le faire très tôt (de De La Soul au Wu-Tang Clan en passant par Outkast).
Par contre, tout ce qu'il y avait autour me fascinait : la musique, le graf, la danse, les fringues, la possibilité de dire ce qu'on veut, comme on veut et quand on veut (le Hip Hop ne serait-il pas l'ancêtre du web 2.0 ?). Par exemple, dans PUBLIC ENEMY, le truc qui m'attirait le plus, outre la musique bien évidemment excellente, c'était le look de Flavor Flav, le côté sulfureux, le logo ou tout l'apparat qui allait avec. Contrairement aux Français, les Américains ont toujours su emballer leurs produits culturels d'un emballage pop. C'est ce qu'il s'est passé avec le gangsta rap au début des années 90. Snoop et Dre n'étaient pas les premiers à traiter les filles de "biatch", à parler de fusillades ou de la vie quotidienne dans les ghettos ensoleillés etc. Ils ont juste été les premiers à rendre ça pop, à faire entrer ce "mode de vie" dans la culture populaire. Ils ont rendu ça cinématographique. Vu d'ailleurs, le gangsta rap version "Death Row" avait quelque chose de surréel, de "bigger than life" et forcément de très provocateur.
Et la provocation reste le grand moteur de la pop culture : Jacko, La Madonne, Britney, Lady G., tous passent par là. Même des groupes précédemment cités, plus "fun", étaient des provocateurs à leur niveau, que ce soit avec leur musique à contre-courant (De La Soul) ou leur look vestimentaire (Andre 3000 d'Outkast). Bref, le rap américain, contrairement au rap français, c'est de la pop (et pas forcément au sens musical du terme) et c'est ce que j'aime avant tout.
Ces dernières années, le rap français s'est bien essayé à sortir de son image "musique contestataire" un peu rustre en créant les Booba et consorts. Mais elles ne restent que des créatures aussi absurdes et pathétiques qu'une Emma Daumas singeant Avril Lavigne ou une Lorie contrefaisant Britney. Personne n'est dupe. A une autre époque, les yéyés allaient chercher les tubes yankee pour les adapter en Français. Ça marchait le temps qu'il fallait mais ça n'en a fait rentrer aucun dans les annales pop "made in France" - à la différence de ceux qui ont inventé leur propre langage (Polnareff, Hardy, Dutronc...). En clair, Booba est à 2Pac ce que Dick Rivers est à Elvis. Une caricature.
Mais certains rappeurs français ont su trouver grâce à mon coeur - à défaut de sonner pop. Tout simplement parce qu'ils ont su combiner un savoir-faire devant la feuille blanche et derrière le micro. Un savoir-faire purement artisanal mais qui reste la marque absolue du "divertissement/art à la française". Que voulez-vous ? C'est ça l'exception culturelle. En France, trouver l'équilibre entre marketing de l'image et crédibilité artistique a toujours été un challenge impossible. Très rares sont ceux et celles qui y sont parvenus. A vrai dire, je ne vois que Serge Gainsbourg.
En ce qui me concerne, lorsque je "juge" un rappeur français, c'est donc vers le talent brut que je me tourne. L'image, l'impact pop-culturel, qui me fascine tant chez les Américains, j'essaye d'en faire abstraction quand il s'agit de rap en français. Vaut mieux. Et de ce point de vue, il faut bien avouer que je me dois de ressortir mon fameux couplet "c'était mieux avant". Rappelez-vous, c'était déjà ici.
En premier, MC SOLAAR évidemment - en tous les cas, sur ses deux premiers albums qui restent des modèles de sophistication musicale et d'écriture. Et puis il y a aussi ses poulains des SAGES POÈTES DE LA RUE dont le premier album "Qu'est-ce qui fait marcher les sages" en 1995 est sûrement la galette de rap en français (quoi qu'en fait, c'était plus une K7) que j'ai le plus écouté dans les années 90 ! Zoxea, Dany Dan et Melopheelo étaient cultivés, avaient des mots plein de sens, des rimes pleines de poésie, des sons punchy et plein de soul. Des qualités et un vrai talent BRUT qu'on retrouvait aussi chez LA CLIQUA, le "Wu-Tang français", l'agrégation des tous meilleurs techniciens de la rime dans la langue de Voltaire. Daddy Lord C, Rocca ou Raphael, autant de MC brillants dont la seule ambition n'a jamais été que de balancer leur amour du mic et magnifier le flow - très loin des expressions abscons, du verbe faible et des rimes cheap du rap français actuel, inculte, hypocrite et tape-à-l'oeil.
Mais tout ça remonte à près de 15 ans. Entre temps, pas grand chose. Rien n'a fait tilt à mes oreilles. Et puis voilà que Facebook s'en mêle. Je n'avais pas eu de contact avec celui avec qui je partageais cet amour du Hip-Hop back in '95 depuis plus de 10 ans. Mais les réseaux sociaux 2.0 sont à ce point formidables qu'ils m'ont permis de découvrir qu'il avait poursuivi une oeuvre entreprise bien des années auparavant. Une oeuvre "de jeunesse" que, faute de talent, j'avais moi-même abandonné depuis longtemps. Oui. A 16-17 ans, je faisais parti d'un groupe/duo de rap. Révélation. Ça a duré 2 ans, le temps que je m'aperçoive que j'étais bien trop timide pour ça et qu'il n'y avait qu'une seule chose qui me plaisait là-dedans, à savoir l'écriture de texte. Et le rap n'est pas la variet' : le MC doit écrire son texte lui-même. C'est la règle.
Mon ami Landry aka Freez a donc persévéré. Mais, lui, le talent, il l'avait et il l'a toujours. Je l'ai toujours pensé. Après un premier maxi 3 titres, il est donc présent avec son compère Emoaine, sous le blase STAMINA, sur la compilation APPELLE-MOI MC. Alerté via Facebook, donc, j'ai fait un truc que je n'avais pas fait depuis de très nombreuses années : acheter un disque physique. C'était la moindre des choses. Plus que cet acte que je croyais un peu oublié, ça m'a surtout permis de replonger mes oreilles dans un monde que je croyais disparu depuis une bonne décennie, un monde de MC vaillants, proche de l'underground, loin de tout ce qui a fait le Hip-Hop français ces dernières années.
Certes, cette compilation ne révolutionne rien. Certes il y a beaucoup trop de morceaux pour assurer une vraie cohérence à l'ensemble. Certes il y a des MC qui auraient du s'entraîner un peu plus avant de franchir le pas sur disque. Certes. Mais l'esprit combattant est là. L'amour du Hip Hop aussi. Bref, la formule a beau dater, c'est frais. Très frais. Et en plus, regardez-moi cette pochette ! C'est magnifique. Une vraie pochette "pop". On dirait une version "Gare du Nord/Stalingrad" de la pochette du "Ready To Die" de Biggie Smalls ou du "Illmatic" de Nas.
Donc, tout ça pour dire que ces derniers mois, je retrouve un certain goût à la rime en Français. On verra bien si ça continuera... A vous de jouer les gars ! Ça ne dépend que de vous !
D'abord parce que mon amour pour la rap n'a rien à voir avec une quelconque rébellion. Je n'ai manqué de rien. Je n'ai jamais été victime de discrimination. J'ai aucune raison d'avoir du ressentiment pour qui ou quoi que ce soit. Donc, Joey Starr et Kool Shen pouvaient s'énerver autant qu'ils le voulaient, ça ne me faisait ni chaud ni froid. Ça ne me touchait pas. Ça ne me disait pas grand chose. Ayant toujours eu un côté plus "terroir", "artisanal" et "contestataire", le rap camembert ne m'a jamais touché comme beaucoup de groupes de rap hamburger ont pu le faire très tôt (de De La Soul au Wu-Tang Clan en passant par Outkast).
Par contre, tout ce qu'il y avait autour me fascinait : la musique, le graf, la danse, les fringues, la possibilité de dire ce qu'on veut, comme on veut et quand on veut (le Hip Hop ne serait-il pas l'ancêtre du web 2.0 ?). Par exemple, dans PUBLIC ENEMY, le truc qui m'attirait le plus, outre la musique bien évidemment excellente, c'était le look de Flavor Flav, le côté sulfureux, le logo ou tout l'apparat qui allait avec. Contrairement aux Français, les Américains ont toujours su emballer leurs produits culturels d'un emballage pop. C'est ce qu'il s'est passé avec le gangsta rap au début des années 90. Snoop et Dre n'étaient pas les premiers à traiter les filles de "biatch", à parler de fusillades ou de la vie quotidienne dans les ghettos ensoleillés etc. Ils ont juste été les premiers à rendre ça pop, à faire entrer ce "mode de vie" dans la culture populaire. Ils ont rendu ça cinématographique. Vu d'ailleurs, le gangsta rap version "Death Row" avait quelque chose de surréel, de "bigger than life" et forcément de très provocateur.
Et la provocation reste le grand moteur de la pop culture : Jacko, La Madonne, Britney, Lady G., tous passent par là. Même des groupes précédemment cités, plus "fun", étaient des provocateurs à leur niveau, que ce soit avec leur musique à contre-courant (De La Soul) ou leur look vestimentaire (Andre 3000 d'Outkast). Bref, le rap américain, contrairement au rap français, c'est de la pop (et pas forcément au sens musical du terme) et c'est ce que j'aime avant tout.
Ces dernières années, le rap français s'est bien essayé à sortir de son image "musique contestataire" un peu rustre en créant les Booba et consorts. Mais elles ne restent que des créatures aussi absurdes et pathétiques qu'une Emma Daumas singeant Avril Lavigne ou une Lorie contrefaisant Britney. Personne n'est dupe. A une autre époque, les yéyés allaient chercher les tubes yankee pour les adapter en Français. Ça marchait le temps qu'il fallait mais ça n'en a fait rentrer aucun dans les annales pop "made in France" - à la différence de ceux qui ont inventé leur propre langage (Polnareff, Hardy, Dutronc...). En clair, Booba est à 2Pac ce que Dick Rivers est à Elvis. Une caricature.
Mais certains rappeurs français ont su trouver grâce à mon coeur - à défaut de sonner pop. Tout simplement parce qu'ils ont su combiner un savoir-faire devant la feuille blanche et derrière le micro. Un savoir-faire purement artisanal mais qui reste la marque absolue du "divertissement/art à la française". Que voulez-vous ? C'est ça l'exception culturelle. En France, trouver l'équilibre entre marketing de l'image et crédibilité artistique a toujours été un challenge impossible. Très rares sont ceux et celles qui y sont parvenus. A vrai dire, je ne vois que Serge Gainsbourg.
En ce qui me concerne, lorsque je "juge" un rappeur français, c'est donc vers le talent brut que je me tourne. L'image, l'impact pop-culturel, qui me fascine tant chez les Américains, j'essaye d'en faire abstraction quand il s'agit de rap en français. Vaut mieux. Et de ce point de vue, il faut bien avouer que je me dois de ressortir mon fameux couplet "c'était mieux avant". Rappelez-vous, c'était déjà ici.
En premier, MC SOLAAR évidemment - en tous les cas, sur ses deux premiers albums qui restent des modèles de sophistication musicale et d'écriture. Et puis il y a aussi ses poulains des SAGES POÈTES DE LA RUE dont le premier album "Qu'est-ce qui fait marcher les sages" en 1995 est sûrement la galette de rap en français (quoi qu'en fait, c'était plus une K7) que j'ai le plus écouté dans les années 90 ! Zoxea, Dany Dan et Melopheelo étaient cultivés, avaient des mots plein de sens, des rimes pleines de poésie, des sons punchy et plein de soul. Des qualités et un vrai talent BRUT qu'on retrouvait aussi chez LA CLIQUA, le "Wu-Tang français", l'agrégation des tous meilleurs techniciens de la rime dans la langue de Voltaire. Daddy Lord C, Rocca ou Raphael, autant de MC brillants dont la seule ambition n'a jamais été que de balancer leur amour du mic et magnifier le flow - très loin des expressions abscons, du verbe faible et des rimes cheap du rap français actuel, inculte, hypocrite et tape-à-l'oeil.
Mais tout ça remonte à près de 15 ans. Entre temps, pas grand chose. Rien n'a fait tilt à mes oreilles. Et puis voilà que Facebook s'en mêle. Je n'avais pas eu de contact avec celui avec qui je partageais cet amour du Hip-Hop back in '95 depuis plus de 10 ans. Mais les réseaux sociaux 2.0 sont à ce point formidables qu'ils m'ont permis de découvrir qu'il avait poursuivi une oeuvre entreprise bien des années auparavant. Une oeuvre "de jeunesse" que, faute de talent, j'avais moi-même abandonné depuis longtemps. Oui. A 16-17 ans, je faisais parti d'un groupe/duo de rap. Révélation. Ça a duré 2 ans, le temps que je m'aperçoive que j'étais bien trop timide pour ça et qu'il n'y avait qu'une seule chose qui me plaisait là-dedans, à savoir l'écriture de texte. Et le rap n'est pas la variet' : le MC doit écrire son texte lui-même. C'est la règle.
Mon ami Landry aka Freez a donc persévéré. Mais, lui, le talent, il l'avait et il l'a toujours. Je l'ai toujours pensé. Après un premier maxi 3 titres, il est donc présent avec son compère Emoaine, sous le blase STAMINA, sur la compilation APPELLE-MOI MC. Alerté via Facebook, donc, j'ai fait un truc que je n'avais pas fait depuis de très nombreuses années : acheter un disque physique. C'était la moindre des choses. Plus que cet acte que je croyais un peu oublié, ça m'a surtout permis de replonger mes oreilles dans un monde que je croyais disparu depuis une bonne décennie, un monde de MC vaillants, proche de l'underground, loin de tout ce qui a fait le Hip-Hop français ces dernières années.
Certes, cette compilation ne révolutionne rien. Certes il y a beaucoup trop de morceaux pour assurer une vraie cohérence à l'ensemble. Certes il y a des MC qui auraient du s'entraîner un peu plus avant de franchir le pas sur disque. Certes. Mais l'esprit combattant est là. L'amour du Hip Hop aussi. Bref, la formule a beau dater, c'est frais. Très frais. Et en plus, regardez-moi cette pochette ! C'est magnifique. Une vraie pochette "pop". On dirait une version "Gare du Nord/Stalingrad" de la pochette du "Ready To Die" de Biggie Smalls ou du "Illmatic" de Nas.
Donc, tout ça pour dire que ces derniers mois, je retrouve un certain goût à la rime en Français. On verra bien si ça continuera... A vous de jouer les gars ! Ça ne dépend que de vous !
LE PIRE C KILL A RAISON!
RépondreSupprimer"Le rap c'était mieux à vendre"
Je pense que tu te trompes sur Booba, tu n'as peut être pas sur apprecier la rime mais tout le monde s'accorde à dire que sur les sons de lunatic il était bon.
RépondreSupprimerJ'avoue que sur les dernières prods c'était pas ça...
http://Wikibooba.blogspot.com
@Bilou : J'avoue que le morceau "le crime paie" de Lunatic était plutôt bon et que je l'ai pas mal écouté à l'époque. Mais depuis... Comment dire ? ;-)
RépondreSupprimerJe remarque que nous avons quelque point en commun toi et moi notamment sur l'attrait qu'on a pu avoir avec la culture Hip Hop.
RépondreSupprimerEn ce qui me concerne, j'ai lâché l'affaire depuis un p'tit moment, déçu de la tournure que cela a prit et là, je parle musicalement parlant. Je n'arrive plus à écouter de rap si ce n'est quelque prod' ici et là, de la fusion aussi comme le rap/électro.
Où j'ai été d'autant plus déçu par la chose c'est que j'étais pas mal à fond dans le Hip Hop français et voir ce qu'il est devenu... Bref, la fin d'une époque. J'avoue me repasser quelques artistes parfois et j'ai un peu honte d'avoir aimé certains d'entre eux.
Sinon, j'étais au dernier concert de Public Enemy sur Paris lors de leur dernière visite et ça donnait bien. J'ai un amour inconsidéré pour ces mecs. J'attends seulement le nouvel album de Rocé. Le seul à mes yeux et à mes oreilles qui est crédible et qui a encore quelque chose à dire. Identité en crescendo était un superbe album. Son 1er était pas mal quoique inégal.