L'année dernière, à peu près à la même période, j'avais fait exploser le compteur de mes stats en publiant un "premier avis à chaud" suite à la première projection française de CLOVERFIELD, le film qui faisait alors saliver la planète geek d'une impatience quasi-irationnelle.
Cette année, c'est au tour de WATCHMEN. Je préviens tout de suite : je n'ai jamais lu le roman graphique "culte" d'Alan Moore dont le film de Zack Snyder (L'ARMEE DES MORTS, 300) est tiré. Je vais donc éviter les formules toutes faites type "c'est très fidèle à l'oeuvre originale" qui émailleront toutes les critiques qui pulluleront dans une semaine, car, à vrai dire, je n'en ai aucune idée...
Ce que je sais toutefois, c'est que l'oeuvre d'Alan Moore - de FROM HELL à LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES (que j'ai lus tous les deux, cette fois) - n'a jamais été bien adaptée au cinéma car trop sombre, trop violente, trop misanthrope, trop complexe d'un point de vue narratif. D'ailleurs, des talents aussi doués que Darren Aronofsky ou Terry Gilliam se sont notoirement cassés les dents sur WATCHMEN.
Justement, "sombre", "misanthrope", "violent" et "narrativement complexe" sont les quatre caractéristiques principales de WATCHMEN (le film, je le rappelle pour la dernière fois !).
Sombre car l'esthétique pop-baroque du chef opérateur Larry Fong (300) et du directeur artistique Alex McDowell (FIGHT CLUB, MINORITY REPORT...) retranscrit à merveille une Amérique qui suinte la paranoïa, qui se désagrège de l'intérieur à force d'être rongée par la peur. Voyez par exemple l'ambiance des meilleurs films d'Abel Ferrara dans les années 80 et 90 (KING OF NEW YORK, BAD LIEUTENANT, CHINA GIRL...)
Violent car ponctué de moments de pures boucheries. Entre les membres d'une petite fille dévorés par deux molosses, des bras découpés à vif à la scie à bois ou une bonne dizaine de corps explosant en lambeaux de chairs sanglantes à souhait, WATCHMEN n'a rien des films de super-héros kid-friendly habituels. Il serait même à déconseiller aux moins de 12 ans - voire de moins de 16 (qui risquent de pas comprendre grand chose à certains enjeux géo-politiques de la guerre froide qui servent de base au film).
Misanthrope car le dédain (voire la haine) pour l'humanité des Watchmen n'est pas juste une façade pour rendre l'ensemble plus "adulte" (Vous savez... Hancock, Tony "Iron Man" Stark et j'en passe). De ce point de vue, Rorschach (Jackie Earle Haley au delà du sublime) et le Dr Manhattan (Billy Crudup) - sûrement quelque part les alter-ego d'Alan Moore - sont deux des personnages les plus intenses et tragiques jamais vus dans une production hollywoodienne d'une aussi grande ampleur : la longue séquence de présentation du Dr Manhattan (sur la musique de Philipp Glass "Koyaanisqatsi") restera sûrement comme le truc le plus beau et le plus bouleversant de l'année...
Cette misanthropie est sans conteste la vraie originalité du film, pour ne pas dire le thème principal. La fin, d'une noirceur et d'un cynisme ABSOLU, est là pour le rappeler à tous ceux qui se seraient laisser avoir par les quelques (et oui, seulement "quelques") scènes d'action qui émaillent le film.
Narrativement complexe, enfin, car pour retranscrire le parcours "émotionnel" de ces super-héros sûrement plus humains que les humains eux-mêmes, Snyder et ses scénaristes torturent le récit avec une intelligence assez rare. Passé, présent et futur se mêlent pendant 2h40 (qui passent très bien!) sans que l'on s'en rende vraiment compte.
Bref, vous l'aurez peut-être déjà compris, WATCHMEN n'est pas un film DE super-héros (Spider-Man, Superman etc. etc.). C'est à peine un film SUR les super-héros (Incassable...). WATCHMEN est un film sur la nature profonde de l'homme, les costumes grotesques et les postures faussement héroïques n'étant là que pour amplifier cette même nature, la rendre encore plus absurde. Alors, on est d'accord ou pas sur la vision plus que pessimiste qui s'en dégage mais il faut absolument saluer le courage de ce film et de ses auteurs - pour tout ce dont j'ai pu parler ci-dessus.
Petite note personnelle pour finir : pour tous ceux qui trouvaient que THE DARK KNIGHT était un film "sombre", vous verrez avec WATCHMEN ce qu'un film "sombre" veut vraiment dire. Parce que, franchement, à côté de WATCHMEN, THE DARK KNIGHT ressemble juste à OUI OUI ET SES AMIS !
Cette année, c'est au tour de WATCHMEN. Je préviens tout de suite : je n'ai jamais lu le roman graphique "culte" d'Alan Moore dont le film de Zack Snyder (L'ARMEE DES MORTS, 300) est tiré. Je vais donc éviter les formules toutes faites type "c'est très fidèle à l'oeuvre originale" qui émailleront toutes les critiques qui pulluleront dans une semaine, car, à vrai dire, je n'en ai aucune idée...
Ce que je sais toutefois, c'est que l'oeuvre d'Alan Moore - de FROM HELL à LA LIGUE DES GENTLEMEN EXTRAORDINAIRES (que j'ai lus tous les deux, cette fois) - n'a jamais été bien adaptée au cinéma car trop sombre, trop violente, trop misanthrope, trop complexe d'un point de vue narratif. D'ailleurs, des talents aussi doués que Darren Aronofsky ou Terry Gilliam se sont notoirement cassés les dents sur WATCHMEN.
Justement, "sombre", "misanthrope", "violent" et "narrativement complexe" sont les quatre caractéristiques principales de WATCHMEN (le film, je le rappelle pour la dernière fois !).
Sombre car l'esthétique pop-baroque du chef opérateur Larry Fong (300) et du directeur artistique Alex McDowell (FIGHT CLUB, MINORITY REPORT...) retranscrit à merveille une Amérique qui suinte la paranoïa, qui se désagrège de l'intérieur à force d'être rongée par la peur. Voyez par exemple l'ambiance des meilleurs films d'Abel Ferrara dans les années 80 et 90 (KING OF NEW YORK, BAD LIEUTENANT, CHINA GIRL...)
Violent car ponctué de moments de pures boucheries. Entre les membres d'une petite fille dévorés par deux molosses, des bras découpés à vif à la scie à bois ou une bonne dizaine de corps explosant en lambeaux de chairs sanglantes à souhait, WATCHMEN n'a rien des films de super-héros kid-friendly habituels. Il serait même à déconseiller aux moins de 12 ans - voire de moins de 16 (qui risquent de pas comprendre grand chose à certains enjeux géo-politiques de la guerre froide qui servent de base au film).
Misanthrope car le dédain (voire la haine) pour l'humanité des Watchmen n'est pas juste une façade pour rendre l'ensemble plus "adulte" (Vous savez... Hancock, Tony "Iron Man" Stark et j'en passe). De ce point de vue, Rorschach (Jackie Earle Haley au delà du sublime) et le Dr Manhattan (Billy Crudup) - sûrement quelque part les alter-ego d'Alan Moore - sont deux des personnages les plus intenses et tragiques jamais vus dans une production hollywoodienne d'une aussi grande ampleur : la longue séquence de présentation du Dr Manhattan (sur la musique de Philipp Glass "Koyaanisqatsi") restera sûrement comme le truc le plus beau et le plus bouleversant de l'année...
Cette misanthropie est sans conteste la vraie originalité du film, pour ne pas dire le thème principal. La fin, d'une noirceur et d'un cynisme ABSOLU, est là pour le rappeler à tous ceux qui se seraient laisser avoir par les quelques (et oui, seulement "quelques") scènes d'action qui émaillent le film.
Narrativement complexe, enfin, car pour retranscrire le parcours "émotionnel" de ces super-héros sûrement plus humains que les humains eux-mêmes, Snyder et ses scénaristes torturent le récit avec une intelligence assez rare. Passé, présent et futur se mêlent pendant 2h40 (qui passent très bien!) sans que l'on s'en rende vraiment compte.
Bref, vous l'aurez peut-être déjà compris, WATCHMEN n'est pas un film DE super-héros (Spider-Man, Superman etc. etc.). C'est à peine un film SUR les super-héros (Incassable...). WATCHMEN est un film sur la nature profonde de l'homme, les costumes grotesques et les postures faussement héroïques n'étant là que pour amplifier cette même nature, la rendre encore plus absurde. Alors, on est d'accord ou pas sur la vision plus que pessimiste qui s'en dégage mais il faut absolument saluer le courage de ce film et de ses auteurs - pour tout ce dont j'ai pu parler ci-dessus.
Petite note personnelle pour finir : pour tous ceux qui trouvaient que THE DARK KNIGHT était un film "sombre", vous verrez avec WATCHMEN ce qu'un film "sombre" veut vraiment dire. Parce que, franchement, à côté de WATCHMEN, THE DARK KNIGHT ressemble juste à OUI OUI ET SES AMIS !